La jolie surprise de ce début d'année !
Loin d'être un énième film de sorcières qui surfe sur le folklore habituel (chapeau pointu, balais, chat noir, verrues poilues,...), Les sorcières d'Akelarre est avant tout un film historique et profondément féministe.
Pays basque espagnol, 1609.
Dans un village de pêcheurs, déserté par les hommes partis pour une longue campagne de pêche en mer, six jeunes filles, tisserandes de profession, se retrouvent emprisonnées et accusées de sorcellerie par les redoutés et redoutables magistrats de l’Inquisition. Leurs danses dans la nature, leurs rires, leur profonde amitié et surtout leur liberté font d'elles des créatures suspectes aux yeux d'hommes que la folie et l'intolérance aveugles.
Et si bien évidemment les jeunes filles ne sont pas des sorcières, elles comprennent vite que quoi qu'elles disent ou fassent, elles sont coupables. Leur espoir ? Se jouer de cela, des peurs et désirs qu'elles s'inspirent afin de gagner du temps jusqu'au retour des hommes du village.
Récompensé par cinq Goya (équivalent de nos César), Les sorcières d'Akelarre est un film magnifique, palpitant, sensuel, intense et plein d'humour aussi malgré la gravité du propos. Il nous plonge au coeur de la terrible Inquisition espagnole qui a vu tant de tortures, d'aveux forcés, de personnes suppliciées au nom de la peur.
Ici, c'est bien le regard concupiscent des hommes, leurs désirs refoulés, leur envie de les posséder sans le pouvoir, de s'abandonner au péché de chair qui les poussent à accuser ces jeunes filles. Libres, heureuses, insouciantes, elles attirent et séduisent...et font peur pour cela.
Ajouter à cela un casting parfait, des costumes superbes, une musique envoutante, le tout baignant dans une atmosphère feutrée et intime (merci les feux de cheminée !), on obtient un film captivant de la première à la dernière minute.