ROSSETTI Rinsai - L'Envol

L'Envol
Rinsai Rossetti

Sortie le 2 octobre 2013

Quatrième de couverture :

Freneqer Paje, à peine dix-sept ans, a déjà vécu dans plein de pays. La seule constante est la main de fer de son père qui l’éduque avec une sévérité qui confine parfois à la cruauté. Un jour en se promenant en famille au souk, la jeune fille ose : elle exige de ramener chez elle un chat en piteux état. Avec cette rébellion en apparence anodine, Freneqer avance d’un pas sur le chemin de l’indépendance, sachant que chaque tentative pour s’émanciper de l’autorité de son père, sera punie. Si un combat s’engage alors entre père et fille, Freneqer se bat aussi contre elle-même : comment vouloir la liberté quand on est habituée à obéir et à être surveillée chaque minute de sa vie ? Car être libre, c’est précisément ce que lui propose Sangris, le chat qu’elle a sauvé et qui s’est transformé en jeune homme aux ailes magiques. Pas de famille, pas d’attachement, pas de règles, lui dit-il à chaque fois qu’il l’emmène sur son dos découvrir des lieux du monde qu’ils choisissent ensemble. Mais Freneqer est-elle prête à s’émanciper à ce point ?

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Freneqer Paje vit dans une Oasis au Moyen Orient. Un endroit rempli d'expatriés comme elle et ses parents. Un endroit étouffant qui représente parfaitement son existence. Cette jeune fille d'à peine dix-sept ans vit la plupart du temps recluse dans sa chambre, sur son lit, entourée d'une montagne de livres tel un mur de protection. Et pour cause, Freneqer est sous le joug de son père, il contrôle et analyse le moindre fait et geste, tentant ainsi de détecter la moindre faille dans son comportement. Elle se doit d'être à l'image de son père : la fille parfaite qu'il s'est imaginé et qu'il s'est inventé avant même sa naissance. Mais un jour Freneqer trouve un chat en piteux état enfermé dans une cage et décide de le sauver en suppliant son père de le ramener chez eux. Il abdique avec méfiance et à la seule condition de s'en séparer dès que cette bête sera rétabli. Néanmoins en lui accordant son seul et unique caprice, il offrira les ailes qu'elle n'a jamais eu et qui lui permettront de se libérer de sa terrible emprise. Car ce chat est en vérité une libre créature capable de se transformer en un jeune homme doté d'ailes, et lui fera découvrir des choses inédites...

Freneqer n'aime pas son prénom, qui aurait l'idée d'appeler sa fille ainsi franchement, elle trouve ça invraisemblable ! Elle n'aime pas non plus ses parents, et ne connaît strictement rien de l'amour. C'est d'ailleurs un mot qui n'a jamais été prononcé dans cette famille et qu'elle voit comme quelque chose de sale, de dégradant. Elle n'a pas sa propre personnalité, elle est moulée selon le bon vouloir de son père. Et dès qu'elle tente de s'affirmer elle sent son regard pesant et accusateur. On pourrait dire que Freneqer n'est pas attachante, car elle est froide, complètement renfermée, parfois odieuse et limite agaçante. On lui en veut presque de se fermer et de se blinder à ce point face aux sentiments. Mais en fin de compte son comportement est parfaitement compréhensible, alors on est forcément touché par cette jeune fille, et on voudrait nous aussi être doté d'ailes pour la rejoindre et la sortir de cet enfermement physique et psychologique.
Quant à Sangris, c'est une libre créature et on l'adore tout simplement. Pour lui aussi tout est nouveau, c'est une créature qui ne reste jamais longtemps au même endroit et qui ne se lie jamais à personne. Mais avec Nenner - petit surnom qu'il a donné à Freneqer -, tout est différent. Il ressent le besoin de l'aider et il s'attache irrémédiablement à elle. Mais malgré les signes qu'il lui envoie, Nenner reste hermétique à son rapprochement, elle n'accepte aucun sentiment qui s'apparente à de l'amour.

Ce que vit Freneqer est tout simplement horrible et impardonnable, comment peut-on infliger une telle torture psychologique sous prétexte de vouloir une fille parfaite. C'est humiliant et traumatisant, on est indigné face à cette situation (bon là c'est mon cœur de maman qui parle). Oh bien sûr elle ne reçoit aucun coup physique mais ça n'en n'est pas moins terrible. Son père est beaucoup plus pernicieux, il n'a aucun besoin de crier, juste un regard suffit à la réduire au silence et à la soumettre à son autorité. Pour éduquer sa fille il a dégoté des règles de conduite aux quatre coins de la planète. Tout et n'importe quoi, du moment que ça lui semble raffiné. «Demande pardon s'il t'arrive de frôler quelqu'un : ça, c'est canadien. Affecte la timidité : ça c'est thaïlandais. Ne souris pas aux hommes : ça c'est une des règles de l'Oasis.»  On évolue donc dans une ambiance très pesante, on ressent pleinement les angoisses et les craintes de la jeune fille. Il y a heureusement des petits moments de joie, de liberté et de magie grâce à Sangris. Mais il faudra énormément de temps à Freneqer pour se libérer de l'emprise et de l'influence de son père, c'est un long et dur combat. On est loin de la petite romance niaise où l'héroïne tombe en pâmoison devant le garçon, et heureusement car ça n'aurait pas été crédible. Cependant leur histoire est très mignonne et on se demande jusqu'à la fin comment cela va se terminer.

Ce livre est admirablement bien écrit, l'auteure a une plume magnifique et poétique, surtout quand on sait qu'il a été écrit lorsqu'elle avait dix-sept ans... L'idée de la libre créature est originale et très bien pensée. Ses origines ne sont pas totalement approfondies, et n'est absolument pas nécessaire car ce n'est pas le point principal du roman. La créature que représente Sangris est surtout un symbole, elle représente parfaitement ce dont à besoin la jeune fille. Un livre qui nous parle de l'enfermement, d'un exemple d'éducation qui peut-être terrible. Un récit qui nous tient en haleine du début à la fin.

On a donc une jolie romance, l'histoire d'une jeune fille touchante et une pointe de fantastique. Un très beau livre donc qui mérite vraiment d'être lu et que j'ai adoré!