Rencontre avec Elisabeth Navratil – 14 février 2012 J’ai eu la chance de pouvoir participer à la rencontre avec Elisabeth Navratil organisée par Hachette Jeunesse.
Elisabeth est la fille de Michel Navratil, rescapé du Titanic avec son jeune frère Edmond, tandis que leur père a péri dans le naufrage. Son corps a été le sixième à avoir été repêché le lendemain de l’accident.
Son discours était clair et passionné, et nous avons pu sentir combien ce projet lui tenait à cœur. C’est tout un pan de son histoire familial qui se trouve dévoilé ainsi et laissé à la postérité.
Elisabeth nous a essentiellement retracé l’histoire longue de ce livre et les motivations qui l’ont conduite à l’écrire.
Tout commence en 1976. Son père avait jusqu’alors toujours refusé de parler du Titanic. Il considérait cela comme un secret de famille qui ne devait pas être rendu public. Ayant perdu son père durant la catastrophe, il s’agissait pour lui davantage d’un drame familial que ce fait divers qui passionne les foules. Plus jeune, Elisabeth avait beaucoup questionné son père sur ses souvenirs, mais elle recevait toujours les mêmes réponses.
Il a fallu attendre un événement majeur pour que son père accepte de se dévoiler : la réception d’une lettre de Sydney Tyler, membre de la famille qui l’avait recueilli avec son frère à New York, à la suite de la tragédie (famille de Margaret Hays). Il faisait alors un voyage en ballon et demandait à lui rendre visite lors d’une escale. « Les verrous qu’il avait mis à tous les tiroirs sautent » révèle Elisabeth. Il a en effet offert à son père une description très précise de l’époque où ils ont vécu ensemble, ce qui a fait surgir à la surface des souvenirs jusqu’alors profondément enfouis.
Le premier livre, paru en 1982, avait donc été écrit dans le secret car son père refusait que ces événements soient rendus publics. L’histoire était d’autant plus approximative que les connaissances de l’époque sur le Titanic étaient peu nombreuses et que les héros portaient des pseudonymes. Elisabeth a reçu le prix Jules Verne pour cette première version. Mais faute de promotion, il n’a pas eu beaucoup de succès auprès du grand public.
Il a fallu attendre seize ans pour la deuxième version. C’était en 1998, au moment de la sortie du film de James Cameron. La directrice des Livres de Poche lui a demandé à cette occasion une adaptation pour la jeunesse de son livre. Il a donc été raccourci d’un tiers. Mais surtout, il a été mieux documenté puisqu’entre temps l’épave a été retrouvée et explorée. A l’époque, elle avait même obtenu le feu vert de son père. En 1987, il était retourné sur les lieux du naufrage, ce qui avait en quelque sorte constitué une délivrance. Il était donc devenu moins réticent à rendre public l’histoire de sa famille.
Cette troisième et dernière version, qui sort cette année, est encore plus aboutie. Elisabeth a davantage complété ses connaissances sur le Titanic et sur le drame grâce à des recherches approfondies et aux nouvelles découvertes. Du coup, l’ouvrage montre très clairement trois pans de construction :
- Les souvenirs familiaux
- La fiction
- La recherche documentaire (notamment les commissions d’enquêtes, tous les témoignages…)
En guise de consécration pour son travail, début février, elle a trouvé une lettre de six pages de son père adressée à un collectionneur londonien. Il y relate ses souvenirs de la tragédie et la manière dont elle a influencé sa vie. Or, cela ressemble étrangement à ce qu’Elisabeth en a écrit dans les Enfants du Titanic…
Un grand merci à Cécile et à l’équipe Black Moon pour m’avoir permise de participer à cette très jolie rencontre…