A l'occasion du dernier volet de la trilogie KALEB, un tchat avec Myra Eljundir a été organisé par la Collection R sur leur page Facebook. En voici le compte-rendu...
Q: Votre véritable nom est-il un anagramme de votre pseudo ?
R: Pas du tout ! Myra est un prénom islandais... anagramme en effet de Arÿm (ceux qui ont lu le Tome 3 comprendront...) et Eljundir est le quartier où habite la déesse Hel (déesse des Enfers). Hel a d'ailleurs donné son nom à l'enfer en anglais : hell
Q: Nous ferez-vous le plaisir d'être présente au salon de Montreuil ? *espoir d'une signature*
R: Si vous me trouvez une grotte pour m'y cacher, je veux bien venir signer (à voir avec Collection R)
Q: Bonjour Myra, avez-vous déjà écrit d'autres romans avant Kaleb ?
R: Eh oui j'en ai commis quelques uns, en effet !
Q: Bonsoir, je me demandais si un autre livre ou une autre saga était prévu ?
R: Eh oui ! Ce sera un diptyque !
Q: Pourquoi Kaleb avec K ? Pour changer car on ne voit que des Caleb ?
R: Kaleb est en effet un prénom islandais... L'origine est la même que pour Caleb. Ça vient de l'hébreu et ça signifie "qui est dirigé par son coeur"
Q: Bonsoir Myra, que pensez vous des lecteurs qui s'identifient à Kaleb ? Je me sens tellement proche de lui que par moment je trouve ça flippant. J'ai toujours aimé les anti héros je trouve ça plus simple de s'identifier à eux mais Kaleb n'est quand même pas ordinaire. Merci beaucoup pour votre saga ! Merci du fond du cœur !
R: Je pense que Kaleb réveille plein de choses chez nous. Kaleb n'est pas ordinaire parce qu'il a cette sensibilité qu'on connaît bien et qui nous écorche le coeur, un jour après l'autre. A force de voir des horreurs, des injustices et de les ressentir si intensément que notre impuissance nous torture, on aimerait à la fois pouvoir couper cette sensibilité, ne plus rien ressentir... Et on aimerait aussi pouvoir être enfin soi, sans masque, sans avoir à toujours se justifier et se conformer aux codes d'une société vérolée... Je pense que c'est juste jouissif de le voir péter les plombs, de lui accorder un droit à l'erreur (voire à l'horreur) comme on aimerait qu'il nous le soit permis. Je pense que Kaleb a quelque chose de cathartique. Il est ce qu'on porte en nous sans oser le libérer. C'est pour ça que c'est si bon, de se glisser dans sa... peau ! Et sinon, vous étiez où lors de la dernière éruption du volcan ? ^^
Q: Maintenant que vous avez terminé la trilogie KALEB, comment vous sentez-vous ? Vidée, heureuse ? Aviez-vous toujours eu cette fin en tête ? Écrire au sujet du livre du Volcan a dû être une expérience sensationnelle ! Où avez-vous puisé autant d'imagination ?
Le dernier tome de la trilogie est vraiment un monstre ! Merci pour ce voyage !
Je me sens triste et heureuse à la fois... Triste et vide parce qu'ils vont me manquer, tous... même si je sais qu'ils continuent de vivre dans leur dimension particulière, dans mon esprit et le vôtre, et dans les pages du Livre....
R: Oui je savais où j'allais avec Kaleb... Par contre, j'ignorais à quel point les personnages du Livre du Volcan me toucheraient et m'habiteraient... ils se sont imposés à moi pendant l'écriture et m'ont littéralement obsédée ! Alors que je ne les avais pas du tout imaginés quand j'ai commencé à écrire Kaleb. C'est ça, la magie de l'écriture : on est le premier lecteur de l'histoire... au final, je me rends compte que je ne suis que le passeur...
Ecrire le livre du Volcan a été une expérience bouleversante. Je ne saurais vous dire à quel point ça m'a marquée, transformée... émue. J'étais Wothan, Hermeda, Järell, Östal, Loki, Hel... oh mon dieu, c'était vraiment un truc de fou. J'étais vraiment dans ce monde, à cette époque, avec ces coutumes... j'étais dans la grotte... J'ai sangloté en écrivant certains passages... J'ai écrit comme en transe et parfois, quand je m'arrêtais, je ne savais même plus quelle heure il était, j'avais besoin d'un temps de réadaptation au quotidien, comme si j'étais jet-laguée après un long voyage !
Je ne sais pas où je puise tout ça... en moi, bien sûr. Mon passé, mes expériences façonnent mon imaginaire... mais je crois qu'il y a autre chose, comme si j'avais accès à l'idéosphère, ou mieux, à d'autres dimensions, d'autres mondes... Encore une fois j'ai souvent le sentiment de n'être que le passeur d'histoires...
J'aime beaucoup cette image du monstre Vous voulez bien me faire un dessin, c'est pour un tatouage ?
Q: Qu'est ce que vous a apporté l'écriture de Kaleb ?
R: Sacrée question, vaste réponse...
Ça m'a apporté une grande liberté, celle d'explorer des thèmes qui me sont chers et de laisser libre cours à mon imagination. J'ai vraiment voyagé avec Kaleb, dans l'âme de mes personnages, dans le temps, dans l'espace.... Il m'a transportée au-delà de tous mes espoirs ! J'ai vraiment pris un plaisir fou à l'écrire (et je crois que ça se sent), même si, bien souvent, j'ai moi aussi été malmenée par le cours des événements. Parfois j'avais envie d'hurler, de sauver mes personnages, de leur dire quoi faire... je l'ai vraiment vécu, ce livre. En empathie totale avec chacun de mes personnages. Mais qui sait, peut-être que cette qualité est un peu trop développé chez moi ! Et vous, que vous a apporté la lecture de Kaleb ?
Q: Si vous pouviez dîner avec une célébrité, morte ou encore vivante, qui serait-elle ?
R: hum... je crois que je dînerais avec tous les grands dictateurs, tortionnaires et criminels de guerre que cette terre a porté. Et je leur ferais bouffer du verre pilé.
Q: Pensez-vous dans votre démarche "d'honnêteté" que vous allez malmener les jeunes lecteurs? Je suis la première victime de vos livres, je suis toute retournée quand je lis Kaleb, pourtant je suis une lectrice beaucoup plus "adult" que "young"
R: Je ne choque pas pour choquer, soyons clairs! Maintenant c'est sûr que je ne souhaite pas édulcorer ce que j'écris pour les épargner, les ménager... Je crois néanmoins que les jeunes lecteurs sont de plus en plus aguerris à ce genre d'écrits, et que quelque part, ça leur plaît que je n'édulcore pas. Je leur raconte une histoire sans leur raconter d'histoires. Je ne mets pas de bips sur les gros mots, et je ne floute pas les passages un peu chauds ou violents. Après je ne veux traumatiser personne... et je pense que les avertissements de la Collection R (déconseillé au moins de 15 ans) sont là pour les prévenir qu'il y a des scènes qui peuvent choquer.
Mais je vais vous faire une confidence : moi-même j'ai été choquée par certaines scènes que j'ai écrites. Je m'entends encore dire "oh non ! Je ne peux pas leur faire ça !" ou je me vois pleurer à chaudes larmes pendant l'écriture de certains passages... Vous voyez, vous n'êtes pas la seule victime
Q: Bonsoir Myra, inutile de préciser que je suis également une grande fan (même si je n'ai pas encore eu l'occasion de dévorer le troisième et dernier tome de la trilogie) mais j'aurais voulu savoir ce qui vous a inspiré une saga avec un antihéros comme Kaleb ?
R: En fait, je crois que j'en avais assez de la déferlante de mièvrerie autour de moi J'avais envie d'explorer la part obscure qu'on porte, au final, tous en nous... Je ne voulais pas d'un héros trop gentil pour être vraiment intéressant, je ne voulais pas d'un faux bad boy qui se transforme en caniche castré dès qu'il rencontre l'héroïne. (Vous avez remarqué comme elles s'acharnent à les transformer en chien chien à leur mémère ? beurk... qui peut trouver ce genre de héros attirant ?) Je voulais une vraie personne. Et montrer aussi qu'au final, on peut basculer du mauvais côté pour bien des raisons, et pas forcément parce qu'on est mauvais à la base. Beaucoup de choses sont affaires de choix, de libre arbitre, et de l'impact d'événements extérieurs ! Et puis Kaleb est en effet un anti héros parce qu'il n'est pas tout noir ou tout blanc. Il nous oblige à sortir de modèles binaires. Il est capable du pire comme du meilleur, il lutte, il se cherche, il trouve les solutions qu'il peut. Au fond, il est juste terriblement humain.
Q: Bonjour Amélie ! Ai-je juste en commençant comme ça ? Si oui, je vous ai démasquée ! Je parle de votre prénom d'auteur, qui n'est pas le même que votre vrai prénom !
R: Bien sûr vous ne croyez pas vraiment que je vais vous répondre
Q: Saura-t-on enfin la vérité sur votre identité ? Certains murmurent que vous seriez une certaine Madame Nothomb
Est-ce qu'utiliser un pseudonyme est une nouvelle expérience ? écrire quelque chose de plus dark ? Est-ce une volonté de recommencer à zéro, finalement ?
R: Vous savez ce qui compte. Ce n'est pas qui je suis mais ce que je suis ! Et ça, vous y avez accès quand vous voulez en lisant mes livres, mes interventions sur le net... Ce qui compte, c'est Myra, ce qu'elle représente, sa vérité du moment et la vôtre. Ce que vous percevez d'elle. Que vous m'ayez démasquée ou pas, je ne souhaite pas le confirmer. Pas par coquetterie ou pour jouer avec vous. Pas pour être fausse mais pour au contraire pouvoir être vraie, dépouillée des obligations d'apparences, du jeu de la promo séduction, de toutes ces choses qui sont bien trop futiles à mes yeux. Pour moi, seuls comptent les personnages et leur histoire. Et si je dois faire de Myra un personnage, dans ce qu'il a d'abstrait et en même temps d'universel, je préfère. Et puis honnêtement c'est vrai que ça me repose ^^, ça me permet de prendre du recul par rapport à mon métier d'auteur francophone
J'aime bien votre idée de recommencer à zéro. D'être une page blanche. Ce qui compte, c'est l'histoire que VOUS vous y inscrivez... comme ça l'échange et le partage sont parfait. Et puis vous voyez, ça ne nous empêche pas de communiquer !
Q: On peut donc parler d'un thème favori dans vos livres?
R: Je crois que Kaleb III parle beaucoup de culpabilité et de rédemption, de libre-arbitre, de maternité...
Q: Pourquoi tant de mystère ? Je voudrais tellement vous rencontrez et parler de vos livres
R: Pour me protéger. Parce que j'en avais assez des représentations et que je veux que mes personnages et leur histoire passent avant mon ego Mais vous savez, je me punis moi-même sur ce plan là. Parce que je n'aime rien autant que rencontrer mes lecteurs et parler avec eux, les retrouver d'un salon à l'autre... Heureusement qu'il y a internet !!!!
Q: Continuerez-vous à écrire sous le nom de Myra Eljundir pour la Collection R ? Ou laisserez-vous ce pseudonyme de côté ?
Merci pour votre réponse !
R: Je ne compte pas lâcher Myra de sitôt ! J'aime trop la liberté qu'elle me confère ! Vous allez encore entendre parler d'elle puisque j'ai une nouvelle saga en cours d'écriture En outre, si vous appréciez ma présence sur la toile, ne manquez pas mon apparition sur le site melty.fr, demain
Son apparition sur Melty.... La vilaine... Q: A ce sujet, pourquoi avoir choisi une telle méthode ? ^^
R: Pourquoi ? Parce que j'adore jouer avec vos nefs... et avec ceux de mon pauvre éditeur (qui ne sait pas ce que j'ai prévu exactement ! eh oui, je suis machiavélique )
Et puis parce que ça m'amusait, la vie est trop courte pour se prendre au sérieux !!!!!!
Q: Et si vous deviez donner un conseil pour des écrivains amateurs qui adorent votre univers et se lancent dans l'écriture, vous leur diriez quoi?
R: J'emprunterais les mots d'André Gide :
"Ecrivez dans l'ivresse et relisez vous dans la sobriété". Ne vous mettez aucun frein, débridez votre imagination, faites vous plaisir quand vous écrivez. Ensuite, le premier jet terminé, laissez votre manuscrit dormir ... puis reprenez le au bout de quelques mois et là, soyez implacables ! (et surtout ne faites JAMAIS lire vos manuscrits à votre entourage)
Q: Bonsoir Myra! je me demandais si comme certains écrivain vous alliez faire une série de livre en parallèle de l'histoire de Kaleb et d'Abi ? Comme l'histoire d'autres personnes mais en même temps que se déroule l'histoire de Kaleb et dans le même endroit mais avec des personnages différents...
R: J'avoue que ça ne me déplairait pas de me replonger un peu dans le Livre du Volcan et d'explorer certaines pistes que j'ai laissé...
Q: Ce serait tellement marrant de voir des destins croisés et d'autre évènements qui se sont passés dans la trilogie, mais d'un point de vue différent dans d'autres conditions...
R: qui sait... ?
Q: Bonsoir Myra encore un grand bravo et comme je vous l'ai déjà dis j'ai hâte de vous relire vous pensez à un autre roman ? Et quand sortirait il ? Oui je suis impatiente lol
R: Un diptyque est en préparation toujours chez la collection R... il pourrait bien voir le jour l'année prochaine ou début 2015 !
Q: Pouvons-nous avoir un indice de l'univers dans lequel vous nous projetterez avec votre dernier projet?
R: Je vais revisiter l'histoire d'un couple mythique... à la sauce Eljundir (et vous savez à quel point j'aime martyriser les amoureux )
Q: Avez-vous voulu en quelque sorte briser la limite parfois floue entre le bien et le mal, pour nous faire réfléchir?
R: Je crois que vous avez en effet tout dit : la limite est si floue, si ténue... que l'un et l'autre se contaminent parfois... Je suis contente que vous y trouviez matière à réfléchir. Je ne cherche pas à orienter votre réflexion, juste à vous permettre d'exercer votre pensée, votre libre arbitre...
Q: Est-ce plus intéressant de prendre comme personnage principal un anti-héros?
R: Définitivement plus intéressant. Le déjà vu, déjà décrit, le consensuel ne m'intéressent pas ! Et puis au moins, avec Kaleb, je peux explorer la vraie humanité, avec ses faiblesses, ses lâchetés, mais aussi sa noblesse quand elle sort de là où on ne l'attend plus. Kaleb n'est pas un personnage en demi-teinte, pourtant il est tout en nuance. C'est un concentré d'humanité, aux antipodes du bon vieux héros manichéen qui croit avoir déjà tout compris à la vie. Kaleb tâtonne, il cherche. Il se trompe. Il tombe et se relève. Ce n'est pas un personnage, c'est une personne !
Q: Fabienne?
Est ce que vous compter écrire d'autres livres ?
R: Moi c'est Myra mais je veux bien vous répondre quand même...
oui... et pour tout vous dire, c'est en cours !
Q: Et par hasard... Par rapport à votre véritable identité, avons-nous eu l'occasion de pouvoir vous apercevoir quelque part?
R: Oui. A la télé, quelques fois... J'étais aussi au Salon du Livre de Paris, au mois de mars... j'ai même fait une photo de certains de mes lecteurs à leur insu (je l'ai posté sur mon mur !)
Q: Bonsoir Myra, merci pour cette trilogie. Comment vous sentez-vous après l'écriture de ces livres? Quel est votre sentiment le plus fort?
R: J'ai répondu à la première question Mon sentiment le plus fort... c'est l'envie, le désir, le besoin de me replonger à nouveau dans l'écriture, de me remettre en chemin et de voyager à nouveau parmi des personnages forts et beau, pour les emmener aussi loin que je peux ! Puis de vous inviter à les rejoindre !
Q: Etes-vous une personnalité célèbre?
R: Je suis Myra Eljundir ^^
Q: Bonjour, n'étant pas malheureusement pas présente aux horaires précises sur Facebook, je pose ces questions : comment avez-eu l'idée d'un tel récit ? Comment vous êtes venus faire Robert Laffont pour vous faire publier ? Est-ce vous qui a proposé les couvertures ?
R: J'ai répondu à la question de l'inspiration un peu plus haut. Kaleb a pu voir le jour grâce à ma rencontre avec mon éditeur, à qui je suis allée raconter l'histoire de cet empathe irrésistible... et il n'a pas résisté non plus ! Ce livre, c'est le fruit d'une très belle collaboration avec quelqu'un de bien, et il a pu voir le jour grâce à son soutien et sa confiance... Merci donc à Glenn.
Nous nous sommes mis d'accord sur le concept de la couverture... nous il fallait de la peau, il fallait que la couverture soit à l'image des altérations des corps au fil des tomes. D'ailleurs, nous avons veillé à ce qu'au toucher, il ait aussi un aspect duveteux, comme une vraie peau. Ensuite, forts de nos idées, nous avons confié le projet à Fançois Damville qui a fait un travail époustouflant, dépassant toutes nos espérances !
Q: Avez-vous les yeux vairons? ^^ Comment avez-vous eu l'idée des enfants du Volcan?
R: Mes yeux changent de couleur, parfois...
L'idée des enfants du Volcan s'est imposée à moi... Je l'ai ressentie très fort, en me baladant sur cette belle île volcanique qu'est l'Islande... j'avais aussi besoin de pousser la réflexion sur ces dons naturels que nous pouvons avoir, comme l'empathie et imaginer que c'est un reliquat de pouvoirs ancestraux, que nous ne savons plus utiliser et qui par conséquent nous handicapent plus qu'ils nous aident...
Comme je me sens parfois un peu extra-terrestre, ou du moins en décalage... j'avais envie de me recréer une famille de gens à part, aussi...
Q: j'en suis la première fan , mais avez-vous eu lors de l'écriture des craintes ou doutes à savoir si oui ou non le fait d'etre dans la peau du "méchant" allait plaire aux lecteurs?
R: Non, pour être honnête je n'écris pas pour plaire à tout prix. Ce qui m'intéresse c'est de rester dans une démarche honnête et d'explorer toutes les facettes de mes personnages, y compris les mauvaises, quitte à surprendre ou choquer. Je préfère qu'on adore ou qu'on déteste Kaleb - et son auteur - plutôt que d'écrire un roman consensuel avec des gentils trop mous à mon goût ! Je crois aussi que les lecteurs sont suffisamment aguerris et habitués à la lecture pour reconnaître cette honnêteté et l'apprécier...
Merci à Myra Eljundir pour cette séance de Questions/Réponses et à la Collection R pour l'avoir organisé !