WOLF Jack - Misericordia

Misericordia
Jack Wolf

Belfond
Sortie le 4 avril 2013

Epoustouflant, complètement original, un premier roman hors normes, qui mêle philosophie des Lumières, leçons d'anatomie à la bougie, amours maudites, réflexion métaphysique sur le corps et l'âme. Une oeuvre flamboyante et érudite, d'une richesse exceptionnelle, un véritable joyau.

« Il y a de la Miséricorde dans la Souffrance partagée, dans le Désir et dans l'Amour. »

Foisonnant, bourré d'aventures et de rebondissements, un roman hors normes qui mêle philosophie des Lumières, leçons d'anatomie à la bougie et amours maudites. Portée par une écriture flamboyante, une oeuvre d'une richesse exceptionnelle.
Tristan Hart a vingt ans quand il quitte sa campagne du Berkshire pour rejoindre Londres et les enseignements du légendaire Dr William Hunter.
Étudiant surdoué, depuis toujours obsédé par la relation entre le corps et l'âme, son ambition de chirurgien est de soulager la souffrance.
Mais dans le secret de son cabinet d'études, il est une chose que Tristan n'ose s'avouer : le plaisir extrême qu'il prend à infliger la douleur.
C'est alors qu'apparaît dans sa vie la belle Katherine Montague...

« Le Bien, le Mal. Le Vrai, le Faux. Ces Termes sont bien piètres et impropres. En vérité, il n'y a qu'un seul Choix à faire c'est celui d'agir ou de ne pas agir. »

Misericordia est un roman unique qui nous embarque dans un univers onirique et complètement fantasmagorique. Dans une ambiance gothique et sous couvert de récit fantastique, Jack Wolf nous déroule une suite de débats philosophiques qui interpellent le lecteur et le pousse à se questionner et se positionner sans qu’aucune réponse ne lui soit jamais fournie. Frustrant mais ô combien brillant !

1741. Thristan Hart, tout jeune garçon, vit dans la campagne du Berkshire. Fils du châtelain local il s’est lié d’amitié avec Nathaniel le fils du pasteur. Ce dernier a des comportements assez inquiétants et le pousse sans cesse dans ses retranchements. En grandissant, Tristan s’intéresse de plus en plus à l’anatomie et au fonctionnement du corps humain et s’organise au manoir une pièce privée où il peut disséquer à loisir les bêtes qu’il arrive à attraper. Il est aussi la proie d’étranges crises qui lui font perdre totalement le contrôle de lui-même et où il devient extrêmement violent.
A vingt ans, il se rend à Londres pour étudier auprès de l’éminent Dr William Hunter. Là il peut enfin se consacrer à ce qui le passionne grâce à des dissections de cadavres et se consacrer entièrement à la médecine. C’est là aussi qu’il découvre qu’il prend un plaisir extrême à infliger de la douleur et parvient à contenter ce penchant avec une prostituée.
En rentrant chez lui pour un court séjour, il rencontre Katherine, la jeune cousine de Nathaniel, qui lui a disparu. Il voit d’emblée en elle son âme sœur, et ses tendances masochistes sont un parfait pendant de son sadisme. Quels que soit les obstacles, il épousera Katherine !

On ne peut que commencer à évoquer l’étonnante mise en page du roman. Jack Wolf a en effet décidé d’adopter la manière d’écrire du XVIIIe siècle en plaçant une majuscule à tous les mots d’importance et ils sont très nombreux. Interpellé au début, on finit par s’y faire et à ne plus y porter attention.

Tout le long de notre lecture, nous sommes obsédés par une question unique : quelle est la part de réalité ou de fiction dans le récit. Car Tristan est le témoin de nombreux phénomènes étranges et paranormaux et est complètement obsédé par la légende de Raw Head et Bloody Bones. Tristan perçoit-il vraiment un monde magique, une réalité parallèle, ou n’est-ce que le produit de son esprit dérangé ? Est-il incompris ou complètement fou ? Nathaniel existe-t-il vraiment ou n’est-il qu’une projection de ses pensées et ses désirs les plus abjects, comme son double maléfique ? Et nous n’en saurons jamais rien. Il n’y pas de finalité dans le roman autre que de pousser le lecteur à se poser de multiples questions et d’y répondre par lui-même par le seul biais de son imagination. Jack Wolf préfère laisser au lecteur le choix de sa propre compréhension des évènements. Il dit d’ailleurs lui-même qu’il n’est pas encore sûr de ce qui est réel ou pas.
Dans le même temps, à travers l’esprit et les mots de Tristan, l’auteur en profite pour dresser un tableau édifiant du XVIIIe siècle et poser des débats qui ont encore cours aujourd’hui. Le XVIIIe siècle est le siècle des Lumières, un siècle charnière entre Tradition et Modernité, où nombre de savants et de libres penseurs ne se donnent d’autre but que de sortir les hommes de l’Obscurantisme pour les tourner vers le Progrès et la Science. C’est la naissance de la médecine moderne qui entre en totale contradiction avec certains préceptes religieux et codes de moral. Mais nous sommes alors qu’aux premiers balbutiements. L’ésotérisme, la superstition et le folklore du terroir sont plus vivaces que jamais. Et on ne peut s’empêcher de suivre avec passion la manière dont le narrateur est à la fois témoin et acteur de ces permanences et de ces mutations.
Ce n’est donc pas une lecture facile. Bien au contraire, il faut rester bien attentif et garder l’esprit ouvert pour ne perdre aucune subtilité du récit, aucun questionnement à avoir au bon moment.

Amoureux des belles phrases et amateurs des univers atypiques à la Tim Burton, vous ne pouvez qu’adorer Misericordia !