A mon sens l'une des plus belles histoires d'amour de tous les temps!!!!
Une équipe scientifique fait une étonnante découverte dans l'antarctique: il y a un émetteur sous la glace!!!! Et ils tombent sur des vestiges qui datent de 900 000 hommes, époque à laquelle la Terre était censée être inhabitée. Ils découvrent en creusant davantage un oeuf en or dans lequel se trouvent un homme et une femme, cryogénisés. Un débat s'ouvre pour savoir qui il faut réanimer en premier et finalement on opte pour la femme. Quelle erreur
Cette femme s'appelle Eléa et elle raconte ce qui s'est passé il y a 900 000 ans et surtout son amour pour Païkan.
Une histoire d'amour tragique aussi belle que Roméo et Juliette ou Tristan et Iseult....
Barjavel nous fait aussi une satyre de la société de consommation et de la mondialisation (par ex lorsqu'il trouve un oiseau multicolore inconnu parfaitement conservé dans la glace et que le lendemain on le retrouve sous diverses formes - peluches, affiches...- dans tous les pays du monde).
Le narrateur est un médecin de l'expédition - Simon- qui tombe amoureux d'Eléa, et nous la décrit magnifiquement. Qu'est-ce que j'ai pu lire et relire ces passages étant ado!!!!!
Extraits:
"Je suis entré, et je t'ai vue. Et j'ai été saisi aussitôt par l'envie furieuse, mortelle, de chasser, de détruire tous ceux qui, là, derrière moi, derrière la porte, dans la sphère, sur la glace, devant leurs écrans du monde entier, attendaient de savoir et de voir. Et qui allaient TE voir, comme je te voyais. Et pourtant, je voulais aussi qu'ils te voient. Je voulais que le monde entier sût combien tu étais merveilleusement, incroyablement, inimaginablement belle. Te montrer à l'univers, le temps d'un éclair, puis m'enfermer avec toi, seul, et te regarder pendant l'éternité."
"Ses seins étaient l'image même de la perfection de l'espace occupé par la courbe et la chair. Les pentes de ses hanches étaient comme celles de la dune la plus aimée du vent de sable qui a mis un siècle à la construire de sa caresse. Ses cuisses étaient rondes et longues, et le soupir d'une mouche n'aurait pu trouver la place de se glisser entre elles. Le nid discret du sexe était fait de boucles dorées, courtes et frisées. De ses épaules à ses pieds pareils à des fleurs, son corps était une harmonie dont chaque note, miraculeusement juste, se trouvait en accord exact avec chacune des autres et avec toutes."
Puis, lorsque le moment du réveil approche et que le masque est ôté, vient la description du visage:
"Sa bouche fermée - nacrée par le froid et le sang retiré - était comme l'ourlet d'un coquillage fragile. Ses paupières étaient deux longues feuilles lasses dont les lignes des cils et des sourcils dessinaient le contour d'un trait d'ombre dorée. Son nez était mince, droit, ses narines légèrement bombées et bien ouvertes. Ses cheveux d'un brun chaud semblaient frottés d'une lumière d'or. Ils entouraient sa tête de courtes ondulations aux reflets de soleil qui cachaient en partie le front et les joues et ne laissaient apparaître des oreilles que le lobe de celle de gauche, comme un pétale, au creux d'une boucle."
Et là, juste magnifique, une phrase qui m'a fait beaucoup réfléchir sur le sens du mot "je t'aime":
"Amour. (...) Depuis que je t'ai vue vivre auprès de Païkan, j'ai compris que c'était un mot insuffisant. Nous disons " je l'aime ", nous le disons de la femme, mais aussi du fruit que nous mangeons, de la cravate que nous avons choisie, et la femme le dit de son rouge à lèvres. Elle dit de son amant " Il est à moi. " Tu dis le contraire " Je suis à Païkan ", et Païkan dit : " Je suis à Éléa. " Tu es à lui, tu es une partie de lui-même. " - Je n'étais pas, dit-elle. NOUS étions... "