Mon avis pour Place To Be :
J’ai vraiment passé un très bon moment de lecture en compagnie de Modo, ce jeune apprenti espion au service de l’intrigant M. Socrate. Je me suis souvent dit que pour un livre conseillé à partir de 9 ans, c’était de la sacrée bonne littérature ! Bref, voici donc un roman jeunesse haut de gamme qui devrait séduire un large lectorat grâce à une écriture simple mais expressive, à des personnages fort sympathiques et à un récit original qui recycle l’histoire de Quasimodo, en faisant dans ce premier tome un clin d’œil au Docteur Jekyll et à sa facette diabolique, monsieur Hyde.
Nous suivons donc Modo, que nous découvrons enfermé dans une cage à cause de sa difformité : véroles, bosse et disproportions faciales. En somme, il ressemble trait pour trait au Bossu de Notre-Dame, et dispose des mêmes aptitudes physiques. Mais il possède, en plus, un don étonnant qui lui permet de jouer les caméléons humains, revêtant l’apparence de n’importe qui. C’est ainsi qu’il est recueilli par un éminent représentant de sa majesté, M. Socrate, qui ambitionne d’en faire un espion à son service.
L’avantage de ce tome, c’est que le début est consacré à cette formation sur plusieurs années, chaque événement marquant se voyant développé sur un chapitre. Ceci étant, on en vient rapidement à l’essentiel : la mise en pratique de ce savoir. Ainsi, Modo se voit lâché dans Londres, contraint à se débrouiller seul en faisant usage de son intelligence et de ses facultés. Il découvre l’existence d’une mystérieuse organisation qui mène des expériences abominables sur des animaux et êtres humains. Mais dans quel but ? Suspense.
L’enquête est bien menée, l’auteur prend le temps de la développer, greffant des personnages à l’intrigue pour l’étoffer au point qu’on s’y laisse prendre. Il nous livre aussi d’autres points de vue qui viennent contrebalancer celui plus innocent de Modo, qui est en réalité encore un enfant, pur, avec une conception du Bien et du Mal très arrêtée. Il est très humble, conscient de sa difformité qu’on lui a toujours conseillé de cacher. Il éprouve de ce fait beaucoup de compassion pour les autres. Et c’est ce qui fait qu’on se prend immédiatement d’affection pour lui, d’autant plus qu’on l’a un peu vu grandir. Octavia, qui l’aide dans son enquête, est un personnage agréable, vif, plein d’esprit, et plus blasé. Leur relation est très crédible, et on a hâte de la voir évoluer dans les tomes suivants.
Outre cela, l’univers victorien apparaît par touches, notamment avec les rues londoniennes citées par-ci par-là. Le cadre d’époque est bien respecté sans être trop lourd, ce qui aurait rendu ce livre peu accessible à un certain lectorat. Les scènes d’action sont omniprésentes, facilement visualisables, et la fin se veut épique. Ce que j’ai le plus apprécié dans cette histoire, c’est cette espèce d’honnêteté dans la présentation des méchants et dans la description de leurs actes. On a beau être en jeunesse, on a quand même affaire à des protagonistes dérangés et revanchards, cruels au possible, qui n’hésitent pas à faire souffrir au nom de la science et de la conquête du pouvoir.
C’est donc un bilan très positif pour ce livre jeunesse, qui m’a séduite. L’écriture est vraiment bonne, les personnages bien étoffés. Ce sera un plaisir de découvrir la suite des aventures de Modo qui risque de revoir sous peu la machiavélique Confrérie de l’Horloge. Et qui sait ? Peut-être irons-nous à Paris pour le voir sonner les cloches de Notre-Dame !