PRESTON Caroline - Le Journal de Frankie Pratt

Le Journal de Frankie Pratt
Caroline Preston

Nil Editions

À la fois roman d'apprentissage, chef-d'oeuvre artisanal et fabuleuse machine à remonter le temps,
Le Journal de Frankie Pratt est unique en son genre : le premier scrapbook littéraire.

« Un délice rétro, une nouvelle forme d'art littéraire. » The Washington Post
Cartes postales anciennes, lettres, publicités, échantillons de tissus, menus glanés chez les antiquaires ou sur internet : six cents pièces ont été nécessaires à la composition de ce scrapbook. Son héroïne, Frankie Pratt, a 18 ans en 1920 lorsque sa mère lui offre un journal. Élève prometteuse à Cornish (Nouvelle-Angleterre), la jeune fille voudrait quitter son village, découvrir l'université, et plus tard devenir écrivain, mais il lui faut renoncer au prestige du Vassar College pour aider sa mère veuve et désargentée : même avec une bourse, ces études demeurent hors de portée. Par un étrange tour du destin, les portes de la célèbre institution vont finalement s'ouvrir à elle, à la faveur de son idylle naissante avec le peu recommandable capitaine Pingree. Étudiante, Frankie croise des intellectuels et des écrivains, parmi lesquels Edna St. Vincent Millay (prix Pulitzer 1923), qui l'encourage à s'installer à Greenwich Village afin de se consacrer à l'écriture. Mais après quelques charlestons et verres de gin frelaté, les amours à New York deviennent folles, et il est temps pour elle de renouer avec ses rêves : elle embarque pour Paris. À bord du SSMauretania, Frankie se prend d'amitié pour une « vieille fille aventurière » et deux princes russes exilés – rencontre qui la conduit jusqu'à l'appartement en soupente de la librairie Shakespeare & Company tenue par Sylvia Beach, plaque tournante de la vie des écrivains et des expatriés de langue anglaise. Parmi eux, un certain James Joyce, qui travaille à son nouveau manuscrit, et un homme séduisant surgi du passé... Tandis que Lindbergh atterrit en triomphe à l'aéroport du Bourget, Frankie doit repartir vers son village natal, au chevet de sa mère atteinte d'un inquiétant rhume de poitrine. Mais même de retour à Cornish, Frankie ne saurait renoncer à sa quête de succès et d'amour...

En attendant que Demoiselle Liseuse se recharge, j'ai attrapé Le Journal de Frankie Pratt en pensant en feuilleter quelques pages avant de replonger dans d'autres lectures, histoire de passer le temps... Stupide fille que je suis, comme si je pouvais me contenter de "quelques" pages d'un ouvrage pareil !

Je ne sais pas où le classer, il est hors catégorie tout simplement. Journal intime, scrapbook, roman, ouvrage d'art, roman graphique il est un peu tout cela à la fois et bien plus surtout. C'est un livre vintage, rétro, au charme suranné. J'ai eu l'impression d'ouvrir l'armoire de ma grand-mère ou de mes grands-tantes, de farfouiller dans les tiroirs secrets et de mettre la main sur de vrais trésors. Des lettres d'un amoureux mystérieux, de vieux tickets de cinéma, un mouchoir brodé qui porte encore le souvenir d'un parfum, des photos qui nous rappellent qu'il fut un temps où les femmes étaient follement élégantes, où elles ne sortaient jamais un cheveu, où les bas se remontaient le long d'une jambe chaussée d'un escarpin de soie brodé de sequins avant de se fixer à une jarretière haut percée. Et c'était également une époque où il leur était difficile de faire des études, de trouver un travail, d'être indépendantes.
Caroline Preston nous plonge dans les années 20, ces années d'insouciance que l'on a qualifié d'Années Folles qui suivent la Première Guerre Mondiale et qui précédent la Seconde. Il flotte comme un parfum de liberté, d'audace sur la société et l'on se prend à rêver que tout est possible, y compris qu'une jeune fille pas vraiment riche d'un coin perdu des États-Unis puisse faire ses études dans une université huppée et devenir écrivain. Frances Pratt, dite Frankie, préfère nous livrer ses pensées, ses réflexions et ses souvenirs dans un Journal fait de bric et de broc, de petits riens qui font pourtant tout. Huit années de sa vie, huit années trépidantes qui vont la conduire du New-York bohème de Greenwich Village au Paris des années 20, celui des artistes, des inventions, de l'Art Nouveau. Elle va aimer avec toute son âme, se tromper, être blessée, faire de belles rencontres, vivre de folles aventures mais surtout, elle va se trouver, sans jamais se perdre totalement. J'ai adoré poser mes pas dans les siens et vivre un peu de sa vie, de ses amours. Le Happy End est classique mais pas convenu, jusqu'au bout, ce Journal reste celui d'une femme libre, heureuse, amoureuse.

Une très belle expérience et un livre que je vais garder à porter de mains.. Il sera très certainement une belle source d'inspiration so rétro !