GUHRKE Laura Lee - LES JEUNES FILLES EN FLEURS - Tome 3 - Désirs Secrets

Désirs secrets
Laura Lee Guhrke

Réédition le 7 décembre 2016

Quatrième de couverture :

Maria Martingale a trouvé la boutique idéale pour installer sa pâtisserie. Son rêve va enfin se réaliser! Malheureusement, elle déchante très vite lorsqu'elle s'avise que son propriétaire n'est autre que l'odieux marquis de Kayne. Douze ans plus tôt, il l'a éloignée de son frère Lawrence dont elle était éprise. Les années ont passé, Maria s'est consolée de cet amour de jeunesse, mais le marquis, persuadé d'avoir affaire à une gourgandine, menace de l'expulser. Maria se rebelle : non, elle ne laissera pas ce personnage froid et hautain ruiner sa vie une deuxième fois. Il veut la guerre, il l'aura !

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Maria, locataire à la pension de Little Russell Street, est apparue pour la première fois dans l’héritière. Amie de Prudence, elle travaillait dans un grand restaurant en tant qu’aide cuisinière et servait lors des soirées dans le beau monde. Grâce à l’argent de son amie devenue duchesse, Maria est sur le point d’accomplir son rêve : ouvrir une pâtisserie à la mode en plein centre de Londres. L’emplacement est idéal et il est donc hors de question de modifier ses projets sous prétexte que le magasin jouxte les appartements du marquis de Kayne. Car Philippe, marquis de Kayne, est furieux lorsqu’il tombe sur Maria Martingale douze après leur dernière entrevue. La jeune femme menace l’honneur de sa famille mais surtout la maîtrise de lui-même qu’il a réussi à acquérir au fil des ans.

Maria était en effet la fille du cuisinier des parents de Philippe et les deux enfants ont grandi ensemble. Ils étaient particulièrement proches jusqu’à ce que Maria atteigne ses 15 ans et que Philippe commence à la désirer. Mais il était hors de question qu’un jeune noble s’attache à une fille de cuisinier et il décida de l’ignorer. Blessée, Maria s’était alors rapprochée du jeune frère de Philippe, Lawrence. Se croyant amoureuse de lui, elle accepta de le suivre à Gretna Green pour l’épouser. Furieux, Philippe menaça de déshériter son frère qui se rétracta et offrit de l’argent à la jeune fille de 17 ans pour qu’elle quitte le domaine.

Douze ans plus tard, ils sont obligés de se côtoyer et toutes les frustrations, les non-dits et les rancoeurs remontent à la surface, menaçant de briser leurs petites vies tranquilles. Mais peut-être est-ce pour le mieux…

Laura Lee Guhrke est vraiment douée ! La série ne s’essouffle pas et nous enchante toujours autant. L’histoire est bien écrite, tous les évènements s’enchainent avec logique, et les souvenirs du passé s’intègrent parfaitement au récit. Les personnages sont bien ficelés et toute l’histoire tourne exclusivement autour d’eux. Maria est une jeune femme de 29 ans, indépendante et volontaire, prête à tout pour ouvrir enfin la pâtisserie de ses rêves. Travailleuse acharnée, elle s’intègre parfaitement dans cette fin du XIXe siècle qui vit les femmes acquérir plus d’autonomie et se battre pour leurs droits. L’auteur parvient admirablement à nous faire pénétrer dans son monde. On se surprend à éprouver aussi une passion soudaine pour les tartes au chocolat, les glaçages au sucre ou même les ustensiles de cuisine. La cuisine est une composante à part entière du roman et, de fait, la plupart des scènes clés se déroulent dans la pâtisserie de Maria.

Philippe, de prime abord, a tout d’un anti-héros. C’est un aristocrate imbu de ses privilèges et très à cheval sur les convenances. Il est arrogant, snob, froid et présente toujours un visage impassible. Ses actions et ses décisions dépendent des conventions et du respect des distinctions sociales. Même s’il apprécie Maria en tant que personne il est persuadé qu’un noble ne peut décemment s’unir à une fille de cuisinier sans attirer l’opprobre sur sa famille.

Mais on en vient à ressentir la même chose que Maria vis-à-vis de Philippe : il nous exaspère par sa morgue et sa suffisance mais en même temps il nous touche par la vulnérabilité qu’il dissimule soigneusement. Comme Maria on décèle de petits indices qui nous font penser que Philippe vaut beaucoup mieux que ce qu’il laisse paraître : une lueur trouble dans le regard vite éclipsée, un demi-sourire, un effleurement à peine esquissé, une parole d’encouragement murmurée… Le combat intérieur qui le perturbe est particulièrement bien amené et aboutit avec brio à la scène finale. Car quand Philippe décide enfin d’agir, il ne fait pas les choses à moitié. Toute la passion qu’il a contenue pendant près de 15 ans ressurgit avec force et le pousse à faire des choses qu’il n’aurait jamais imaginées, et encore moins publiquement…

Une histoire qui se lit avec bonheur et qui ravit par sa légèreté sans prétentions. Un livre qui fleure bon le pain chaud et le chocolat, de ceux que l’on peut consommer sans modération !