Démolition

Démolition
Un film de Jean Marc Vallée
Avec Jake Gyllenhaal, Naomi Watts, Chris Cooper, Judah Lewis

Sortie le 6 avril 2016
Distribué par Twentieth Century Fox

Banquier d'affaires ayant brillamment réussi, Davis a perdu le goût de vivre depuis que sa femme est décédée dans un tragique accident de voiture. Malgré son beau-père qui le pousse à se ressaisir, il sombre de plus en plus. Un jour, il envoie une lettre de réclamation à une société de distributeurs automatiques, puis lui adresse d'autres courriers où il livre des souvenirs personnels. Jusqu'au moment où sa correspondance attire l'attention de Karen, la responsable du service clients. Peu à peu, une relation se noue entre eux. Entre Karen et son fils de 15 ans, Davis se reconstruit, commençant d'abord par faire table rase de sa vie passée …

Cette production du réalisateur Jean Marc Vallée (Wild, Dallas Buyers Club) ne laissera personne indifférent.

Davis Mitchell (Jake Gyllenhaal – Zodiac, Prisoners) perd sa femme Julia lors d’un accident de la route. Alors aux côtés d'elle lors de la collision, c’est lui qui s’en sort avec des blessures sans gravité.

En très peu temps après son décès, Davis n’a plus qu’une idée : extérioriser son mal-être et sa solitude. Contrairement aux idées reçues de son entourage et surtout de ses beaux parents qui dirigent l’entreprise de finance dans lequel il est cadre, il refoule son chagrin aussi loin que possible et prend une distance effrayante par rapport à l’événement. C’est tout un imbroglio de pensées sur la relation et la vie bien rangée qu’il a construit avec Julia ainsi que son envie de faire table de rase du passé.

C’est un sujet très délicat et non commun mis en exergue : la transformation d’un homme suite à la mort de son épouse. Davis est le parfait exemple du travailleur organisé, à la brillante carrière, à la vie millimétrée. C’est l’un des meilleurs consultants de son beau-père et patron Phil (Chris Cooper – Un été à Osage County, Adaptation), le père de Julia. Tout bascule grâce à la correspondance peu banale avec une femme, qui n’est pas heureuse dans son couple…

La relation qui se noue entre Davis et Karen (Naomi Watts – Birdman, The Impossible) est touchante et empreint d’une réelle tendresse. Karen a un garçon de 12 ans, Chris (Judah Lewis), un adolescent rebelle et intelligent. Il sera une présence importante pour Davis, pour lui permettre d’extérioriser ses pulsions, et d’une certaine manière, de revivre.

La mise en scène est efficace et soignée, la musique donne une authenticité supplémentaire à ces personnages très bien dépeints. Jake Gyllenhaal porte le film avec brio, il donne le ton et la mesure tout en finesse. Son interprétation donne du sens au chaos qui s’est installé dans l’esprit de Davis – chaos qui semble se propager dans le film à son entourage. Naomi Watts est également brillante, dans un rôle d’ouvrière et mère enfermée dans une relation venimeuse. Elle apporte l’espoir nécessaire à la résurrection de Davis.

Si le début du film déstabilise et fait penser à un ovni narratif, on est ensuite porté par les échanges de Karen et Davis. Jean Marc Vallée porte à l’écran un message universel avec élégance. A travers la reconstruction d’un homme, c’est un beau film qui met en scène des personnalités fracturées et bouleversantes.