CHASE Loretta - Tome 5 : Lady Carsington

Lady Carsington
Loretta CHASE

Réédition le 9 juillet 2014

Voilà enfin le dernier volet de l’excellente saga des Carsington par la non moins excellente Loretta Chase. Dans ce 5e volet il ne s’agit plus des Frères Carsinton, tous heureux en ménage désormais, mais de la nouvelle génération. Olivia et Pérégrine sont les enfants terribles du 3e tome, Un lord si parfait. Rappel : Pérégrine, comte de Lisle, alors âgé de 13 ans, est le neveu de Bénédict Carsington. Affligé par la nonchalance et la négligence dont font preuves son beau-frère et sa belle-sœur, ce dernier avait pris en charge l’éducation de son neveu et l’avait poussé à développer sa passion pour l’égyptologie. Olivia, 11 ans à l’époque, est la fille de Bethsabée Wingate. Intrépide et rêvant de devenir chevalier, elle a convaincu Pérégrine de la suivre dans une chasse au trésor. C’est en les poursuivant que Bénédict et Bethsabée sont tombés amoureux l’un de l’autre. A la fin du tome 3, en guise de punition Pérégrine est envoyé en Egypte avec Rupert Carsington. Et le livre se finissait sur une lettre d’Olivia à Pérégrine datée d’un an plus tard, en 1822. On était alors en droit d’espérer une histoire les concernant, et la voici !

Ce 5e tome en est la continuité directe. Il débute en effet par un l’échange épistolaire qui s’est poursuivi entre les deux adolescents jusqu’en 1826. Le style d’Olivia est resté le même, avec un sens aigu du mélodrame, parsemant ses lettres de mots soulignés ou en lettres capitales. L’effet est charmant et illustre bien la personnalité d’Olivia.

L’histoire du roman débute toutefois en 1831 (Pérégrine a alors 24 ans et Olivia 22) lorsque Pérégrine rentre d’Egypte pour l’anniversaire de sa grand-mère. Pressé de revoir sa meilleure amie, il tombe des nues lorsqu’il se rend compte que la rouquine ingrate s’est métamorphosée en magnifique jeune femme qui défraye la chronique avec ses frasques amoureuses. Mais il comprend rapidement que cela n’a en rien modifié son terrible caractère. Il en fait lui-même les frais lorsqu’Olivia complote pour le pousser à l’emmener avec lui dans le château écossais que es parents lui ont ordonné de restaurer sous peine de lui couper les vivres. Leurs tempéraments sont si différents que la cohabitation se révèle vite explosive et donne lieu à des échanges vifs et extrêmement drôles. Olivia est en effet dotée d’un tempérament volcanique. Elle est impétueuse, fantasque, rebelle et hyperactive. Pérégrine, quant à lui, est partagé entre le respect des conventions que lui a inculqué son oncle Bénédict (si justement nommé « Lord Parfait ») et l’enthousiasme rafraichissant et communicatif de la jeune fille.

La seconde partie du roman correspond au voyage entre Londres et l’Ecosse au cours duquel les situations cocasses se multiplient. Olivia a en effet emmené en guise de chaperons deux veuves septuagénaires, obsédées par le sexe et qui passent leur temps à évoquer des souvenirs torrides ou à reluquer les jeunes hommes. Tout cela au grand désespoir de Pérégrine qui ne peut s’empêcher de penser « qu’acheminer trois dames, et pas des plus faciles, sur une telle distance, n’était pas une tâche de tout repos. Il fallait les nourrir et les abreuver, comme les chevaux. Mais, contrairement à ces derniers, on ne pouvait pas les échanger à chaque arrêt. On ne pouvait pas non plus leur mettre un harnais. Il fallait donc rester d’une vigilance absolue lors des étapes ».

La dernière partie de l’histoire se déroule logiquement au château écossais où Olivia espère enfin pouvoir réaliser sa Noble Quête. Ce sera aussi l’occasion pour nos deux héros de concrétiser leur attirance mutuelle. Mais Olivia est consciente de passer après l’Egypte dans le cœur de Pérégrine et elle refuse de s’en contenter…

Loretta Chase nous ravit encore une fois par la qualité de sa plume, la justesse de son ton et le comique qu’elle a insufflé tout au long de l’histoire, transformant une intrigue banale en pur ravissement. Les répliques hilarantes s’enchainent à un rythme soutenu et on se surprend plus d’une fois à éclater de rire. En guise d’exemple et pour vous mettre l’eau à la bouche, voici un court extrait qui intervient au tout début du roman, lorsque Pérégrine et Olivia se retrouve pour la première fois après une si longue séparation :

« -Je m’ennuyais à mourir, et puis vous êtes arrivé ! Oh, cette tête que vous avez faite quand vous vous êtes aperçu que j’avais des seins… C’était impayable ! Je ne sais pas comment j’ai fait pour ne pas exploser de rire.
Il baissa les yeux sur son décolleté, et elle eut l’impression que son regard l’embrasait. Un voile de transpiration la recouvrit, comme un peu plus tôt dans la salle de bal. Elle saisit l’avertissement : mieux valait ne pas jouer avec ce feu-là.
Mais Lisle étudiait sa poitrine avec la même attention critique que s’il s’était agi d’une ligne de hiéroglyphes.
-Vous n’en aviez pas la dernière fois que je vous ai vue. J’ai été pris au dépourvu, je l’avoue. Où diable les avez-vous trouvés ?
Cela lui ressemblait bien de s’interroger sur ses seins comme s’il s’agissait de mystérieux tessons de poteries anciennes. Elle rit, but une coupe de champagne.
-Ils ont poussé, c’est tout. Tout pousse. Très lentement. C’est étrange, n’est-ce pas ? C’est le seul domaine dans lequel je n’étais pas précoce. Mais oublions mes seins, voulez-vous ?
-Facile pour vous. Vous n’êtes pas un homme. Et moi, je ne m’y suis pas encore habitué. (…)
-Bon, alors reluquez-les tant que vous voudrez. Grand-mère Hargate dit qu’il faut en profiter, que le temps viendra bien trop vite où les hommes se désintéresseront de mon anatomie. »