MIEVILLE China - Merfer

Merfer
China Mieville

Fleuve Editions
Sortie le 13 octobre 2016

Quatrième de couverture :

Merfer. Un monde apocalyptique, désertique, aux océans mourants à cause d'une catastrophe inconnue, à la terre stérile colonisée par les rats-taupes géants creusant sans cesse des tunnels immenses. À sa surface court un réseau de voies ferrées à l’origine indéterminée et à la destination tout aussi mystérieuse. Et sur celles-ci, un train est en marche, mené par la capitaine Picbaie dans une quête jusqu’au-boutiste, cruciale : trouver Jack la Nargue, la plus gigantesque des taupes géantes, à la fourrure ivoire, et qui a emporté le bras de Picbaie. Désormais, pour la capitaine au verbe haut, la chasse ne pourra prendre fin qu’avec la mort de son ennemi juré.
Embarqué dans cette folle aventure pour sa première chasse à la taupe, le jeune Sham assiste fasciné au ballet des harponneurs et aux mises à mort qui font la gloire des uns et l’infortune des autres. Jamais il ne s’est senti autant en vie que lors de cette extraordinaire expédition sur la Merfer. Jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent face à ce train naufragé, et que Sham découvre dans l’épave les indices de quelque chose… quelque part… une impossibilité, un mystère qui le conduira bien au-delà de ce pour quoi il avait signé. Bientôt, à bord du train lancé dans sa folle odyssée, poursuivis par les pirates et les pilleurs, ils atteindront la fin de la Merfer, l’extrémité du monde connu…

Un récit étrange, croisement entre « la Bête humaine » et « Moby Dick ».

Attention, attendez-vous à plonger dans un futur à la fois extraordinaire et déroutant, dominé par le Rail. Oui, je mets rail avec une majuscule, car ce qui domine dans le livre, c’est bel et bien la présence du chemin de fer et des trains qui y roulent, la description de leur avancée m’ayant irrésistiblement fait penser aux terribles descriptions de Zola dans ce merveilleux roman qu’est « la Bête humaine ». Des trains de guerre, des trains de ramasseurs d’épave (d’exhume, comme il est dit dans l’histoire), des trains de chasseurs, des trains de marchandises, des trains voyageurs, bref, toutes sortes de trains, conduits par des équipages étranges, dont les capitaines ont tous une obsession, une « philosophie ». Celle de la capitaine Picbaie, qui commande le train où a embarqué Sham, le héros de l’histoire, est de capturer Jackie la Nargue, une gigantesque taupe au pelage jaune.
Et voilà, nous voilà en plein « Moby Dik », avec l’obsession du capitaine Achab pour la baleine blanche, impression renforcée par les innombrables termes de marine à voiles employés pour décrire le fonctionnement et la marche des trains, qui par exemple, tirent des bords pour avancer. Car certains trains, ici, sont comme les baleinières de jadis : ils sont occupés par des équipages qui chassent les étranges animaux vivants au bord des rails, comme les écureuils carnivores, les vers de terre géants, et surtout les taupes, de toutes races, de toutes tailles, et pour certaines, très dangereuses.

Les pages se tournent aisément, les surprises s’enchaînent, non seulement dans la narration, avec ses rebondissements, mais aussi dans la construction du livre, avec ses dessins au début de chaque partie, et ses petits chapitres où le narrateur prend le lecteur à partie, lui faisant des confidences sur l’étrange monde qu’est Merfer.

Alors oui, c’est un peu déroutant au début, mais on plonge très vite dans ce monde surprenant, si différent de celui qu’on connaît, avec ces mystérieux rails dont on ne sait rien…