Rencontre avec Hope Tarr Pour son troisième séjour à Paris, Hope Tarr a eu la gentillesse d’accepter de discuter avec des bloggeurs lors d'une rencontre organisée avec brio par J’ai Lu dans leur locaux. Nous avons été charmées par cette femme souriante, enthousiaste et d’une élégance folle. Elle s’est montrée tout de suite extrêmement chaleureuse et nous a offert à tous de superbes cadeaux : livres, audio-books, marque-pages, couvertures… Pendant plus de deux heures, nous avons échangés sur ses romans, le métier d'écrivain, la romance aujourd'hui et notamment la romance historique.... Une rencontre sous le signe de la bonne humeur qui restera incontestablement pour nous mémorable.
Hope Tarr a déjà publié une vingtaine de romances, essentiellement historiques et contemporaines et parues pour la plupart dans la collection Blaze (l’équivalent d' Audace/Passion chez Harlequin : des romances courtes, intelligentes et sexy).
La Rose de Mayfair, publiée en 2011 chez J’ai Lu et qui a reçu des avis nettement positifs (avec raisons !) est en fait le premier tome d’une trilogie, Men of Roxbury House, sur trois amis d’enfance – Hadrian, Gavin et Rourke- qui ont grandi à Roxbury House, un orphelinat géré par des Quakers, la Société des Amis. Margaret Calpena, la responsable éditoriale de J’ai Lu pour elle, nous a assuré pour notre plus grand bonheur que la suite devrait paraître en 2013 ! Il existe également un roman publié chez Blaze, The Tutor, qui est rattaché à la série puisqu’il est centré sur la sœur de l’héroïne de La Rose de Mayfair et son valet.
Silence, les suffragettes ! Pour le député Dandridge, il faut faire taire ces hystériques aux revendications extravagantes. Et pour discréditer le mouvement, le mieux est de s'en prendre à leur porte-parole, Mlle Caledonia Rivers. Afin de ruiner sa réputation, Dandridge s'adresse à Hadrien St. Claire, jeune photographe qu'il va grassement payer pour devenir l'intime de cette pétroleuse et réaliser " la photo la plus scandaleuse possible ", qui révélera au monde sa nature foncièrement dépravée. Couvert de dettes, Hadrien accepte le contrat, mais il n'avait pas prévu de s'enflammer pour son sujet... Hope s’est dit complètement charmée par la couverture française de La Rose de Mayfair qui fait incontestablement partie des plus belles publiées par J’ai Lu ces dernières années. Elle en aime la sobriété et l'élégance, comparée à la couverture US. Parfois en montrer moins est bien plus suggestif…
Un autre roman de Hope Tarr a également été publié en français mais cette fois-ci chez Harlequin, Le livre des Fantasmes (paru en 2008).
Quand son éditrice lui demande d'écrire un roman d'amour à quatre mains avec Adam Maxwell, un écrivain à succès qui représente tout ce qu'elle déteste, Becky Stone commence par refuser, indignée : qu'est-ce qu'un homme qui n'a jamais écrit que des romans d'aventure peut-il bien connaître aux femmes, à leurs désirs et à leurs rêves secrets ?
Mais son éditrice est intraitable : si Becky n'ajoute pas un peu de piquant et d'érotisme dans la vie de ses héroïnes en les confrontant à un vrai regard masculin, il lui faudra trouver une autre maison d édition. La mort dans l'âme, Becky accepte donc de collaborer avec Adam. Et découvre, stupéfaite, que cet homme n a rien du personnage terne qu elle imaginait : terriblement séduisant, d'une sensualité à fleur de peau, il éveille immédiatement en elle des envies inavouables. Aussi se laisse-t-elle prendre au jeu quand il lui propose d'une voix rauque d'expérimenter entre ses bras les fantasmes dont ils doivent nourrir leur livre... Hope parle très bien le français ce qui a grandement facilité la communication. Elle l’a appris au lycée et à la fac où elle lisait dans le texte Rousseau et Voltaire. D’ailleurs quand elle est partie en Italie, c’est grâce à sa connaissance du français qu’elle a réussi à se faire comprendre. Elle adore Paris et a savouré le feu d’artifice du 14 juillet à Montmartre.
Elle a toujours voulu être auteure mais ne s’y est pas consacrée de suite. Elle a d’abord suivi des études de psychologie avant de travailler comme consultante en analyses statistiques pour le gouvernement. Elle y travaillait d’ailleurs encore lorsqu’elle a écrit son premier livre, essentiellement dans le métro, entre deux clients. Il a été publié en 2000. Depuis, elle n’a jamais cessé d’écrire et dépérit lorsqu’elle n’écrit pas pendant 2 ou 3 jours. Elle enchaîne donc les livres et met environ 7/8 mois pour un roman du genre de la Rose de Mayfair et ¾ mois pour les romans Blaze qui sont bien plus courts.
Les auteurs de romances sont aussi mal vus aux États Unis qu’en France et il leur est aussi difficile de gagner respect et considération, non seulement de leurs pairs mais du grand public. Hope elle-même s’est déjà fait violemment attaquée verbalement par des personnes lorsqu’elles découvrent qu’elle écrit de la romance. Et pourtant, aux États Unis, 60% des livres vendus sont des romances et certaines auteures gagnent plus qu’honorablement leur vie. Hope a ainsi raconté qu’un jour elle a participé à une conférence de Linda Lael Miller. A un moment, un membre de l’assemblée s’est moqué des romances en disant que ce n’était pas de la vraie littérature et que c’était ridicule. Et Linda a aussitôt répondu qu’elle était vraiment navrée d’entendre ça et que s’il le permettait elle allait pleurer de ce pas dans sa Maserati…
Ce qui importe le plus pour elle dans les romans c’est la qualité des dialogues. C’est ce qu’elle soigne en particulier. Ils doivent être en adéquation avec la psychologie de ses personnages et l’époque évoquée. Ce n’est qu’une fois qu’elle a trouvé ses personnages qu’elle brode l’intrigue autour.
Elle n’éprouve pas de problèmes particuliers à écrire les scènes de sexe (qui sont très explicites dans ses romans). La seule chose importante qu’elle doit faire avant d’en écrire c’est oublier qu’un jour sa mère pourrait les lire…
Elle est passionnée par les romances historiques depuis toujours et adorent notamment les romans de Lisa Kleypas, Mary Jo Putney, Susan Wings, Eloisa James, May McGoldrick…. Ses goûts personnels la portent essentiellement vers l’histoire anglaise à la période victorienne mais ses écrits sont bien plus diversifiés. Deux de ses romans se situent ainsi au Moyen Age, deux autres sous la Régence, trois en Écosse… Elle aime donc toutes les périodes historiques et adorent faire de nouvelles découvertes au cours de ses recherches. Elle regrette beaucoup que les romances actuelles ne soient pas plus diversifiées qu’auparavant. Elle se souvient avoir lu dans sa jeunesse de nombreuses histoires qui se déroulaient en Australie ou ailleurs qu’à Londres. Aujourd’hui, on se réduit à Londres et aux États Unis, et souvent au XIXe siècle. Peut-être parce que les auteurs préfèrent rester en terrain familier et ne pas se lancer dans des lieux et des noms exotiques (français ou russes par exemple).
Pour la Rose de Mayfair, ce qui lui a particulièrement plu, c’est travailler sur le milieu des suffragettes anglaises, celles qui ont initié le mouvement dans le monde entier, et notamment aux États Unis. D’ailleurs, de nombreuses suffragettes qui étaient persécutées aux États Unis avaient choisies de s’installer en Angleterre. Et ce n’est pas étonnant si l’Angleterre a été l’un des premiers pays à accorder le droit de vote aux femmes. Elle a aussi intégré dans son roman l’univers de la photographie "moderne" qui se développe justement à cette époque, tournant peu à peu le dos au daguerréotype (Hadrien, le héros, est photographe professionnel).
Aux États-Unis, certains bloggeurs (notamment ceux de Dear Author – Dear Jane - à propos des romances de Sarah Wendell) ont inventé le terme de "mistorical" pour qualifier les romances historiques. Issu de la contraction de Mistaken Historical, il désigne le fait que le contexte évoqué dans les romances historiques ne doit pas être pris au sérieux et est souvent fantaisiste. Comme si les auteurs de romances n’étaient pas capables de publications sérieuses. Hope récuse évidemment fortement cette terminologie et cette accusation. Pour chacun de ses romans, elle a fait des recherches très poussées et se donne comme objectif de rendre les évènements et les atmosphères aussi près de la réalité que possible. Elle se décrit d’ailleurs comme une « history geek ». Un auteur digne de ce nom se doit d’être aussi précis que possible dans les détails historiques. D’ailleurs, elle-même, en tant que lectrice, elle déteste les erreurs faciles qu’on trouve dans certains romans et qu’elle abandonne aussitôt en cours de lecture. Dans une de ses lectures récentes par exemple, l’héroïne était une aristocrate durant la Révolution Française et pour fuir la foule en colère, elle a couru d’une traite entre Paris en Versailles…
Et les recherches doivent se faire pour tous les romans d’ailleurs, pas seulement pour les Historiques. Ainsi, pour le Livre des fantasmes, elle a parcouru New York en long, en large et en travers pour que les lieux mentionnés soient décrits le plus précisément possible, explorant autant les hôtels que les bars ou les grands magasins tels Macy's.
Elle travaille actuellement sur une nouvelle série qui sera éditée par Entangled Publishing (une maison d’édition spécialisée en romance en format numérique) : Operation Cinderella, une série en trois tomes sur le thème du conte de Cendrillon revisité. Le premier tome devrait sortir en octobre, suivi par une nouvelle en novembre pour Noël (habituel aux États Unis), tandis que le second tome devrait sortir très vite après, en février. L’histoire se situe à New York et Washington DC. Le héros est un animateur vedette de radio. Il est très conservateur et vient du Texas. L’héroïne est éditrice de journaux féminins. Elle est libérale, très à la mode et a même des tendances gothiques. Elle n’accepte pas de s’être faite dénigrer par le héros et décide donc de se faire engager comme domestique chez lui pour dénicher tous ses noirs secrets….
En février 2009, Hope Tarr a fondé avec deux amies romancières – Leanna Renee Hieber et Maya Rodale – ainsi qu’un bloggeur littéraire – Ron Hogan- le premier Lady Jane’s Salon, à New York. Ils sont partis du postulat qu’il existait des salons de ce genre dans tous les genres littéraires, horreur, science-fiction, policier, érotique… mais pas dans la romance. Tous les amateurs du genre s’y réunissent tous les premiers mardis du mois et le Salon a déjà accueilli des auteurs aussi prestigieux qu’Eloisa James, Sabrina Jeffries ou Marjorie M. Liu. Au départ centré essentiellement sur les romances historiques et contemporaines, le salon s’est ouvert aujourd’hui aux autres tendances de la romance : paranormale, fantasy ou steampunk… L’entrée ne coûte que 5 dollars et l’essentiel des bénéfices sont reversés à des œuvres caritatives : pour les femmes victimes de violences domestiques, contre le cancer des ovaires, le diabète… Le salon de New York rencontre un immense succès et depuis, quatre ont ouverts aux États Unis suivant les mêmes principes : à Denver, à Raleigh-Durham, à Chicago et à San Diego. Si seulement nous pouvions avoir la même chose en France…
Margaet Calpena a ajouté qu’aujourd’hui le secteur de la romance devenait de plus en plus dynamique et que la romance contemporaine notamment était en pleine ébullition aux États Unis avec de nouveaux genres plus audacieux qui devraient plaire à un plus grand nombre. Elle s’est dite aussi ouverte à la mise en place d’une convention française sur la romance mais ce n’est pas possible à l’heure actuelle à cause des coûts. La solution serait un partenariat entre les 3 éditeurs de romances (J’ai Lu, Harlequin et Milady). Donc à bon entendeur…
Hope et Margaret Nous avons passé un merveilleux moment et nous remercions tout particulièrement Florence Salvador de nous avoir donné l'occasion d'y participer. Nous remercions également chaleureusement Hope Tarr pour sa disponibilité, son humilité et sa gentillesse à notre égard. Merci !
Nous étions toutes captivées par ses propos...Nos cadeaux autour d'un sympathique goûter...