OATES Joyce Carol - Ce que j'ai oublié de te dire

Ce que j'ai oublié de te dire
Joyce Carol Oates

Wiz
Sortie le 3 janvier 2014

C'est la dernière année de lycée pour Merissa et Nadia. Les deux filles ont plus que jamais besoin de leur meilleure amie, la singulière, l'étrange et abrupte Tink qui s'est suicidée six mois plus tôt. Chacune est seule avec des secrets qu'elles ne pouvaient partager qu'avec Tink. Des secrets inavouables qui ont mis en péril leur amitié, mais qui les ont également mises en danger. Tink aussi avait un secret, un secret très lourd mais jamais elle ne leur a confié son tourment... Comment continuer à vivre avec ses silences quand la seule personne qui vous comprenait est morte ?

"Les thèmes de l'isolement de l'adolescence, l'épreuve de l'humiliation et de la souffrance font de cet excellent roman un livre qu'on n'oublie pas." Publishers Weekly

Auteur de nombreux best-sellers, Joyce Carol Oates a commencé à écrire à quatorze ans. Elle a publié des romans, des essais, des nouvelles et de la poésie. Son roman Blonde, inspiré de la vie de Marylin Monroe, a connu un immense succès. Joyce Carol Oates a déjà publié en Wiz Un endroit où se cacher (2010).

Quand une reine de la littérature américaine s’intéresse au mal-être et la psychologie des adolescents, cela donne un roman fort, sombre et dur d’une incroyable intensité. Magistral et dérangeant à la fois, une réussite !  

Trois voix, trois récits, trois drames.
Le roman s’ouvre sur l’histoire de Merissa, la jeune fille parfaite, jolie, excellente élève, reçue dans une université de la Ivy League, joueuse de hockey, rédactrice à l’annuaire du Lycée, des parents aimants et dévoués, des amis… une vie idéale en somme sauf que Merissa cache une grande souffrance intérieure. Elle ne contrôle sa vie et ne parvient à décompresser qu’en s’auto-mutilant. Son malaise s’est encore aggravé depuis le suicide de son amie et confidente, Tink. Personnage trouble et troublant, on l’aime autant qu’on la déteste. Brutale, agressive, dure, Tink est une ado perdue, désabusée et désespérée. Elle était le centre de la vie de ses amies et sa mort les laisse comme orphelines, c’est sans doute la raison pour laquelle elles lui parlent, croient la voir toujours présente. Enfin, nous rencontrons Nadia. Complétement négligée par un père trop souvent absent, harcelée par les garçons de son lycée, elle finit par tomber follement amoureuse de M.Kessler, l’un de ses professeurs. Toujours aussi seule, elle se confie à Tink dans l’espoir d’y voir un peu plus clair …

Ce que j’ai oublié de te dire n’est pas un roman très optimiste, il ne nous offre pas une vision rose bonbon de l’adolescence mais il sonne terriblement vrai. Joyce Carol Oates exprime avec force les sentiments, les doutes et les espoirs de ses personnages. Elle parvient à mettre le doigt sur les maux de l’adolescence comme peu d’auteurs savent le faire. Suicide, solitude, mutilations, négligence, rien n’est simple dans la vie de ces jeunes filles, elles se battent pour survivre dans un monde où elles se sentent perdues, décalées. L’argent n’achète pas le bonheur et on en a bien la preuve dans ce roman, de riches parents ne font pas forcément de bons parents loin de là d’ailleurs… Et puis, il y a le style unique de Joyce Carol Oates. Son écriture ne ressemble à aucune autre, répétitions, parenthèses, tour à tour brute ou poétique, elle nous touche profondément. Mais c’est aussi une lecture exigeante, pas de celles que l’on prend pour se détendre d’un œil distrait. Non, là, il faut prendre son temps, s’immerger dans le récit, se laisser bercer par les mots de cette grande dame et partir à la rencontre de nos héroïnes. Un voyage éprouvant, intense et marquant au pays de l’adolescence et de ses maux.