|
| DE KEYSER Frédérique - LUXURIA - Tome 1 | |
| | Auteur | Message |
---|
Karen Admin
Messages : 12159 Date d'inscription : 10/07/2011 Age : 45 Localisation : Paris
| Sujet: DE KEYSER Frédérique - LUXURIA - Tome 1 Mer 14 Sep - 11:15 | |
| Luxuria - Tome 1Frédérique de Keyser La Bourdonnaye - collection Liaisons Dangereuses - mars 2013 Dans cette nouvelle édition, les anciennes publications de Luxuria Tome 1 et 2 ont été regroupés au sein d'un seul et même ouvrage : Luxuria Tome 1 Quatrième de couverture:Quand je pense que je m’étais juré de ne jamais fréquenter les démons !
Non contents de m’embaucher, sans trop me laisser le choix soit dit en passant, dans l’un des établissements où ils avaient l’habitude de côtoyer mes semblables (et pas pour discuter art ou littérature), les voila qui essayaient de me faire croire que le salut de l’humanité et l’équilibre de leur monde reposaient sur mes épaules. Pire, il paraîtrait que j’étais responsable de la menace qui pesait sur nous tous.
J’avais peut-être une part de responsabilité dans tout ceci, et n’étais pas mauvaise au point de refuser de réparer le mal que j’avais pu faire. Mais était-ce une raison pour me coller dans les pattes de ces démons dangereusement divins et diaboliquement beaux qui menaçaient de me mettre face à celle que j’étais réellement ?
Avertissement de l'auteure: cette série est plutôt conseillée à un public averti (compte tenu notamment de certaines scènes SM - même si ça reste soft ) acheter sur le site de l'éditeur : 4,99€ | |
| | | Frederique de Keyser
Messages : 103 Date d'inscription : 12/09/2011 Age : 56
| Sujet: Re: DE KEYSER Frédérique - LUXURIA - Tome 1 Mer 14 Sep - 14:38 | |
| Comme pour Rayon de Lune, je vous confie les deux premiers chapitres de Luxuria ... Il s'agit là d'un roman d'un style et d'ambiance totalement différents ... - Spoiler:
Chapitre 1Depuis que les démons avaient investi notre dimension, avec l’autorisation de ceux qui nous gouvernent, je précise, il fallait bien dire que le monde allait un peu mieux. Ce n’était pas encore le paradis, mais le chaos dans lequel notre société menaçait de choir lamentablement avait été évité de justesse. Les négociations avaient été rudes. Cependant, les humains comme les démons avaient finalement trouvé un terrain d’entente. Aucun d’entre nous, pauvres créatures mortelles, n’avait été dupe quant à ce qui avait motivé les démons à accepter nos conditions. Leur présence parmi nous ne devait rien à une quelconque philanthropie. Nos dirigeants, pour ce que nous en savions, avaient trouvé le moyen de les contacter et s’étaient aperçus que leurs capacités s’avéreraient très utiles pour nous sortir du bourbier. Les démons avaient donc remis un peu d’ordre dans notre société devenue merdique, notamment en ce qui concernait la délinquance, et rétabli une justice à peu près digne de ce nom. Pour la première fois depuis longtemps nous n’étions plus terrorisés à l’idée de nous promener dans la rue, nous n'avions plus peur de nous faire agresser parce que nous n’avions pas le regard qu’il fallait ou parce que nous possédions quelque chose qu’un agresseur voulait, même s’il n’en avait aucun besoin. Les sanctions étaient redevenues cohérentes avec les délits, à savoir que celui qui volait de l’argent risquait moins qu’un violeur ou qu’un agresseur de vieilles dames. Ces créatures, qui avaient pourtant la réputation d’être malveillantes, avaient cependant contribué à rétablir certaines valeurs méprisées depuis belle lurette par la majeure partie de l’humanité. Ainsi, le dieu fric, la déesse du paraître et leurs enfants, bêtise et superficialité avaient presque été détrônées pour laisser place à des principes un peu plus élevés. Les démons accueillaient en outre avec plaisir les personnes avides de connaissances, spirituelles notamment, auxquelles ils dispensaient des enseignements. Ils avaient pourtant bien insisté sur le fait qu’en aucun cas il ne s’agissait d’une énième religion, mais d’un accès à la compréhension et au savoir. Ce que les églises en place, sentant leurs dogmes et leur autorité – surtout – menacés, avaient immédiatement qualifié d’hérésie insupportable. Elles n’étaient cependant pas parvenues à s’entendre, même sur ce point qui aurait pu, à mon sens, les réunir. De plus, plusieurs groupuscules plus ou moins extrémistes, heureusement encore isolés et peu organisés, avaient commencé à fleurir çà et là en réaction à l’occupation. C'est pourquoi certains démons patrouillaient dorénavant dans nos rues pour surveiller tout ce petit monde intolérant. Je n’avais personnellement jamais bien compris comment tout ceci avait commencé, qui était entré en contact avec qui en premier, et j’avoue que je m’en fichais un peu. Je n’étais pas non plus particulièrement ravie de devoir côtoyer des démons, aussi, évitai-je leur fréquentation autant que possible. Mon caractère m’aurait d’ailleurs très probablement conduit à dire, ou à faire, quelque chose que j’aurai regretté immédiatement. En réalité, même si je ne suis pas d’un tempérament très facile – on me traite souvent de râleuse – c’est plutôt l’image de dure à cuire que je voulais donner de moi et dont j’usais dans la rue qui aurait pu être mal interprétée. Je me protégeais en quelque sorte pour ne pas exposer une sensibilité que je considérais comme une faiblesse. De plus, sans être une déesse, mon physique suscitait déjà suffisamment de convoitise chez les humains sans que je pousse le vice au point d’aller aguicher les démons. Il ne m’était pas spécialement difficile de ne pas les rencontrer dans la mesure où ils fréquentaient essentiellement les clubs créés à leur intention, où ils pouvaient laisser libre cours à leurs appétits avec des humains consentants. D’ailleurs, c’était une chose que je ne parvenais pas bien à saisir les concernant. Ces êtres, dont la nature était infiniment plus subtile que la nôtre, qui leur permettait par ailleurs d’expérimenter des choses dont nous n’avions même pas idée, semblaient cependant irrésistiblement attirés par notre corps physique, notre chair. Les reconnaître était facile. Ils étaient tous – absolument tous, mâles ou femelles – d’une beauté à couper le souffle et dotés d’un charisme propre à faire exploser n’importe quelle libido. D’autant qu’ils avaient la faculté d’adapter leur apparence physique en fonction de l’idéal de leur proie du moment. Ce qui n’était certes pas du jeu puisqu’ils obtenaient ainsi ce qu’ils souhaitaient, mais cela semblait satisfaire toutes les parties en présence. Je n’avais bien évidemment jamais mis les pieds dans leur monde, aussi je me contentai d’intégrer les informations qui me tombaient sous les yeux à leur sujet. Trois catégories de démons fréquentaient notre dimension : les Vovims – majoritairement masculins –, les Ananaels – majoritairement féminins – et les Oxiyala – où mâles et femelles étaient également représentés. Vive la parité ! Chaque caste était identifiable à la marque qu’ils portaient sur le cou, comme un tatouage, juste sous l’oreille. Les Vovims arboraient une étoile noire à huit branches, les Ananaels, un symbole ressemblant à trois triangles entrelacés – un peu comme le symbole du dieu Odin, mais avec la pointe vers le bas – et les Oxiyala un pentagramme noir, vert, rouge ou bleu. Je n’avais strictement aucune idée de la signification du nom de leur catégorie et ne tenait pas plus que ça à le savoir. Surtout les Vovims, qui, s’ils étaient particulièrement séduisants, à mon goût en tout cas, véhiculaient une aura de puissance, de danger et de violence beaucoup plus prononcée que les autres. À moins que cela ne vienne de leur tenue, j’allais dire : réglementaire, qui consistait en un pantalon en cuir et t-shirt, noirs, sur lesquels ils portaient généralement un long manteau en cuir. Ou de leur attitude impassible, voire dure, comme si rien ne pouvait les atteindre. C’est à eux qu’était échue la mission de patrouille dans nos rues et les Vovims étaient également très représentés dans les lieux de débauche. Et notamment deux d’entre eux, que leur réputation précédait. J’avais lu un article, l’interview de quatre femmes passées entre leurs mains et qui ne tarissaient pas d’éloges sur leurs qualités d’amants. Elles se vantaient d’avoir enfin découvert ce qu’était le plaisir, grâce à eux, ainsi que d’avoir testés des pratiques extrêmes – pour elles – et eu connaissance de nouvelles perversions dont elles n’avaient pas le droit de parler. Il était clair qu’elles étaient devenues complètement droguées au sexe. Ou aux démons. S’en suivait une liste non exhaustive de ce à quoi les démons s’étaient livrés sur et avec elles. Je me promis de tout faire pour éviter de rencontrer ces deux spécimens que je soupçonnais presque d’être impuissants lors de rapports classiques, ou à tout le moins sans fouet, corde, menottes, etc. Pour ma part, lorsqu’il m’arrivait de croiser un démon dans la rue, je changeais de trottoir et n’avais jamais mis les pieds dans un « 156 », surnom des établissements où ils se sentaient presque comme chez eux. La rumeur courrait que ce nombre était en rapport avec une entité qui, lorsque vous aviez affaire à elle, vous démontrait que nier sa nature animale, la bête qui réside en chacun de nous, était une erreur fatale bloquant toute possibilité d’évolution individuelle. Nul doute dans mon esprit que ceux qui fréquentaient ces clubs ne niaient plus rien du tout… Ne pas fréquenter les démons ne signifiait pas que je ne m’y intéressais pas. Je me tenais au courant, en lisant les journaux. Je n’avais d’ailleurs plus grand-chose d’autre à faire ces derniers temps, en dehors de chercher un nouveau travail. J’avais envoyé paître mon employeur, en le traitant de « gros porc inculte » (inculte parce que bien que gérant d’une librairie, je le soupçonnais d’être, peut-être pas illettré, mais limité oui sans aucun doute), sous l’œil effaré des clients de la librairie, après qu’il ait tenté, une fois de plus, de me coincer dans la réserve. Passée maîtresse dans l’art de lui échapper, je m’étais précipitée dans la boutique où il m’avait suivie en me traitant de, et je le cite, « salope d’allumeuse », d’où ma propre réplique. Il faut croire que même habillée comme un sac – ce que je faisais depuis que je bossais dans cette boite – j’éveillais ses appétits. Je n’étais pas ce genre de femmes, faussement modestes, qui feignaient ne pas connaître ou voir l’effet qu’elles avaient sur les mâles. D’ordinaire j’aimais cela, appréciant sentir les regards gourmands me – presque – déshabiller, les hommes se retourner sur mon passage. Ma propre conception de ce qu’on appelle d’habitude des tenues sexy semblait en accord avec celle de la gent masculine. Rarement, voire très rarement, en jupe, je ne dévoilais la plupart du temps qu’un minimum de peau, mais mes tenues noires et moulantes semblaient pallier ce manque. Ma passion pour la couleur noire, qui à mon sens avait l’avantage d’éviter les fautes de goût notamment, avait toujours désespéré mes parents. Ma mère surtout, qui parfois revenait des courses avec des vêtements achetés pour moi, qu’elle choisissait immanquablement de couleurs vives ou pastels et qui, invariablement atterrissaient dans sa propre garde-robe. Mais le pire, pour elle, avait été lorsqu’à l’âge dix-sept ans, j’avais voulu me colorer les cheveux, pourtant bruns. J’étais quand même parvenue à résister à la tentation d’acheter des lentilles pour foncer encore la couleur de mes yeux, estimant que finalement mes iris bleu marine étaient déjà suffisamment sombres. J’entendais encore les cris horrifiés de ma mère : – Sláine, ma chérie, ne fais pas ça ! Non seulement tu vas ressembler à un cadavre, mais en plus, ça va abîmer tes beaux cheveux... J’avais cédé cette fois-là et abandonné mon projet. Momentanément. Je trouvais que le noir était beau, me convenait parfaitement, et mon attirance pour cette non couleur n’avait rien de morbide. Ni rien à voir non plus avec ce qui m’était arrivé lorsque j’étais adolescente bien que cela aurait pu – ou dû – être le cas. Avec quelques amies, nous avions décidé de faire une séance de spiritisme, pour nous occuper et nous amuser. Nous étions jeunes. Et stupides. Adolescentes quoi. Nous aurions dû tout simplement aller au cinéma. Mais non, ce jour-là il était écrit que nous devions gâcher nos vies. C’était un dimanche de vacances et nous nous ennuyions à mourir. Je me suis toujours raccrochée, même après l’accident, au fait que ce n’était pas moi qui avais eu cette mauvaise idée. Ce n’est pas tant le fait d’avoir voulu contacter l’au-delà qui a été dramatique, mais plutôt notre volonté de nous amuser ainsi. Quand je dis perdues, je ne suis pas loin du compte, car je fus la seule à avoir retrouvé une vie à peu près normale. Mes trois copines, aux dernières nouvelles puisque même quinze ans après leurs parents m’interdisaient encore de venir les voir ou même de leur téléphoner, suivaient un traitement lourd pour ne pas sombrer définitivement dans la folie, aidées en cela par des parents navrants, butés, et j’irais jusqu’à dire mauvais pour elles. Pourtant, c’était moi qui avais subi le choc le plus violent, physiquement. Ce qui les a traumatisées, elles, fut de m’avoir crue morte avant de me voir faire une crise de démence. Je fus la seule également à « bénéficier » d’un séjour à l’hôpital avant d’entrer en établissement spécialisé. Pendant deux mois, paraît-il. Pour moi, je n’y étais restée qu’une semaine. Je m’étais réveillée un jour, seule, dans une chambre toute blanche sans comprendre ce que je fichais là. Il m’avait fallu suivre des séances d’hypnose pour retrouver une partie de mes souvenirs. Je ne voulais pas, pressentant que ça ne me plairait pas du tout, mais les parents de mes copines, ainsi que la police, avaient insisté. J’avais donc subi quelques séances de tortures qui m’avaient laissée anéantie. Plus exactement, puisque je ne me souvenais de rien, entendre les enregistrements, ma voix terrifiée raconter ce que j’avais vécu m’avait accablée, mais aidée aussi. Il semblerait, selon mes propres dires, que dès le début de la séance, rien ne s’était passé comme cela aurait dû. L’entité ou l’être désincarné qui était entré en contact avec nous avait commencé par nous écrire des propos orduriers, se réjouissant visiblement d’avoir quatre filles à peine nubiles à se mettre sous la dent. Toujours d’après moi, le verre aurait écrit « sauvez-vous » juste avant d’être projeté avec une force inouïe et d’entrer violemment en contact avec mon crâne, me laissant sur le carreau. Ce fut à cet instant que mes amies m’avaient crue morte. Apparemment elles auraient perdu les pédales au moment où je me suis réveillée, le visage en sang. Sans doute avaient-elles eu peur de se retrouver en face d’un zombi en puissance. Il paraîtrait également que je m’étais mise à parler avec la même voix de Regan dans le film « L’Exorciste », pour les invectiver, puis, chose curieuse, leur faire promettre de ne jamais recommencer une chose pareille. La promesse ne fut pas difficile à tenir. J’étais finalement beaucoup plus forte que je ne le pensais. Je m’en étais sortie sans trop de dommages physiques ni psychologiques, même si je n’avais plus jamais mis les pieds au collège, pas plus qu’au lycée. C’est en cela que j’avais probablement gâché ma vie, mais jamais mes parents ne m’avaient tenue pour responsable de ce qui s’était passé, ni ne m’en avait voulu de ne pas reprendre ma vie là où je l’avais laissée. Ils m’avaient aidée. Aimée surtout. Je n’étais pas non plus devenue droguée ni alcoolique. J’avais mes failles, mes peurs, mais rien de dramatique. J’étais un être humain normal, ni plus ni moins névrosé qu’un autre. Et un individu qui devait absolument se bouger les fesses pour aller chercher un nouveau travail. Si j’avais pu tenir avec mes quelques économies depuis ma démission, je devais tout de même me renflouer. Et puis, j’étais incapable de rester cloîtrée chez moi toute la journée. Après un solide petit-déjeuner, une bonne douche, je pris la décision de m’habiller comme j’en avais envie. Je n’avais plus à me soucier de l’autre andouille lubrique, aussi me fis-je plaisir en enfilant un jean en stretch (noir, évidemment) ainsi qu’un t-shirt à manches longues très très moulant. Abandonnant l’idée de mettre des talons hauts pour parcourir la ville, j’optai pour ma paire de bottes de sauts – non pas que je fasse du saut en parachute, j’avais bien trop le vertige pour ça, mais j’aimais le look de ces chaussures sobres, solides et confortables. Une touche de maquillage et j’étais fin prête avec ma liste d’annonces d’offres d’emploi glissée dans mon sac à dos. Ma matinée ne donna rien, pas plus que mon après-midi, tous les postes ayant été pourvus avant mon arrivée. J’étais tellement fatiguée et découragée que je ne pus résister à la tentation, en passant devant la librairie où j’avais travaillé, mais surtout en voyant le Gérant, Monsieur François Bouvier, glandouiller – ou reluquer les passantes plus certainement – comme à son habitude sur le pas de sa porte, de lui adresser une grimace. Puéril, mais ô combien réjouissant. J’allais poursuivre mon chemin lorsque je l’entendis marmonner dans mon dos. – Espèce de pute. Mon sang ne fit qu’un tour. Je rebroussai chemin et me plantai devant cet homme qui me faisait horreur, qui transpirait la vilenie et la couardise, et qui empestait par-dessus le marché. Je n’avais jamais supporté l’eau de toilette de luxe, dont il s’aspergeait à profusion et qui devait lui donner l’impression de ressembler à l’homme superbe qui apparaissait dans la publicité de ce parfum. – Écoute moi bien, commençai-je en lui adressant mon regard le plus froid, veux-tu que je te dénonce, que je raconte comment tu obliges ton comptable à trafiquer tes comptes en plus du harcèlement sexuel auquel tu te livres sur tes employés ? Son visage vira au cramoisi. – Si tu fais ça je te… – Tu quoi ? prononça une voix singulièrement grave derrière moi, me faisant simultanément sursauter et me retourner. Mes yeux rencontrèrent une surface en coton, noire, qui avait l’air aussi dure que du béton armé. Un parfum légèrement poivré chatouilla mes narines. Puis mes yeux remontèrent, remontèrent encore, jusqu’à m’obliger à pencher la tête en arrière pour rencontrer deux yeux, noirs aussi, baissés sur moi. Mon cœur fit un looping dans ma poitrine lorsque mon cerveau analysa, sur ce trajet captivant, il faut bien le dire, le dessin qui ornait le cou de celui qui venait de nous interrompre en pleine altercation. Baissant vivement la tête, je fis volte-face et tentai de me faire toute petite. Un autre démon se trouvait maintenant derrière le libraire dont la peur se manifestait par un regard apeuré et un accès de transpiration. Le démon venait de poser une main sur son épaule secouée de spasmes de terreur. Je jetai un discret coup d’œil au nouvel arrivant histoire de prendre sa mesure. Il avait le visage d’un ange. Aussi grand que celui qui se tenait toujours derrière moi, ses cheveux blonds lui arrivaient aux épaules et son regard bleu glacial était rivé sur le sommet du crâne de sa proie. – Alors ? s’impatienta le démon auquel je tournais le dos. Réponds ? Que vas-tu faire si elle met ses menaces à exécution ? – Rien, s’exclama celui-ci d’une voix rendue très aiguë par la peur. Rien du tout, c’est juste que… Je vis la main du blond resserrer son emprise sur l’épaule de Bouvier qui écarquilla encore les yeux et grimaça de douleur. Il m’étonna, car il trouva le courage de poursuivre. – Elle bossait pour moi et c’est une allumeuse. Je le fusillai du regard. Je lui en voulais de détourner l’attention sur moi. Cette belle ordure préférait me jeter en pâture aux démons pour se sortir du pétrin plutôt que de faire preuve de solidarité pour quelqu’un de son espèce. Je contre-attaquai. – Non, c’est de pute que vous m’avez traitée, espèce de… – Et c’est le cas ? demanda la voix grave dans mon dos. – Non ! m’offusquai-je. – Vous semblez bien le connaître pourtant, poursuivit la voix. – J’ai effectivement travaillé pour lui, avouai-je, mais j’ai démissionné parce que j’en avais marre de son harcèlement. – Ça devait vous manquer puisque vous êtes là, intervint le blond. Son regard pétrifiant désormais posé sur moi me fit froid dans le dos. Je soupirai. Je savais parfaitement qu’ils le faisaient exprès, sans doute pour s’amuser un peu, mais ne pus m’empêcher de me justifier. – Je passai juste devant sa boutique pour rentrer chez moi. C’est interdit ? – Avec l’espoir de vous faire réembaucher peut-être ? – Absolument pas, pour rien au monde je ne retravaillerai pour lui. Oh et puis flûte, je me casse, m’exclamai-je en m’écartant pour reprendre ma route. Tout démon qu’ils étaient, ils n’avaient pas le droit de se mêler de ça. Malgré les conventions passées avec les humains, ils n’avaient aucun droit de basse et haute justice sur nous. Je n’avais pas fait deux mètres que je fus happée par une main qui se saisit de mon bras pour m’en empêcher. – Non, non, non, vous restez là. J’aimerai comprendre, insista le démon sans me lâcher malgré mes mouvements pour me libérer. – C’est ridicule, soupirai-je. C’est juste une querelle entre… – Deux amoureux, railla le blond. Beurk ! – Non, un ex-employeur malhonnête et une ex-employée, répondis-je avec une moue de dégoût. – Elle a raison, rien de bien méchant, plaida le libraire en me fixant d’un air pourtant mauvais. Le démon blond fixa un moment son acolyte avant de se décaler pour faire face à mon ancien patron auquel il tendit une carte plastifiée. Je vis son visage s’éclairer comme si on venait de lui offrir un chèque à cinq chiffres. Il s’agissait en réalité d’une entrée gratuite pour un club 156 de son choix. Je détournai le regard, écœurée. Après avoir observé l’homme rentrer d’un pas léger dans sa boutique, les deux démons reportèrent leur attention sur moi. Tous deux me faisaient face et je me demandai, prête à fuir à toutes jambes, ce qu’ils avaient prévu pour moi. Je les observai d’un œil méfiant, ce qui me permit de prendre la mesure de celui qui était resté dans mon dos la plupart du temps. Mal me prit de le faire. Déjà, je n’aimais pas du tout sa manière de me regarder. Et il était beaucoup trop beau pour ma sécurité. Ses cheveux aussi noirs que son manteau en cuir étaient retenus en queue de cheval, excepté deux mèches libres qui partaient de ses tempes. Ses yeux magnifiques, soit dit en passant, brillaient d’une lueur qui me dérangea singulièrement. Son visage, un peu dur et résolument viril demeurait impassible. Et merde ! pensai-je en sentant mes genoux flageoler. J’avais chaud et mon cœur battait un peu trop vite. Ce qui ne m’empêcha pas de poursuivre mon examen en laissant mon regard reluquer ce que son long manteau ouvert me permettait d’apercevoir. Des muscles en acier trempés, moulés dans un t-shirt noir, puis de longues jambes prisonnières d’un pantalon en cuir, noir également. Et pour finir, une paire de bottes bardées de métal et capables, à première vue, de défoncer un crâne très facilement. Mes yeux remontèrent finalement pour croiser à nouveau le regard d’onyx. Un hoquet de surprise se coinça dans ma gorge. Le démon me parut soudainement plus grand. Ce qui n’était pas pour me rassurer, car j’en conclus qu’il devait avoir ajusté sa stature à mes propres goûts. C’était terriblement gênant, excitant aussi, mais également terrifiant. J’avais l’impression d’être devenue une proie. – Seriez-vous intéressée par une offre d’emploi ? me demanda le blond. Détournant mon regard vers lui, il me sembla apercevoir une lueur ironique dans ses yeux. Je hochai la tête. – Quel genre de travail recherchiez-vous ? – N’importe… Réalisant immédiatement mon erreur, je m’empressai de rajouter : – Enfin, presque. – Serveuse ? Dans un bar ? – Éventuellement, oui. Le démon me tendit la carte d’un club de luxe au nom évocateur de Luxuria. – Je vous remercie, mais je n’ai pas envie de bosser dans ce genre d’endroit, dis-je en la lui rendant. – Vous refusez ? s’exclama le brun dont le visage perdit sa fixité. Il ne devait pas avoir l’habitude que l’on refuse ses offres. Je fus ravie de lui apprendre quel effet cela faisait. – Oui, affirmai-je. Et vous n’avez pas le droit de m’y contraindre, ajoutai-je. – C’est vrai, convint-il volontiers. Nous n’avons pas le droit, mais nous le pouvons. Prenant sur moi de ne pas répliquer à la menace sous-entendue, je gardai finalement la carte que je fourrais dans ma poche. Inutile de vous préciser que je n’avais aucune intention de m’y rendre. Je ne sus pas si l’un ou l’autre perçut ou entendit mes pensées, mais le blond intervint à nouveau. – Réflexion faite, nous allons vous y conduire, tout de suite, pour votre entretien d’embauche. Ma bouche s’assécha et mon cœur fut malmené par des palpitations terribles. Mes nerfs n’allaient pas beaucoup mieux. Je serrai les poings pour empêcher mes mains de trembler. Je n’avais aucune envie d’aller où que ce soit surtout escortée par deux démons, mais n’avais malheureusement pas le choix. Leur insistance à m’embaucher était-elle motivée par mon refus et leur esprit de contrariété ou s’agissait-il d’autre chose ? Les deux hommes m’invitèrent à monter dans leur voiture garée à quelques rues, à l’arrière du véhicule. J’hésitai quant à savoir si je devais me considérer comme un VIP ou comme un condamné que l’on conduisait à l’échafaud. Il n’était pas dans les habitudes des démons de fréquenter les humains en dehors des 156, et encore moins de s’afficher avec eux dans la rue. Sur le trajet qui menait à leur voiture, j’avais surpris les regards, tantôt emplis de pitié, tantôt d’envie que les passants m’avaient jetés. Assise sur la banquette arrière, affichant un air revêche et croisant mes bras contre ma poitrine, je les maudissais en silence pendant le trajet. Je n’en menai pas large en réalité. Mais je ne voulais pas le leur montrer. – Vous nous connaissez mal, mademoiselle, déclara soudain le blond en me jetant un rapide coup d’œil dans le rétroviseur. Vous êtes pleine de préjugés à notre égard. – Vraiment ? m’étonnai-je d’un air dédaigneux. – Je vous assure. Nous avons du respect pour vos semblables Tu parles ! – La seule raison pour laquelle vous êtes ici est votre concupiscence sans limites, répondis-je, consciente de sans doute aller trop loin. Vous vous servez de nous pour assouvir vos vices. – Ne parlez pas de ce que vous ne connaissez pas, mademoiselle. Et je ne saurais trop vous conseiller de ne pas aller trop loin. Malgré l’avertissement, je continuai sur ma lancée. – Comment pourriez-vous avoir du respect puisque vous ne ressentez strictement rien, ni sentiment ni… – La ferme ! gronda rageusement le brun jusque-là resté silencieux. Je la fermai donc et surpris le coup d’œil en coin que le blond lui jeta. Le reste du trajet se déroula dans le silence absolu. J’avais beaucoup trop chaud et la présence des deux superbes spécimens assis devant moi n’y était pour rien. Le chauffage était monté à fond, une douce torpeur m’envahissait.
Chapitre 2
Je me réveillai en sursaut dès que la voiture s’arrêta. J’avais dû m’assoupir ce qui me déplut prodigieusement. J’avais été à leur merci absolue et fut surprise d’être toujours intacte. Le démon blond me proposa sa main pour m’aider à sortir après avoir ouvert la portière. Je fis comme si je n’avais rien vu et sortis par mes propres moyens avec un manque de grâce total. Nous étions garés sur un parking, désert, au pied d’un bâtiment qui ressemblait plus à un entrepôt à l’abandon qu’à un club tout neuf, excepté que l’enseigne était allumée, des lettres en néon rouge agressif disposées juste au dessus de la porte d’entrée. Sans s’occuper de moi, les deux démons se dirigèrent vers celle-ci qui s’ouvrit – j’allais dire comme par magie – automatiquement lorsqu’ils s’y présentèrent. Je restai bien sagement derrière eux, n’étant pas stupide ou inconsciente au point de tenter de m’enfuir alors qu’ils n’étaient pas loin. Et j’avoue que j’étais un rien curieuse d’entrer dans un tel endroit. Je regardai autour de moi. Nous étions apparemment juste à la sortie de la ville, dans l’ancienne zone industrielle. Super ! Nous étions complètement isolés. Enfin, j’étais loin de chez moi et sans aucun moyen pour m’enfuir autrement qu’en courant si l’occasion se présentait. Les deux démons pénétrèrent dans le bâtiment où j’entrai à leur suite. J’avoue que je fus déçue, car le hall était plongé dans une obscurité presque totale qui m’empêchait de distinguer le décor. La seule lumière dispensée était celle de l’enseigne qui passait par la porte restée ouverte. Je plissai les yeux pour affiner ma vision. En vain. En revanche, je ne pus manquer de voir la femme qui se jeta littéralement au cou des deux mâles. Elle embrassa le blond qui enroula, presque brutalement, un bras autour de sa taille. Je baissai les yeux et fixai le bout de mes chaussures lorsque le brun se plaqua dans le dos de la femme et entreprit de l’embrasser dans le cou alors qu’elle semblait déjà très occupée avec le blond. Je n’étais pas particulièrement coincée, mais n’avais pas spécialement envie d’être spectatrice de… de quoi que ce soit. Une fois décollée des deux hommes, au bout d’un long temps que je vécus comme un grand moment de solitude, la femme, très jolie au demeurant, s’avisa enfin de ma présence derrière eux. – Qui est cette petite souris ? demanda-t-elle avec un sourire franc à mon attention. J’aurais voulu la détester d’être aussi belle, et aussi sereine et agréable, mais dès que mon regard croisa ses beaux yeux couleur pervenche, je me surpris à la trouver immédiatement, et sans aucune raison, sympathique. La couleur de ses cheveux était notre seul point commun. Elle les portait très très courts et sa note de coiffeur devait correspondre au quart de mon ancien salaire. Beaucoup plus grande que moi, elle avoisinait le mètre quatre-vingt et était aussi beaucoup plus appétissante que moi. Vêtue d’une splendide et ultra sexy robe corset en fin cuir noir, elle était perchée sur les talons d’au moins douze centimètres de ses splendides cuissardes lacées sur le devant et sur toute leur longueur. Visiblement, les affaires marchaient bien pour elle, quelle qu’ait été sa profession, et sa tenue avait au moins le mérite d’annoncer la couleur. Je me surpris à m’imaginer dans une telle tenue puis eus une grimace dépitée devant le résultat que me fournit mon cerveau. Grotesque ! Je ressentis également une pointe de jalousie vis-à-vis de cette femme auprès de laquelle je me trouvai totalement insipide. Intimidée également. – L’employée qui te manquait, lâcha laconiquement le blond. – Parfait. Et comment s’appelle-t-elle ? lui demanda-t-elle avec un demi-sourire en levant un sourcil soigneusement épilé. Elle semblait très bien connaître les deux énergumènes, autrement que charnellement j’entends, et savait pertinemment qu’ils n’en avaient aucune idée. Le blond se tourna d’ailleurs vers moi. – Sláine, répondis-je en souriant à la femme. – Enchantée, moi c’est Léa, je suis la gérante de ce bar. Je suppose que vous n’avez pas la moindre idée du nom de ces messieurs ni de ce que je vais vous demander de faire ici ? me demanda-t-elle de manière presque complice. – Exact, répondis-je laconiquement. Je priai avec ferveur pour que mon emploi se limite à servir des consommations au bar, ou en salle, au pire. Comme si Léa connaissait à l’avance ma réaction à ce qu’elle allait devoir m’annoncer, elle s’empara de mes deux mains qu’elle garda fermement dans les siennes. Pour m’empêcher de prendre mes jambes à mon cou ? – Siatris et Sio sont les propriétaires de cet établissement. Un voile noir passa devant mes yeux, je déglutis avec peine et me contraignis à ne surtout pas la quitter des yeux. Ces deux démons étaient précisément ceux que je m’étais juré de ne jamais approcher. Le regard de Léa se fit rieur. – Siatris, c’est le blond, chuchota-t-elle en se rapprochant de moi, comme si cette indication pouvait être à même de me rassurer. Je hochai imperceptiblement la tête. Ces deux pervers allaient devenir mes boss… c’était bien ma veine ! – Ne prenez pas mal ce que je vais vous demander maintenant, me dit-elle ensuite. Êtes-vous vierge ? – Scorpion, répondis-je du tac au tac ce qui la fit éclater de rire et m’adresser un clin d’œil. – Un petit ami ? – Aucun. Ni homme ni femme, précisai-je avant qu’elle ne me le demande. – Vraiment ? s’étonna-t-elle. Pas même un amant ou… – Non. Elle n’insista pas, mais je voyais bien qu’elle commençait à se poser des questions me concernant, à se demander si je n’étais pas affligée d’une tare quelconque ou même complètement frigide. Je n’avais pour l’heure aucune intention de lui parler de ma vie sexuelle, qui soit dit en passant était tout ce qu’il y a de plus normale et satisfaisante. – Des convictions religieuses ? – Non plus. – Aucune expérience traumatisante, surnaturelle, spirituelle ? Possession, ou appartenance à un groupe ? Je cillai et ne répondis pas ce qui eut l’air de la troubler autant que d’interpeller les deux démons qui se rapprochèrent de nous. – Léa vous a posé une question, intervint le dénommé Siatris en me fixant de son regard réfrigérant. – Non, dis-je avec une conviction propre à m’en persuader moi-même. Siatris intensifia son regard comme pour s’insinuer dans ma tête et plissa les yeux. – Vous mentez ! s’exclama-t-il alors. – Je… Je ferais mieux de partir, bredouillai-je en me détournant pour m’en aller de cet endroit où je n’avais rien à faire et surtout où je n’avais aucune envie de me trouver. J’en fus empêchée par Sio qui me bloqua l’accès à la porte. Je n’osai lever les yeux sur lui et gardai les yeux obstinément baissés. Léa se rapprocha de moi et me prit par les épaules pour m’obliger à la regarder. – N’ayez pas peur, ils ne vous feront rien. Ben voyons. – Mais c’est le règlement, vous devez me le dire. – Tout de suite ? demandai-je d’une voix qui se cassa au milieu de ma phrase. – Je suppose que ça peut attendre un peu, m’informa-t-elle en demandant confirmation d’un coup d’œil à Sio. Elle dut la recevoir puisqu’elle poursuivit : – Dans un premier temps, vous servirez au bar. Je m’entendis soupirer de soulagement, ce qui la fit sourire. – Nous ne sommes pas une maison close, m’informa-t-elle alors, ressentant visiblement le besoin de se justifier ou de me remettre à ma place. Nous n’avons pas d’employés… heu… de ce genre. Nos clients payent leurs consommations ainsi que les salles dont ils souhaitent disposer, au sous-sol. Je hochai à nouveau la tête. Elle enchaîna. – Ils, ou elles, viennent déjà accompagnés ou trouvent leurs partenaires parmi les clients déjà présents. La règle étant que tous les humains, sans exception, sont consentants. Le tri est fait à l’entrée. Vous n’aurez donc pas à vous occuper de quoi que ce soit d’autre que du bar. Un peu rassurée par ses propos, je me sentis me détendre. – Vous disposerez de votre appartement, ici, dans les étages. Là je me raidis à nouveau. Je n’avais aucune intention de séjourner dans cet antre de la luxure en permanence. – Mais… – Nous serons ouverts presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. L’inauguration a lieu ce soir, à vingt et une heures. Vous commencerez demain soir. Sommes-nous d’accord ? J’avais envie de prendre mes jambes à mon cou et de partir de là. Pourtant, je m’entendis accepter. Je ne sais vraiment pas pourquoi je répondis cela, mais je n’étais pas loin de soupçonner quelque manipulation mentale. – Parfait ! s’exclama Léa visiblement contente de ma réponse. Je vais faire rapporter toutes vos affaires pendant que Sio s’occupe de vous. Tout mon sang reflua de mon visage. – Enfin, je veux dire pendant que vous discutez avec lui, rectifia-t-elle avec un sourire qui se voulait rassurant. Je subodorais que c’était surtout moi qui allais parler étant donné que le dénommé Sio semblait particulièrement avare de ce côté là. Je regardais Léa, à qui j’avais confié les clés de mon appartement après lui avoir indiqué où il se trouvait, s’éloigner avec Siatris, désespérée qu’elle me laisse seule avec le démon. – Suivez-moi, ordonna ce dernier en passant à côté de moi. Je le remerciais mentalement de ne pas me toucher. Comment savoir comment j’aurais réagi alors ? Je le suivis de près, n’y voyant pas grand-chose et n’ayant aucune envie de me perdre dans l’établissement. Il se dirigea vers la porte d’un monte-charge situé juste à gauche de la porte d’entrée qui se ferma automatiquement dès que nous nous fûmes éloignés. Si j’avais su à quoi m’attendre des appartements de Sio, je n’aurais pas prié pour que le temps passé avec lui dans le monte-charge soit le plus court possible. Après l’avoir suivi dans le long couloir, dont le sol était recouvert d’une épaisse moquette, chichement éclairé par quelques veilleuses encastrées dans les murs peints en rouge foncé, il ouvrit une porte tout au bout du corridor et entra le premier. Apparemment la galanterie n’était pas un trait de caractère prédominant chez les démons. Il ne s’était pas préoccupé une seule fois de vérifier si je le suivais. Je crois qu’il le savait. Comment ? Moi je n’en avais aucune idée. Je restai sur le pas de la porte, car la pièce était dans l’obscurité totale et quelque chose me disait que je ne devais surtout pas y entrer. J’en eus la confirmation dès que Sio alluma une lampe qui dispensa une faible lumière rouge. J’eus un haut-le-cœur en découvrant l’antre où il espérait que je pénètre. Je crois même que je fis un pas en arrière. Moi qui aimais le noir, j’étais servie et aurais dû apprécier, mais ce n’était pas le cas. Je me sentis oppressée. L’appartement, gigantesque était intégralement peint en noir, le sol recouvert de moquette noire, les meubles noirs. Enfin les meubles… Il s’agissait surtout d’un lit démesuré, avec colonnes, qui trônait au beau milieu de la pièce et de tout un attirail de psychopathe, soigneusement rangé sur des râteliers et étagères, exposés aux murs ou disposés telles des œuvres d’art dans la pièce. Sio était incontestablement adepte de jeux SM, ce qui ne m’amusait pas du tout ! D’autant que je soupçonnais que le démon qui me fixait désormais d’un air railleur n’avait sans doute jamais expérimenté ce qu’il infligeait aux malheureux qu’il soumettait. Ce en quoi je me trompais, mais je ne le savais pas encore. Une fois de plus, je croisai nerveusement mes bras contre ma poitrine pour me protéger comme si les fouets et autres instruments de torture avaient été capables de se mouvoir tous seuls pour m’attacher, me frapper, me blesser. – Asseyez-vous, ordonna la voix grave de Sio. – Où ? demandai-je un peu agressivement. Il ne me répondit pas et ôta son manteau qu’il jeta sur le lit avant de disparaître derrière. J’avais retenu, de justesse, une exclamation en voyant la perfection de son corps moulé dans ses vêtements. Ce que j’avais aperçu dans la rue se confirmait. Il était divin, si j’ose dire. Je repris mon expression désagréable lorsqu’il réapparut avec deux chaises qu’il plaça près du lit. Sans me laisser distraire – enfin si un peu quand même – par ses biceps qui dépassaient des manches de son t-shirt, ni par le contraste de sa peau blanche, qui avait l’air incroyablement douce, avec le tissu sombre, je m’assis lentement, avec précaution, des fois que la chaise m’attaque par surprise. Sio s’installa en face de moi et me regarda. – Je ne vous toucherai pas, m’annonça-t-il. Pourquoi me sentais-je aussi déçue ? – Pas sans votre consentement en tout cas, rajouta-t-il avec un sourire ironique. Je le fusillai du regard. Il redevint très sérieux et me demanda de lui raconter ce que je n’avais pas voulu dévoiler à Léa un peu plus tôt. Il m’écouta attentivement, sans m’interrompre une seule fois. Aucune réaction ne troubla la fixité de son visage. Une fois que je me fus tue, il ne me posa aucune question, mais prit doucement mes mains dans les siennes. Je fus secouée d’un violent frisson qui ne devait rien à la peur. Ses mains étaient terriblement douces et chaudes. Les miennes étaient glacées. Mon cœur bondit lorsque son regard sombre se planta dans le mien aussi sûrement qu’une dague. Une lueur rougeâtre passa dans ses iris qui semblaient dénués de pupille tant ils étaient d’un noir profond. Je sursautai brusquement lorsque sa voix résonna à nouveau. – Nous avons un problème, mademoiselle Sláine. – Un problème ? répétai-je, désorientée par ce qui venait de se passer. Je devais avoir eu une absence. Ou avoir été victime d’une nouvelle manipulation, pensai-je rageusement, car je n’avais aucun souvenir de ce qu’il s’était produit depuis qu’il avait pris mes mains dans les siennes. Il s’était nécessairement passé quelque chose puisque désormais Sio était debout, en appui sur le dossier de sa chaise alors que je ne l’avais pas vu bouger. Il me regarda d’un air étrange puis hocha la tête. – Levez-vous et dites-moi si vous voyez quoi que ce soit d’anormal dans cette pièce, ordonna-t-il. – En dehors de vous et de vos jouets ? lâchai-je imprudemment eu égard à la nature de mon interlocuteur. J’eus droit à un regard d’avertissement puis à un nouvel acquiescement silencieux. Je me levai donc et observai la pièce en m’y déplaçant, lentement, profitant de la visite pour jeter un œil sur tous les objets qui la décoraient. En toute honnêteté, ce matériel effrayant recelait une beauté que je n’aurais jamais soupçonnée. J’avais envie de les toucher, de savoir quel effet caresser tous ces instruments destinés à faire mal, me procurerait. Était-ce dû à ma prédilection pour le noir ou s’agissait-il de toute autre chose ? Bien sûr que non, c’était juste parce qu’ils étaient de ma couleur favorite !!! Je restais un moment à regarder, fascinée, un fouet tressé enroulé sur lui même et fixé au mur. On aurait dit un serpent noir lové et attendant que l’on ait besoin de lui. Je me repris en prenant soin de ne pas regarder Sio dont je sentais le regard acéré sur moi et fis lentement le tour du loft, avant de me stopper net devant l’un des murs, celui situé derrière la tête de lit. La surface semblait déformée, floue et molle. Ça… bougeait. Non, ça vibrait en réalité. Spontanément, je tentai de toucher cette anomalie et fus extrêmement surprise de voir mon doigt s’y enfoncer comme dans de la gelée. Sio que je n’avais pas vu se rapprocher m’attrapa vivement par le poignet et éloigna ma main du mur. Je laissai échapper un cri de surprise. – C’est ça que vous vouliez que je trouve ? lui demandai-je hargneusement en tournant mon visage vers lui. Il ne répondit pas. – C’est un passage, c’est ça ? Une port… – Que vous n’êtes pas censée voir ! m’informa-t-il d’un air sombre. Ce qui me confirme que vous n’êtes pas seule. – Comment ça pas seule ? Je ne comprends pas. – Dans votre corps. C’était la meilleure ! Était-il en train de me dire que j’étais possédée ? Impossible ! Je l’aurais su, m’en serais rendu compte ! Et j’aurais fait des trucs bizarres, des choses insensées qui ne me ressemblaient pas ou que sais-je encore. – Arrêtez de vous foutre de moi, hurlai-je en le foudroyant du regard. J’en ai assez de vos conneries, je m’en vais. Encore une fois, il m’empêcha de m’échapper, me rattrapant au vol par le bras. Je criai de douleur tant sa poigne était prodigieuse et douloureuse. Les doigts de son autre main se refermèrent durement sur mon menton pour m’obliger à le regarder. Il riva son regard au mien pour le sonder à nouveau. – C’est curieux, il est comme endormi, murmura-t-il pensivement au bout d’un moment. – Mais qui ? – Votre ange gardien. – Mon ange… Je fus prise d’un fou rire, nerveux probablement. Il me lâcha aussi brusquement qu’il m’avait attrapée et me regarda, impassible, me tordre de rire, pliée en deux et ayant du mal à reprendre ma respiration. – Ça y est vous avez terminé ? me demanda-t-il, exaspéré, lorsque je pus enfin me ressaisir. Je suis extrêmement sérieux. Et si j’étais vous, je ne rirais pas, vous êtes dans une situation peu enviable. Je redevins instantanément très sérieuse. – Vous me menacez maintenant ? – En aucune façon. Mais vous ne pouvez pas le garder dans votre corps. Vous n’en avez pas le droit et cela peut être dangereux. – Pour moi ? – Pour vous et pour elle ! – Elle ? Je ne fus pas en mesure de continuer. Je devenais complètement cinglée. Je discutais avec un démon, terriblement sexy et attirant certes, ce qui allait à l’encontre de mes principes, celui-ci était en train de me dire, très sérieusement, que j’étais possédée par une entité et que je risquai d’avoir à affronter… quoi d’ailleurs ? Je tentai de respirer profondément et de rejeter ce qu’il venait de me dire. Il le fallait si je voulais rester saine d’esprit. Pourtant, je fis comme si je croyais à ce qu’il me disait. – Et que risquons-nous ? Pourquoi personne ne s’en est-il aperçu avant ? Et comment est-elle entrée ? – J’imagine que cela s’est produit lors de votre accident. Seul l’un d’entre nous pouvait s’en rendre compte. – Je le savais. Je savais que je devais éviter les démons, maugréai-je pour moi-même. Je le dévisageai pour une fois encore vérifier que je n’étais pas victime d’une très mauvaise plaisanterie. Mais Sio avait l’air extrêmement sérieux. – Mais qui est-ce ? Vous la… heu… connaissez ? Il éluda une fois de plus mes questions. – Si elle reste en vous, elle risque de disparaître, de s’éteindre. Si nous l’extirpons de force, vous n’y survivrez pas. – Génial, répondis-je au bord des larmes ce qui n’eut pas l’air de l’émouvoir le moins du monde. Donc c’est elle ou moi ? – Oui. – Et vous avez décidé que ce serait elle ? – Oui, bien sûr. Il avait dit cela comme si ça tombait sous le sens ou comme si moi-même n’aurais pas pu songer qu’il pouvait en aller autrement. – Allez vous faire foutre ! hurlai-je en me précipitant vers la sortie. Quelle naïve je faisais ! Il me rattrapa sans problème, referma ses bras autour des miens et me souleva de terre. Je gesticulais comme un beau diable, lui assénant quelques coups dans les jambes, sans le moindre résultat. Il ne bougea pas d’un pouce, mais resserra sa prise sur moi au point que j’eus du mal à respirer. Je me calmai un peu, l’étreinte se desserra. Me reposant au sol, il murmura juste dans mon oreille : – Cessez de vouloir vous échapper. Je vais devoir m’absenter un moment. Vous vous calmez et vous restez ici bien sagement. Je hochai lentement la tête. Je ne dus pas être très convaincante, car il rajouta : – Si vous désobéissez, je devrais sévir, consentante ou pas. Un frisson de peur dévala ma colonne vertébrale. Je fus à peu près sûre qu’il souriait. Je me retournai lentement pour lui faire face lorsqu’il me libéra de son étreinte. – Si… si je me tiens tranquille, vous répondrez à toutes mes questions avant de… l’extraire ? Sio me regarda d’une façon que je fus bien en peine d’interpréter avant d’acquiescer silencieusement. Puis son regard se fit soupçonneux. Il m’abandonna un instant pour se diriger vers son lit et récupérer quelque chose dans l’une des poches de son manteau. Je sentis mes yeux s’écarquiller lorsque je compris ce qu’il avait l’intention de faire. – Non, non, non ce n’est vraiment pas la peine d’en arriver là, protestai-je, pour tenter de le ramener à la raison. – Si. Je ne vous fais pas confiance. Moi non plus, si vous voulez tout savoir. – Demandez à votre copain de me surveiller alors, le suppliai-je presque. – Vous ne l’entendez peut-être pas, mais il est très occupé pour l’instant. Je me sentis rougir lorsque je saisis ce qu’il était en train de me faire comprendre. – Oh… D’un geste vif que je ne vis même pas, sa main se posa sur mon poignet et presque en même temps la première menotte se referma dessus. – Aïe ! Ce n’était pas des menottes pour jouer, avec de la fourrure toute douce, mais des vraies, celles que la police utilisait. Et il l’avait serrée si fort et si brusquement que ma peau éraflée saignait. Sio me contraignit à le suivre bien gentiment jusqu’à son lit auquel il attacha la seconde menotte après m’avoir ordonné de m’y asseoir. Je ne sais pas s’il s’adressa à moi ou à celui... celle qui se cachait dans mon corps, mais son regard et son visage s’étaient singulièrement adoucis lorsqu’il me parla. À moins que ce soit le fait de me – nous – voir attachée qui l’attendrissait… – Je reviens tout de suite.
Dernière édition par Frederique de Keyser le Mar 9 Juil - 20:24, édité 1 fois | |
| | | Fariboles Admin
Messages : 4096 Date d'inscription : 10/07/2011 Age : 43 Localisation : Eure et Loir
| Sujet: Re: DE KEYSER Frédérique - LUXURIA - Tome 1 Jeu 10 Nov - 10:11 | |
| Mon avis :
Dès les premières lignes, nous faisons connaissance avec Slaine, une jeune femme directe, drôle et charmante, au caractère bien affirmé. Elle vit dans un monde où les humains cohabitent ouvertement avec les démons. Si ces derniers, hyper sexys d’ailleurs, étaient là à l’origine seulement pour rétablir l’ordre, ils ont aussi ouvert des clubs privés où humains et démons se mêlent , se découvrent et où chacun trouve ce qu’il est venu chercher …
A la suite d’une malencontreuse rencontre, elle est contrainte de travailler pour Satris et Sio, deux démons, à leur club, le Luxuria. Si jusque- là Slaine était parvenue à se tenir à l’écart du monde démoniaque, elle y plonge complètement à présent.
Une relation à la fois tendue et sensuelle, faite de « je t’aime moi non plus » va naitre entre Sio et Slaine.
Mais cette histoire n’est pas simple : Sio a des besoins, des désirs que Slaine n’est pas certaine de parvenir à combler. La réflexion autour du SM, vitale pour Sio, des rapports de pouvoir dominant/dominé est d’ailleurs très bien construite et décrite.
Et puis, il y a Voan, démon bisexuel, superbe et attirant, plus gentil et attentionné pour Slaine que les autres. Ils sont attirés l’un par l’autre, comme aimantés. Un lien fort et délicat à gérer se tisse entre les deux, ils vont s’aimer follement mais aussi se faire souffrir au-delà des mots.
De plus, Slaine n’est pas tout à fait une femme comme les autres, elle porte en elle un secret qui pourrait entrainer la perte de l’humanité et de bon nombre de démons. Ces derniers n’auront d’autres choix que de la protéger et de la préparer à affronter son Destin.
L’histoire de Luxuria est originale, l’écriture de Frédérique de Keyser, agréable, sans temps mort. On tourne les pages avec bonheur , avide de connaitre la suite, en s’attachant à Slaine et ses nombreux problèmes.
Quelques petits bémols toutefois :
les revirements dans les sentiments des personnages sont parfois un peu trop rapides, ils passent trop vite de l’amour fou à la haine ou inversement.
J’étais un brin frustrée à la lecture des scènes plus érotiques que j’aurais souhaiter plus développées et explicites.
En bref, une lecture vraiment plaisante, bien écrite et originale qui donne envie de se plonger dans le tome 2 (ce que je vais faire tout de suite !), et une mention spéciale aux dialogues entre Téli et Slaine, vraiment très drôles et touchants à la fois ! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: DE KEYSER Frédérique - LUXURIA - Tome 1 Jeu 10 Nov - 10:25 | |
| Bonne critique et je pense que je vais me laisser tenter |
| | | Frederique de Keyser
Messages : 103 Date d'inscription : 12/09/2011 Age : 56
| Sujet: Re: DE KEYSER Frédérique - LUXURIA - Tome 1 Jeu 10 Nov - 12:24 | |
| @ Fariboles Rhoooo merci ! Que ça fait plaisir !!! Ravie que Téli t'ait touché, j'avoue que c'est un personnage auquel je me suis énormément attaché. | |
| | | Fariboles Admin
Messages : 4096 Date d'inscription : 10/07/2011 Age : 43 Localisation : Eure et Loir
| Sujet: Re: DE KEYSER Frédérique - LUXURIA - Tome 1 Jeu 10 Nov - 17:11 | |
| - Dalea a écrit:
- @ Fariboles
Rhoooo merci ! Que ça fait plaisir !!! Ravie que Téli t'ait touché, j'avoue que c'est un personnage auquel je me suis énormément attaché. J'ai commencé le tome 2 hier soir et j'adore encore plus Téli... je plains juste Slaine qui va devoir composer avec lui, je suis certaine que cela va donner lieu à des situations mémorables !!!! Et je fonds littéralement pour Voan, c'est vraiment un personnage très attachant, on ressent bien sa tristesse et à quel point il est blessé, on a envie de le prendre dans nos bras et le câliner ...et en même temps, il est viril, puissant, blessant juste ce qu'il faut et on se dit "waou, quel Mâleeeeeeeee" ! J'ai vraiment hâte de voir où tu nous embarques en tous les cas !!! | |
| | | Frederique de Keyser
Messages : 103 Date d'inscription : 12/09/2011 Age : 56
| Sujet: Re: DE KEYSER Frédérique - LUXURIA - Tome 1 Jeu 10 Nov - 17:19 | |
| Je ne dirais rien concernant Téli ^^ D'autant que je ne sais pas où tu en es .... Et Voan, pfiooouuuu oui, moi aussi j'en rêve encore J'adore Sio, mais le géant c'est ... différent. Beaucoup de sensibilité chez un tel mâle m'a semblé très intéressant à explorer. Et j'ai été prise à mon propre piège ! lol | |
| | | Christy
Messages : 203 Date d'inscription : 13/09/2011 Age : 47 Localisation : Midi-Pyrénées
| Sujet: Re: DE KEYSER Frédérique - LUXURIA - Tome 1 Jeu 5 Jan - 17:51 | |
| Slaine est une jeune femme vivant et travaillant dans un monde où les démons et les humains coexistent en toute connaissance de cause. Ces créatures sont d'une beauté affolante : quoi de plus évident lorsque l'on sait qu'ils peuvent lire dans l'esprit des humains et prendre l'apparence qui fait fantasmer ces derniers ? Mais leurs aptitudes ne s'arrêtent pas là... Au début du roman, Slaine démissionne de son emploi, ne supportant plus les propos et l'attitude immorale de son patron. En effet, cet homme harcèle sexuellement son personnel et n'hésite pas à profiter de son statut pour cela. Mais la jeune femme refuse de se laisser faire et quitte son poste. Peu après, elle « croise » des démons, précisément au moment où son patron tente une dernière fois de lui mettre le grappin dessus. D'un caractère bien trempé, Slaine riposte vertement. Sio et Siatris sont témoins de la dispute et interviennent. C'est ainsi que Slaine se retrouve barmaid du Luxuria, un club au nom très justement évocateur dont les deux démons sont propriétaires. Mais Slaine n'est pas au bout de ses découvertes... car quelques années plus tôt, elle a participé à une séance de spiritisme dont elle n'est pas sortie totalement indemne et ça, les démons vont vite s'en apercevoir. Le rôle de la jeune femme auprès d'eux semble dès lors plus délicat qu'elle ne l'avait cru au départ. Car si elle n'a pas conscience d'avoir créé un terrible accident entre les mondes humains et démoniaques, elle va pourtant devoir réparer les dégâts... et vite.
Frédérique de Keyser nous ouvre les portes d'un univers paranormal où nous retrouvons quelques références à des auteurs connus et notamment à Jenna Black, mais la ressemblance relative aux démons et à leur penchant pour les arts SM s'arrête là. L'auteure décrit en effet une relation très particulière entre ses personnages où les échanges sensuels enflammés côtoient, avec pudeur et tendresse, l'utilisation du fouet, de la badine ou de la fessée. Pas de fausse note chez Frédérique de Keyser. Elle maîtrise le sujet et ne met jamais ses protagonistes en situation dégradante ou humiliante face à cette pratique pouvant rebuter l'essentiel des lecteurs non avertis. Par ailleurs, l'évolution sentimentale est la constante du roman, avec ses doutes, ses craintes, ses prises de conscience et ses échanges incandescents, mais tout serait bien trop simple s'il n'y avait pas cette fameuse « faille » dans le passé de Slaine.
L'auteure a une plume franche, souple, fluide et n'a pas froid aux yeux. Quelques maladresses et autres coquilles subsistent dans le texte, mais rien qui en gâche la lecture. Frédérique dépeint des expériences dont on parle peu et pouvant heurter le jeune lectorat, ce qui mérite tout de même qu'on le souligne car elle assume et persiste. Le premier tome s'achève sur une note angoissante lorsque Slaine décide de réparer la faille... nous ouvrant la voie sur le tome 2 qui reprend l'histoire exactement à cet instant là.
Pour finir, c'est un roman qui se lit rapidement, dont les événements s'enchaînent entre souplesse et tension, et qui provoque une certaine addiction au moment de tourner la dernière page. Ce livre n'est pas à mettre entre toutes les mains. En effet, comme énoncé plus haut, il faut garder à l'esprit que c'est un roman pour adultes avertis. Une fois que l'on a bien conscience de cela, l'immersion est totale. | |
| | | Angel Modérateurs
Messages : 5026 Date d'inscription : 10/07/2011
| Sujet: Re: DE KEYSER Frédérique - LUXURIA - Tome 1 Jeu 5 Jan - 18:18 | |
| Vos avis me donnent vraiment envie!! Je crois que je vais me laisser tenter assez rapidement! | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: DE KEYSER Frédérique - LUXURIA - Tome 1 | |
| |
| | | | DE KEYSER Frédérique - LUXURIA - Tome 1 | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |