Fariboles Admin
Messages : 4096 Date d'inscription : 10/07/2011 Age : 43 Localisation : Eure et Loir
| Sujet: MONK KIDD Sue : L'Invention des ailes Mer 14 Jan - 14:20 | |
| L'Invention des ailesSue Monk Kidd Sortie le 7 janvier 2015 Quatrième de couverture : Caroline du Sud, 1803. Fille d’une riche famille de Charleston, Sarah Grimké sait dès le plus jeune âge qu’elle veut faire de grandes choses dans sa vie. Lorsque pour ses onze ans sa mère lui offre la petite Handful comme esclave personnelle, Sarah se dresse contre les horribles pratiques de telles servilité et inégalité, convictions qu’elle va nourrir tout au long de sa vie. Mais les limites imposées aux femmes écrasent ses ambitions. Une belle amitié nait entre les deux fillettes, Sarah et Handful, qui aspirent toutes deux à s’échapper de l’enceinte étouffante de la maison Grimké. À travers les années, à travers de nombreux obstacles, elles deviennent des jeunes femmes avides de liberté et d’indépendance, qui se battent pour affirmer leur droit de vivre et se faire une place dans le monde. Une superbe ode à l’espoir et à l’audace, les destins entrecroisés de deux personnages inoubliables !
| |
|
Fariboles Admin
Messages : 4096 Date d'inscription : 10/07/2011 Age : 43 Localisation : Eure et Loir
| Sujet: Re: MONK KIDD Sue : L'Invention des ailes Mer 14 Jan - 14:25 | |
| Je gardais un tellement bon souvenir du Secret des Abeilles et du Vol des Aigrettes que j’attendais énormément de L‘Invention des ailes, troisième roman de Sue Monk Kidd aux éditions JC Lattès. Et c’est bien simple, c’est une merveille ! Bien plus qu’une histoire d’amitié, c’est un roman sur les femmes, sur les femmes qui se battent pour être libres et heureuses. Magnifique !!!!
Caroline du Sud, 1803. Pour ses onze, Sarah Grimké reçoit un cadeau plutôt original, enfin pas tant que cela pour les états du Sud des États-Unis, une jeune esclave, Hetty, que les siens appellent Handful. Mais cela ne fait pas vraiment plaisir à Sarah, bien au contraire ! Du haut de son jeune âge, la petite fille est déjà convaincue de l’ignominie de l’esclavage et ne veut en aucun cas cautionner ce système. Mais, hélas, quand on est une fille, dans une riche famille de Charleston, on ne décide pas de sa vie, on doit se borner à accepter son destin : apprendre à être une lady accomplie, une bonne épouse et mère et surtout, se taire, se soumettre aux lois des hommes. Heureusement, de son côté, Handful a un talent, hérité sans doute de sa mère Charlotte, couturière en chef de la maison, elle fait des merveilles avec un fil, une aiguille et du tissu, un don qui la rend précieuse pour une esclave. Mais ce que Sarah remarque surtout, c’est qu’Handful est intelligente, curieuse et dotée d’un esprit vif. Si Sarah ne peut l’affranchir, elle peut lui apprendre à lire, une autre forme de liberté. Deux jeunes femmes, l’une riche, l’autre esclave mais un point commun, elles aspirent simplement à être libres, indépendantes. Un désir qui, au fil des ans et de leur amitié, ne les quittera jamais …
C’est en lisant les notes de fin que l’on comprend d’autant plus la portée de ce livre. Si Handful n’a pas existé, ce n’est pas le cas de Sarah et de sa jeune sœur Angelina, Nina. Deux femmes que les livres d’Histoire ont complétement oublié et qui pourtant ont joué un rôle majeur dans la lutte contre l’esclavage. Elles ont œuvré jusqu’à leur mort non seulement contre le racisme mais aussi pour l’émancipation de toutes les femmes. Deux femmes captivantes et courageuses qui sont allées jusqu’à se convertir à La Société religieuse des Amis, les Quakers, pour être fidèles à leurs convictions, renonçant ainsi à la fortune et au confort offerts par leur naissance. J’ai d’ailleurs beaucoup appris sur ce courant religieux que je ne connaissais pas vraiment, si ce n’est au travers de quelques livres/films très romancés ! Mais loin d’être un manuel d’Histoire, L’Invention des ailes est avant tout un très beau roman, très fort aussi. Une lecture qui nous prend au cœur, qui frappe l’esprit et réveille notre conscience aussi. On tremble pour nos héroïnes, pour les risques qu’elles prennent, plus d’une fois, on voit le drame arrivé et l‘on ne peut rien faire si ce n’est enragé derrière notre page. Si le fil rouge de l’intrigue reste la relation entre Sarah et Handful, l’autre composante du roman, c’est le lien mère-fille, qu’il soit intense, intime ou tendu. Entre Charlotte et Handful, c’est une relation faite d’amour et d’un même sentiment d’injustice, de révolte. Il se tisse, littéralement, au-dessus des quilts de mémoire que cousent les deux femmes. Des couvertures de bouts de tissus, glanés ou volés, qui racontent l’histoire d’un peuple arraché à sa terre et réduit en esclavage, pour une vie de misère et de labeur. Mais ces quilts nous parlent aussi d’amour, d’espoir, de moments de joie, de grands et petits bonheurs qui font une vie. Pour Sarah, si elle aime sa mère, elle la déteste aussi. Elle est toujours en conflit avec elle, espérant la convaincre de voir le monde selon son point de vue, sans succès, hélas. Sarah est plus une source de honte, d’embarras pour cette bonne famille de Charleston qu’une jeune fille que l’on présente avec fierté… Mais qu’importe, Sarah a suffisamment de caractère pour garder la tête relevée et s’en sortir. C’est dans la cause des femmes et des esclavages, dans la lutte pour l’émancipation qu’elle trouvera son bonheur. Une femme en avance sur son temps, sans doute trop mais que l’on ne fera jamais taire, qui aura toutes les audaces, une femme qui mérite que l’on se souvienne de son nom en tout cas !
Un livre superbe et plein d’espoir, qui nous rappelle que dans la vie rien n’est jamais acquis et que l’on doit lutter sans cesse pour ses idéaux et ses rêves. A lire absolument !
| |
|