Un roman érotique à contresens du genre habituel, ici le héros n’est pas un homme sexy, dominant et à la réussite professionnelle lucrative, mais une jeune quadra, jolie et veuve depuis peu, à la tête d’un empire du Champagne et du Luxe. On est loin de la dominance sexuelle mais plutôt dans la re-découverte du plaisir féminin.
Anouk vient de perdre son mari des suites d’un cancer, elle se retrouve selon les dernières volontés de celui-ci à la tête de l’entreprise familiale : Les Champagnes Van Styn. Cependant, la belle famille ne voit pas cette promotion d’un très bon œil et n’hésite pas à piéger ou à mettre à l’épreuve les talents de dirigeant de la femme. Et puis un jour, un jeune stagiaire fort motivé se présente, Andrew est américain et souhaite apprendre l’art de mener une entreprise, mais l’apprentissage ne semble pas s’arrêter là. Anouk se retrouve profondément troublée par ce jeune stagiaire timide et réservé…
Alors que la couverture joue des codes classiques, cette couleur rose réservée au public féminin, le joli garçon au look BCBG, ses lèvres pleines, cette mâchoire carrée et ce desserrage de cravate, faite pour éveiller nos sens, le contenu est tout autre et c’est là que c’est intéressant. Rassurez – vous ce n’est pas la vie sexuelle d’une couguar qui est décrit là, non pas du tout, c’est plutôt le retour à la liberté d’une femme emprisonnée depuis trois ans dans la maladie de son mari, décédé depuis peu. Les liens qui se délient, le goût du sexe perdu depuis trop longtemps, l’attraction pour un autre, le retour du plaisir oublié. Anouk raconte sa vie de femme et les expériences qui peuvent aller avec.
Anouk n’était pas censée se retrouver à la tête de Van Styn, c’est son mari qui l’y a propulsée. Cependant, cette jeune quadra aussi charmante et jolie femme que talentueuse et inspirée, se révèle bien meilleure dirigeante que les autres membres de la famille qui ne cessent de lui mettre les bâtons dans les roues : une belle – mère froide et incisive, un beau-frère qui refuse d’accepter les succès de sa belle-soeur, un autre beau frère évoluant dans la décadence et l’excès, une belle-sieur arriviste et dénuée de talent. Anouk n’a pas le choix de travailler, et d’en faire toujours plus quitte à s’oublier, avec tous ces membres du conseil qui n’attendent qu’un faux pas pour l’éjecter du siège tant envié. Et puis arrive un jeune stagiaire qui vient pimenter le tout.
Andrew est un jeune américain avec la bonne éducation qui va avec, un côté puritain prononcé, il a vite les joues empourprées face aux avantages d’Anouk. Avec ses codes de galanteries « collés-montés », et des idées un peu mal tournées, au début il évite d’être seul avec elle, pensant qu’elle pourrait vouloir le charmer, que voulez-vous les bonnes conduites américaines… Mais au fur et à mesure, il se rapproche de sa patronne, lui demande conseil sur sa relation avec sa fiancée, cette dernière se plaignant d’un manque de talent dans ses baisers buccales ou plus intimes. Un apprentissage certes intellectuel mais aussi sexy s’installe alors.
Il y a aussi la fille d’Anouk, la touche jeunesse, dynamique et pleine de vie, reflet rafraîchissant de la mère. Avec Justine, Anouk se laisse aller aux confidences avec cette fille plus proche de la copine. Pimpante, elle apporte certainement une certaine joie à sa mère dans cette période de deuil. Quand au cousin de son défunt mari, Alexandre, l’homme idéal, un beau parti, un ami surtout, en souhaiterait bien davantage.
On suit uniquement le point de vue d’Anouk, on entre dans son intimité pour notre plus grand plaisir. J’ai bien aimer ses réflexions personnelles, ses questions, ses doutes, ses envies qu’elle n’ose s’avouer, ses actes aussi, elle assume sa féminité, son charme, et en même temps, le déclic pour accepter certaines expériences expresses, décevantes ou au contraire étonnantes sera les secrets révélés d’un mari qui cachait bien son jeu. L’évocation de pratiques multiples donnent un petite touche sympathique, il y a des scènes torrides mais aussi des gros ratés, pourtant l’auteure joue sur la multiplicité des actes, sur l’amour, le sexe qui ne se réduit pas à une seule chose mais au contraire se savoure de bien des manières décrites de manière très sensuelle et sans aucune vulgarité.
En bref, un roman érotique originale et réussie, une belle réflexion sur la femme, ses désirs et ses plaisirs aussi variés qu’inavouables… Un très bon moment de lecture !
Je remercie Babelio et sa masse critique ainsi que les éditions Calmann-Lévy pour cet envoi.