GUHRKE Laura Lee - LES JEUNES FILLES EN FLEURS - Tome 4 - Séduction

Séduction
Laura Lee Guhrke

Réédtion le 25 janvier 2017

Quatrième de couverture :
Une intrigue inepte… Une comédie aussi distrayante qu’une visite chez le dentiste ».
Le comte d’Avermore enrage à la lecture de l’article consacré à sa dernière pièce. Lui, le cocaïnomane repenti, sait pourtant que ses vices ont tué son inspiration et qu’il est un auteur fini. N’empêche, être traité en ces termes…. C’est intolérable ! Cet écrivaillon de bas étage qui se permet de l’éreinter dans les pages de la Gazette et signe du nom de George Lindsay va s’en repentir, foi d’Avermore !
Il ignore que sous ce pseudonyme se cache Daisy Merrick, une journaliste débutante qui n’a pas fini de le surprendre...

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Je viens juste de tourner la dernière page après l’avoir lu d’une traite et la première chose qui me soit venue à l’esprit c’est que j’en veux encore. Dieu que ce roman a été agréable à lire. Plus que ça même. Un pur délice. J’ai tout adoré, des personnages à l’intrigue, en passant par le thème central. Avec ce 4^e volet, je suis définitivement devenue accro de ces Jeunes filles en fleurs, ces femmes indépendantes qui, toutes, exercent un emploi et n’entendent pas se laisser dicter leur conduite par les hommes. Ces héroïnes sont résolument modernes mais sans jamais sortir du cadre dans lequel elles évoluent et qui est brillamment décrit : le Londres des années 1890.

Daisy en est un parfait exemple. Depuis dix ans, elle vit avec sa grande sœur Lucy dans la pension de Little Russel Street. En attendant de pouvoir vivre un jour de sa passion, l’écriture, elle enchaîne les petits métiers sans parvenir à en garder un. Vive et trop impulsive, elle s’est faite renvoyée de tous ses emplois précédents. Désespérée, elle se rend chez Marlowe qui tient la maison d’édition du même nom (1^er tome) et il lui propose de remplacer sur le pouce un de ses critiques de théâtre. La pièce est un fiasco et Daisy en écrit, sous le pseudonyme de George Lindsay, une critique assassine qui paraît le lendemain dans un grand quotidien.

Sébastien Grant, comte d’Avermore est l’auteur de la pièce. Ecrivain à succès, il a perdu l’inspiration et n’arrive plus à écrire. Seulement, ruiné, il est bien obligé de trouver un moyen de subsistance. Furieux de la critique et surtout de ses accents de vérité, il se rend chez Marlowe pour demander des explications. Il y découvre que Gorge Lindsay est en fait une exaspérante mais magnifique jeune fille du nom de Daisy. Son ami Marlowe, conscient de ses difficultés, lui propose d’engager Daisy pour l’aider dans son travail d’écriture tandis qu’il pourra lui-même lui prodiguer ses conseils d’expert. Débute ainsi une improbable et étrange collaboration….

Dire que j’ai adoré serait un euphémisme. Tout est génial. Les personnages sont extrêmement attachants. Daisy est impulsive, n’a pas la langue dans sa poche et souffre d’un incurable optimisme. Sébastien est un héros très inattendu. Longtemps cocaïnomane, il est sevré depuis trois ans, mais ressent encore les affres du manque. Il est doté de surcroît d’une personnalité diablement intéressante. Arrogant, voire même vaniteux, il est aussi peu sûr de lui et est empli de doutes et de complexes.

L’écriture est merveilleuse, incroyablement fluide. Le thème central, l’Ecriture, est passionnant. Les deux héros en débattent durant tout le roman sous forme de discussions enflammées et on reste juste scotché à notre livre. En même temps un roman sur l’écriture et les critiques littéraires ne pourraient que m’intéresser, mais quand c’est écrit par Laura Lee Guhrke ça en devient parfait. Elle nous offre ici une vision délicieusement satyrique du monde de l’édition, qu’elle tire peut être de sa propre expérience.

Cette réflexion m’a particulièrement fait rire : « Au diable tous ces fichus critiques ! Des parasites, voilà ce qu’ils étaient. Incapables d’écrire eux-mêmes quoi que ce soit, ils vivaient sur le dos des gens qui avaient du talent, travaillaient, prenaient des risques, et en payaient le prix ». Elle n’a sans doute pas tort…

J’ai aussi adoré les citations placées en début de chapitre qui tournent toutes autour du thème de l’écriture et qui n’interviennent jamais au hasard. Quelques exemples :
Molière : « L’écriture ressemble à la prostitution. D’abord on écrit pour l’amour de la chose, puis pour quelques amis et, à la fin, pour de l’argent ».
Epictète : « Si tu veux être un bon écrivain, écris ! »
Balzac : « Je suis un galérien de plume et d’encre ».

Enfin bref, j’ai pris énormément de plaisir à lire ce livre et c’est avec regret que j’ai appris que Laura Lee Guhrke a interrompu cette série en 2009 pour en débuter une autre. Je garde l’espoir qu’elle la reprenne un jour et nous crée encore des petits miracles pour les autres pensionnaires de Little Russel Street…. Le mot de la fin pour la couverture que je trouve magnifique et qui m’a aussi conquise. Elle s’accorde parfaitement avec l’histoire !