Beastly - Sortilège

BEASTLY - SORTILEGE

Superficiel et trop gâté, Kyle, 17 ans, est le garçon le plus populaire de son lycée. Obsédé par son image et sa notoriété, il va s’en prendre à la victime de trop… Pour s’amuser, Kyle cherche à humilier Kendra, une fille gothique de sa classe que la rumeur dit une sorcière. La jeune fille décide de lui donner une bonne leçon et lui jette un sort qui le transforme en monstre aussi hideux à l’extérieur qu’il l’est à l’intérieur. Victime du sortilège, Kyle a un an pour trouver quelqu’un qui puisse l’aimer sincèrement malgré son apparence, sinon il restera un monstre à jamais. Son seul espoir repose sur une fille discrète qu’il n’avait jamais remarquée jusqu’à présent, Lindy….

Vous l’avez bien compris à la lecture du synopsis, Sortilège (Beastly en VO) est en fait une version moderne de la Belle et la Bête, une histoire d’amour entre deux adolescents que rien ne destinait au départ à finir ensemble. Le conte a été relooké dans le monde du lycée, un univers où l’apparence compte beaucoup et où les "beaux" font la loi. Le résultat est très sympathique sans être transcendant pour autant. Il faut regarder le film pour ce qu’il est : un joli conte actualisé avec une belle morale. C’est plaisant et ça détend, on sourit et on s'attendrit. Mais il faut avouer que ça se limite à cela.

La sortie de Beastly a été repoussée pendant des mois et on en attendait beaucoup ! Peut-être même a-t-on augmenté nos exigences au fur et à mesure de la parution des photos. Résultat : une légère déception de ne pas avoir été éblouie par cette adaptation du roman d’Alex Flinn. Le début est également beaucoup trop rapide. Le personnage de Kyle n’est pas assez décrit sous son aspect d’adolescent odieux et imbu de lui-même. En l’espace de quelques minutes on arrive tout de suite à la transformation en monstre. Heureusement, après ces débuts difficiles, le film ne fait que s’améliorer ! Un seul bémol : lorsque Lindy est contrainte de venir s’installer chez Kyle pour sa propre sécurité, la scène est confuse et même quelque peu ridicule.
Pour le choix et la performance des acteurs le résultat est aussi en demi-teinte. Les filles, Vanessa Hudgens, Mary-Kate Olsen et Dakota Johnson, m’ont déçue : non pas par leur jeu d’actrices mais par la manière dont elles ont été présentées dans le film qui est très différente de celle du livre. Et cette différence est tellement importante que j’ai eut beaucoup de mal à les identifier aux personnages. Par contre, il en est tout autrement pour les personnages masculins. Alex Pettyfer incarne magnifiquement Kyle, aussi bien le Kyle égocentrique du début que le monstre qui prend peu à peu conscience de ses torts. C’est d’ailleurs surtout en monstre qu’il arrive à nous convaincre. Alors qu’il est complètement transformé physiquement, il parvient parfaitement à nous faire ressentir par sa posture et son regard ce qu’il ressent : de la peur, du dégoût de soi, de la solitude, du désespoir, de l’amour… De très nombreuses images du film ont été diffusées et cela n’a donc pas été une surprise de voir que la Bête n’est la pas la bête classique du conte ou du roman d’Alex Flinn.
Tout comme le conte, le monstre a été modernisé. Daniel Barnz a révélé que dès le début de la préparation du film le mot d’ordre était : « pas de fourrure ». C’est le maquilleur Tony Gardner qui l’a conçu (il a notamment travaillé sur le clip Thriller de Michael Jackson). Il explique son choix : « la bête devait incarner physiquement toute la haine, le dégoût, le mépris que Kyle a montrés envers les autres. Il choisit les gens pour leur apparence, leur style, leur façon de s’habiller et de se comporter, et sa malédiction lui renvoie tout cela au visage. Kyle perd toutes les choses qu’il aimait en lui – ses cheveux disparaissent, ses dents deviennent jaunes, son teint se change et sa peau se couvre de plaies. Il est affublé de toutes les choses dont il se moquait chez les gens, comme leurs tatouages et leurs piercings. Quand on regarde bien, on voit même dans ses tatouages des mots qu’il a utilisés dans les premières scènes du film. Il porte donc sur lui – au sens littéral- un peu de cette méchanceté qu’il a utilisée pour blesser les autres. » Ces tatouages se trouvent au dessus de ses yeux, en guise de sourcils : je vous laisse les découvrir… Des petits bouts de miroirs sont aussi incrustés dans la peau de la bête comme symboles de sa vanité. Le résultat est impressionnant et plus que convaincant. Au final, on est ravi de ne pas avoir eut droit à la Bête classique.
Il faut enfin évoquer l’extraordinaire performance de Neil Patrick Harris qui interprète le rôle de Will, le répétiteur aveugle de Kyle. Grâce à lui l’humour fait partie intégrante du film.

Parlons maintenant de ce qui fâche : l’adaptation du roman émponyme d'Alex Flinn. Un conseil ne le relisez pas avant d’aller voir le film, les changements passeront peut être mieux, parce qu’il y en a beaucoup ! L’esprit du livre et les grands étapes ont été parfaitement respectés : la rencontre avec Kendra au lycée au moment des élections (dans le film pour le "comité des Verts), la rose donnée à Lindy et la malédiction lancée le soir du bal ("la soirée verte" dans le film), les rencontres avec des médecins, l’exil dans la maison de Brooklyn, l’arrivée de Lindy, le dénouement. Mais pour le reste les différences sont assez importantes. Lindy est censée être quelconque, voire ingrate, ce qui n’est évidemment pas le cas de Vanessa Hudgens. Dans le livre Kyle ne sais même pas qu’elle existe jusqu’à l’épisode de la rose. Ici Lindy se présente comme trésorière aux élections et ils ont plusieurs conversations. On voit même Kyle être attirée par cette fille intelligente et qui n’hésite pas à dire ce qu’elle pense. La manière dont Lindy est amenée à s’installer chez Kyle est aussi très différente et j’avoue que je n’ai pas du tout apprécié cette scène dans le film : elle est ridicule et pas du tout crédible. Kendra a bien un look gothique mais très sexy, quand à Sloan (interprétée par Dakota Johnson, la fille de Mélanie Griffith et Don Johnson), elle n’a rien de la poupée barbie du livre. La scène finale également ne se déroule pas dans une ruelle sombre alors que Lindy est agressée mais au lycée, là où tout a commencé. La magie n’est présente que pour la transformation : dans le film point de miroir magique ni de conversations sur le net avec d’autres personnages de contes. La sublime scène du grenier avec la robe et la danse n’est également pas présente. Enfin pour ne pas que vous soyez surpris, sachez que certains prénoms diffèrent de la version française du roman : Kyle décide de changer de prénom pour être plus en phase avec sa nouvelle apparence et devient Adrian dans le livre mais Hunter dans le film ; Magda, la gouvernante, s’appelle Zola. Et le nom de famille de Kyle et son père n’est plus Kingsbury mais Kingson.