Cecelia Ahern s’est encore surpassée avec son dernier roman, nous offrant non seulement une comédie romantique drôle et intelligente, mais aussi une belle leçon de vie.
En rentrant chez elle, Lucy trouve cette lettre : « Chère Lucy Silchester, vous avez rendez-vous le lundi 30 mai 2011. Bien à vous, Votre Vie. » C’est la troisième de ce genre qu’elle reçoit en très peu de temps et elle comprend qu’elle ne peut davantage tergiverser et ignorer ce rendez-vous capital. Mais elle ne s’attendait pas du tout à ce que sa Vie ait les traits d’un vieil homme fatigué et triste, une sorte de personnification de sa Vie à elle. Avec l’aide de sa Vie, Lucy va devoir comprendre pourquoi, depuis près de 3 ans, depuis sa rupture avec Blake, elle s’est laissée dépérir et n’a plus laissé personne de son entourage l’approcher. En gros, pourquoi est-elle devenue si malheureuse sans même s’en rendre compte…
Comme d’habitude avec Cecelia Ahern, il faut prendre pour argent comptant les faits qu’elle nous propose et ne pas se poser de questions pour mieux savourer l’histoire. Ainsi, Lucy n’est absolument pas étonnée de voir sa Vie lui donner rendez-vous. C’est une chose certes extraordinaire, mais que bon nombre de personnes ont déjà vécu. D’ailleurs, elle avait pu lire un article intéressant dans un magazine sur le témoignage d’une femme ayant rencontré sa Vie. L’article se présentait sous forme d’un Avant/Après comme pour les publicités d’amaigrissement, mais elle doute fortement que cela lui sera aussi utile. Car Lucy est passée maître dans le mensonge. Elle ment à tout le monde et surtout à elle-même. Et l’auteure nous introduit ce fait avec un procédé très intéressant et dynamique : Lucy nous présente les choses à sa manière, longuement, avant de reconnaître que c’est un mensonge et de nous présenter la bonne version. Ainsi, quand nous faisons la connaissance de Lucy, elle a quitté son travail, elle a plaqué son petit ami et elle a acheté un nouvel appartement. En fait, elle a été virée, son petit ami l’a quitté et elle loue un studio minuscule. Et ce sont ces mensonges qui l’entraînent dans d’incroyables situations, toutes aussi drôles les unes que les autres. La scène avec l’Espagnol à son boulot était si tordante que j’en pleurais de rire.
Son écriture est si simple et fluide qu’on en perd le sens des mots pour ne s’attacher qu’aux images qui défilent devant nous. Cette auteure est décidément particulièrement douée pour l’aspect visuel des choses et on ne peut qu’espérer que ce roman soit aussi adapté sur grand écran !
Et parallèlement, comme toujours, sous couvert de comédie et de romance (avec un inconnu avec lequel elle échange des textos), Cecelia Ahern évoque des thèmes profonds qui nous font vraiment réfléchir sur la vie et ses opportunités, sur la différence entre vivre et se laisser vivre, sur le sens de l’amitié, la famille, l’amour. Enfin bref une belle leçon d’espoir sublimée par une magnifique histoire.
Une réflexion qui m'a bien fait rire dès le début du roman, à propos de ses parents snobs, mais qui pourrait concerner beaucoup de monde:
"Ma famille appartenait à une communauté religieuse très stricte baptisée l'Eglise des Bonnes Manières. Les membres de cette Eglise s'appelaient les Gens. Pour chaque action entreprise, chaque mot prononcé, on se référait à ce que "les Gens" allaient penser."
Bonne Lecture !