Mon avis coup de coeur : Une formidable épopée, une extraordinaire histoire d’amour, deux amants entrés définitivement dans la légende...
Ce roman, je l’ai découvert dès sa sortie en anglais et ça avait été un immense coup de cœur. Et quel plaisir que de le relire en français ! Franchement un grand merci aux éditions mxm bookmark de nous avoir traduit cette fabuleuse histoire…
L’histoire nous est narrée sur un temps très long, à Sparte, entre 396 av. JC et 371 av JC, date de la célèbre bataille de Leuctres entre les Thébains menés par Epaminondas et les Spartiates. En 396, Axios et Eryx, nos deux héros, n’ont que 7 ans, et viennent de débuter l’
agôgè, le programme éducatif que tous les jeunes Spartiates doivent mener. Privés de leur famille, ils passent leur temps à apprendre à se battre, dans des conditions très dures et violentes. Et très vite, ils nouent une indéfectible amitié, qui se transformera dès leur adolescence en sentiments bien plus profonds.
Au fil des chapitres, on fait des sauts dans le temps de 2 à 4 ans et on voit donc en détail les deux garçons grandir et devenir des hommes. On assiste à leurs entrainements, à leurs doutes et leurs espoirs, aux amitiés qu’ils vont nouer avec certains garçons de leur promotions. Et, comme eux, on pleure les disparus.
Axios et Eryx sont des héros complètement différents. Dès leur plus jeune âge, Axios a du mal à comprendre le système spartiate et ne cesse de le combattre en pensées ou dans l’intimité de leurs discussions : la violence, les tueries, les profondes inégalités avec les hilotes, des esclaves considérés comme quantités négligeables… Et cela durera en grandissant. Quant à Eryx, il est complètement en adéquation avec le système. Son père a été tué après avoir fui une bataille et il ne vit que pour redorer son nom. Il fait donc corps avec l’
agôgè, comprends la violence et les inégalités sociales. Ce qui fait de lui le plus fort de leur promotion. Il est la voix de la raison, celui qui va sans cesse essayer de raisonner Axios et empêcher qu’il ne soit tué. Ensemble, ils deviennent invincibles.
Ce qui frappe surtout dans le roman c’est l’immense contraste qui existe entre la violence extrême de beaucoup de scènes décrites et la manière dont est représentée la romance. Axios est le narrateur et il vénère Eryx. Il est son tout et l’exprime sans cesse. C’est extrêmement romantique, voire très mielleux par certains moments, mais cela va complètement avec le caractère d’Axios et cela permet de contrecarrer les violences subies et pratiquées. C’est assez déroutant au premier abord mais on s’y fait assez vite et surtout on le comprend. Et, au final, on ne peut que tomber sous le charme de leur histoire d’amour. Elle est incroyable belle, couinante (oui oui couinante, tellement !) et émouvante. Une histoire d’amour qui se forge dans l’adversité, dans une société qui accepte les relations sexuelles entre hommes mais qui bannit l’amour, un sentiment pour les faibles. Une fois la dernière page tournée, on a bien du mal à oublier Axios et Eryx et ils habitent longtemps nos pensées…
« — Je n’avoue pas mes sentiments aussi facilement que toi, mais sache que je ressens la même chose. Les paroles que je t’ai dites autrefois sont vraies : je tuerai n’importe quel homme et réduirai le monde en cendres pour toi, mon guerrier. Je ne crains ni les batailles, ni la mort, mais j’ai peur du jour où tu ne seras pas à mes côtés. Ne demande jamais à qui appartient mon cœur, car il est à toi pour toujours. Dans cette vie et la suivante.
Une boule se forma dans ma gorge et je déglutis pour la chasser. Nous vivions des vies si brutales et pourtant, nous trouvions un calme rare chez l’autre. Eryx était l’ancre qui m’empêchait de dériver en mer. Mon refuge dans la tempête.
— Dans cette vie et la suivante, répétai-je, sachant que c’étaient les seuls mots qui pouvaient englober tout ce que je ressentais pour lui.
Un serment. »
Le roman est aussi une formidable histoire d’amitié. J’ai tellement aimé les amitiés qui se nouent entre Axios, Eryx, Haden, Quill et Theon. On s’attache à chacun d’eux et c’est avec un immense plaisir qu’on les suit à travers les âges.
On ne peut enfin que louer la qualité des recherches historiques, la chronologie des batailles et le système spartiate parfaitement reconstitués. Il y a bien certains anachronismes (je doute fort que beaucoup de Spartiates aient renié leur système comme le fait Axios) mais cela sert l’histoire et ce n’est pas du tout grave.
En bref, un énorme coup de cœur pour cette formidable histoire d’amour qui restera longtemps gravée dans ma mémoire…