Si Beatrix aimait tendrement son fiancé William, la folle passion de ce dernier pour l'Egypte était plus qu'envahissante. A tel point qu'elle lui avait demandé de choisir : les pyramides ou elle ! Et elle s'était vue abandonnée juste avant la cérémonie. Six ans plus tard, William est de retour. Seulement voilà, Beatrix se marie dans quelques semaines....
Avis de Fariboles:Quel bonheur de retrouver Laura Lee Guhrke !
Elle nous offre toujours des héroïnes atypiques, des héros passionnés et des histoires originales, en un mot, des livres captivants…
Le mariage de la saison ne déroge pas à la règle, un vrai régal du début à la fin. Et vous savez quoi ? C’est un
spin-off de la série des
Jeunes Filles en fleurs, on retrouve donc pour notre plus grand plaisir (même si ce n’est que pour quelques lignes) Harry et Emma Marlowe, les héros de
Et il l’embrassa…Nous sommes au début du XXème siècle. Follement épris l’un de l’autre depuis des années, Beatrix Danbury et William Mallory, Duc de Sunderland se sont pourtant séparés quelques semaines avant leur mariage. La raison de cette rupture tragique et scandaleuse : féru d’égyptologie, Will s’était vu offrir la possibilité de partir en Égypte pour des fouilles qui devaient le conduire droit au tombeau de Toutankhamon mais Beatrix avait refusé de le suivre, ne pouvant se résoudre à laisser seul son père, le sévère Comte de Danbury. Avide de liberté, désireux de fuir les responsabilités de sa condition, Will était parti, laissant Beatrix le cœur en miettes.
Six ans plus tard, c’est une Lady bien différente que nous retrouvons. Affranchie du joug paternel, Beatrix a profité d’un séjour chez son excentrique cousine Julia, Lady Yardley, pour goûter à une liberté toute nouvelle. Elle a appris à conduire sur les premiers bolides automobiles, elle boit du champagne et ô scandale, se promène les pieds et chevilles nus à la plage. Il s’en faut de peu pour qu’on la qualifie de femme libérée ! Mais surtout, Beatrix est sur le point d’épouser, plus par raison que par amour il faut bien l’avouer, Aidan, duc de Trathern (pas vraiment amusant ni libéré comme homme) lorsque Will revient en Angleterre. Ce dernier est en fait là pour trouver les financements qui lui permettront de poursuivre ses fouilles en Égypte et il espère repartir au plus vite sous le chaud soleil africain. Mais lorsque son regard croise à nouveau celui de Beatrix, les sentiments passés mais aussi les vieilles rancœurs refont vite surface. Troublés, attirés l’un par l’autre, luttant contre la passion, nos deux héros auront bien du mal à ne pas succomber au désir qui les tiraille… entre deux disputes mémorables !
Encore une fois, Laura Lee Guhrke nous livre un roman enchanteur. Déjà, elle s’éloigne de l’ère victorienne pour nous plonger dans les premières années du XXème siècle. L’Angleterre est en plein bouleversements : d’un côté l’aristocratie toute puissante est en plein déclin (j’ai souvent pensé à
Downtown Abbey), d’un autre, la grande bourgeoisie industrielle et marchande devient la vraie classe dirigeante grâce au pouvoir de l’argent, mais surtout, les femmes commencent à s’émanciper, certaines
Ladies travaillent même et les
Suffragettes ne vont pas tarder à faire parler d’elles (l’historienne des Femmes en moi s’est plus que régalée avec ce livre). On est en plein dans ces années d’avant-guerre, dans cette période heureuse, que l’on a qualifié de Belle Époque et cela résume bien l’état d’esprit du livre : c’est gai, résolument optimiste, tout est permis même de voir un amour improbable renaître de ses cendres et une jeune femme jeter aux orties les conventions.
Laura Lee Guhrke est une déesse des dialogues piquants, des situations drôles et des confrontations hautes en couleur. Avec Will et Beatrix, elle nous offre deux personnages déroutants, atypiques et follement attachants. Depuis l’enfance, Will a poussé Beatrix à se dépasser, à braver les interdits et la moral mais il s’est souvent heurté aux refus de la jeune
Lady, soucieuse de tenir malgré tout son rang. Mais là, c’est une jeune femme différente, surprenante qu’il retrouve, bien plus courageuse (certaines scènes me rappellent les fameux,
Vous avez confiance en moi ? et
Tu sautes, je saute Jack aussi de
Titanic) et audacieuse. Beatrix a tout simplement grandi et laissé derrière elle la jeune fille amoureuse, dévastée par un terrible chagrin d’amour, pour devenir une femme épanouie, accomplie. En situant la majeure partie de son roman dans la station balnéaire où ils passaient leurs vacances petits, elle ramène ses héros à leur enfance, aux souvenirs heureux de jadis et les oblige surtout à vraiment réfléchir sur leur histoire passée et sur l’avenir qu’ils désirent. Tous les deux ont souffert de cette rupture et ont longtemps rejeté la faute sur l’autre mais là, ils réalisent leurs erreurs, les assument enfin. L’une a manqué de courage, l’autre a agi d’une manière désinvolte et chacun a tenté d’oublier, de passer à autre chose… Et pourtant, il suffit d’un regard pour que tout s’embrase à nouveau. Cette scène sur le yacht est juste magnifique comme celle sur la plage, passionnée, violente ou encore celle de la fin, rocambolesque à souhait, un pur régal pour le
, qui laisse des papillons aux creux du ventre et un sourire aux lèvres. Mais dieu que c’est bon !!!!
Drôle, piquant et sensuel, avec un je-ne-sais-quoi de suranné,
Le mariage de la saison est une délicieuse friandise que l’on savoure avec délice. Entre dentelles, bas de soie et champagne, on rêve en tournant les pages, imaginant qu’un bel amoureux revient nous arracher nous aussi à notre vie parfois morose… J’attends à présent avec une folle impatience le tome suivant, centré sur l’excentrique, exubérante, très libre Julia et sur Aidan, le très sérieux et rigoureux Duc de Trathern, il nous promet un excellent moment de lecture !