AZNAR Marilou - LUNE MAUVE - Tome 1 : La Disparue

La Disparue
Marilou Aznar

Casterman
Sortie le 6 mars 2013

À la veille des es 16 ans, Séléné Savel voit sa vie changer brutalement de cap. Son père, un universitaire excentrique avec lequel elle vit seule en Bretagne depuis la disparition mystérieuse de sa mère Iris, six ans auparavant, l’envoie à Paris pour y entrer en seconde au prestigieux lycée Darcourt. Froidement accueillie par sa cousine Alexia qui règne sur l’établissement,pas en phase avec les codes de ce nouvel environnement très snob,la jeune fille désespère. Elle ne trouve un certain réconfort que dans la compagnie de deux garçons très dissemblables: Thomas, un jeune musicien plein d’humour qui n’est manifestement pas insensible à son charme, et surtout Laszlo, bel étudiant trouble et ténébreux,dont elle va devenir passionnément amoureuse. Mais simultanément, Séléné voit son quotidien envahi par des visions étranges, des cauchemars,des évènements troublants. Amenée à enquêter sur le mystère de sa mère disparue, la jeune fille va peu à peu découvrir que celle-ci venait d’ailleurs, d’un monde parallèle où une ancienne civilisation mésopotamienne s’est perpétuée, sous l’influence d’une lune intelligente adorée comme une divinité.Les évènements dramatiques qui s’enchaînent à la faveur de cette série de découvertes vont bouleverser à tout jamais l’existence de Séléné.

Passée successivement par l'univers de la musique et l'adaptation audiovisuelle, Marilou Aznar signe avec La Lune Mauve sa première oeuvre littéraire.

Qui a dit que les auteurs français étaient incapables d’écrire de la bonne littérature Young Adult ? Marilou Aznar va clairement les détromper avec La Disparue, le premier tome de sa trilogie Lune Mauve.
L’éditrice de chez Casterman nous a révélé qu’ils ont tout de suite senti l’énorme potentiel de cette histoire et qu’ils ont tenu absolument à ce que la trilogie paraisse chez eux. Et on comprend parfaitement pourquoi. La trame est certes classique dans le genre YA, mais l’écriture est soignée et intéressante, les personnages sont fouillés, l’intrigue très présente et la mythologie utilisée très originale. En fait, le roman m’a énormément fait penser à Phaenix de Carina Rozenfeld sorti récemment dans la Collection R. Si vous l’avez aimé, vous aimerez aussi sans doute Lune Mauve. On y retrouve une même héroïne catapultée dans un univers nouveau, aussi bien réel qu’imaginaire, deux garçons qui lui tournent autour sans que l’auteure ne mette de suspense sur l’heureux élu (nous savons dès le départ qui est « le méchant » et « le gentil »), des rêves mystérieux qui la font approcher de la vérité, un ancrage à la réalité avec l’univers des blogs et du lycée… Mais à côté de ça une histoire complètement originale et fascinante qui m’a énormément plu.

Séléné Savel a 15 ans et quitte pour la première fois la Bretagne et son père pour monter à Paris faire ses études dans un lycée très sélect, Darcourt. C’est là que sa cousine, Alexia, étudie également. Mais si Séléné pensait trouver une tête connue et une alliée en Alexia, elle comprend tout de suite que c’est raté. Alexia est une vraie garce et règne en reine incontestée sur le groupe de jeunes dans le coup du lycée. Séléné suscite d’emblée le mépris et la haine, et d’autant plus lorsque le beau et ténébreux Laszlo, sur lequel sa cousine souhaite mettre le grappin, semble aussi s’intéresser à elle.
Dans le même temps, la jeune fille se met à faire des rêves étranges, dans lesquels apparaissent quelques-uns des paysages peints par sa mère avant qu’elle ne disparaisse. Elle y voit également la mystérieuse jeune femme aux cheveux blancs qui l’a accosté à son arrivée et qui avait suscitée en elle des visions. Troublée, Séléné décide de mener l’enquête et de découvrir ce qui est arrivé à sa mère. Son enquête la mènera vers les mystères de la civilisation mésopotamienne et lui ouvriront les portes d’un monde fantastique dont elle deviendra la pièce maîtresse…

J’ai particulièrement apprécié la manière dont l’auteure mêle avec adresse les deux univers – réels et imaginaires. Ils sont étroitement imbriqués sans cependant que l’un prenne le pas sur l’autre. Séléné nous est ainsi présentée comme une ado moderne avec ses préoccupations d’ado et cette manière si particulière de perdre toutes ses facultés dès lors qu’elle craque pour un garçon (malgré notre volonté de la secouer et de lui filer des claques pour qu’elle voie ce qui nous est évident !). Et on a beau parler d’histoire, d’écriture cunéiforme et de panthéon mésopotamien, on parle aussi d’internet et de blogueuses malveillantes qui jouent les gossip girls au rabais avec toutes les conséquences négatives que cela peut avoir.
J’ai aimé aussi que tout ne soit pas évident dès le départ. Ainsi Thomas, un garçon de sa classe qui fait partie de la clique d’Alexia, est présenté au départ comme un personnage secondaire alors qu’il prend peu à peu toute son importance, jusqu’à devenir l’un des héros, le troisième (ou le deuxième) élément de l’équation. Et cela m’a d’autant plu en fait que je n’ai pas du tout accroché avec Laszlo et que je ne comprenais pas comment Séléné pouvait craquer pour ce bellâtre prétentieux. C’est une ambivalence qu’on retrouve d’ailleurs avec bon nombre d’autres personnages qui nous réserveront sans doute beaucoup de surprises pour la suite.
Marilou Aznar s’est aussi clairement documentée pour son roman et on ne peut qu’apprécier les références mythologiques très précises mais aussi littéraires dont le texte est parcouru dans son ensemble et qui sonnent parfaitement justes et passionnants. Il faut dire que le père de Séléné est un professeur de Lettres en Fac, spécialiste de Saint-Pol-Roux et qu’il a tenu à donner à sa fille un lourd bagage culturel.

Et cerise sur le gâteau, pour une fois nous n’aurons pas à attendre longtemps pour découvrir la suite ! Le deuxième tome, L’Héritière, sera disponible en mai 2013, et le dernier, L’Affranchie, à l’automne 2013. Une trilogie complète la même année, le rêve !

Un roman très sympa au final !