KIMBALL Kristin : Une vie pleine

Une vie pleine
Kristin Kimball

À quoi peut bien rêver une journaliste new-yorkaise ultra branchée ? Sûrement pas de tout quitter pour suivre un jeune agriculteur bio dans une ferme abandonnée du comté d'Essex. Et pourtant... À l'occasion d'un reportage, Kristin Kimball s'éprend de l'exaspérant mais ô combien séduisant Mark et, contre toute attente, du travail de la terre dont elle fera son métier et son idéal.

Retour au vert ! Kristin Kimball signe une aventure humaine poignante et une réflexion pétillante sur le sens de la vie.

Mon avis :

« Ce livre est le récit des deux histoires d’amour qui ont bouleversé le cours de mon existence : l’une avec le travail de la terre, cet art salissant et accaparant ; l’autre avec un fermier compliqué et exaspérant que j’ai trouvé à State College, en Pennsylvanie. »

Je ne savais pas à quoi m’attendre en ouvrant ce livre… un remake de la Petite Maison dans la Prairie version XXIème siècle ? L’Amour est dans le pré version littéraire ? En tout cas, je penchais pour une vision idyllique de Carrie Bradshaw balançant aux orties ses Louboutin pour chausser une paire de bottes roses en caoutchouc et se jetant dans les bras d’un fringuant fermier… Au final, j’ai été surprise, conquise pour être exact, par ce récit touchant, tour à tour drôle et émouvant, terriblement humain surtout !

Spécialisée dans le tourisme, Kristin Kimball est une journaliste new-yorkaise, citadine branchée jusqu’au bout de ses ongles manucurés. Elle habite East Village, se sert de son four comme d’une étagère et faute de place, stocke son annuaire au frigo. Elle ne cuisine jamais et pour elle, un brocoli, c’est sympa, c’est mignon mais pas question d’en acheter, encore moins d’en cuisiner… alors en cultiver, ce n’est même pas de l’ordre de l’envisageable ! Et pourtant, la voilà un jour à State College, pour interviewer Mark, jeune maraîcher qui travaille la terre selon les préceptes du bio. A peine arrivée, elle se retrouve à l’aider à sarcler les carottes, débiter un cochon fraîchement tué (elle est végétarienne) et faire le repas pour une dizaine de saisonniers affamés. Mais contre toute attente, loin de la rebuter, cela lui plait beaucoup… autant même que le séduisant et exaspérant Mark. Sous le charme, Kristin accepte de tout plaquer et de suivre son beau fermier dans un pari un peu fou : monter une exploitation auto-suffisante dans l’esprit d’une AMAP, contre une cotisation annuelle, chaque membre pourra avoir autant de produits de la ferme qu’il le veut. Mais pour cela, il faut d’abord remettre en état une ferme à l’abandon, apprendre à choisir une vache laitière, lutter contre le sphinx de la tomate, monter un évaporateur pour l’érablière, se débrouiller avec un attelage de chevaux de trait, trembler quand sonne l’orage… Et aussi, apprendre à vivre à deux, dans une maison délabrée où il fait un froid de canard, à se passer de télévision, de cinéma, de shopping, de restaurant et à supporter un homme radical, entier, idéaliste aussi, tellement optimiste qu’il en devient énervant !

J’ai plongé dans ce récit un soir et je n’ai pas pu lâcher le livre. Kristin Kimball nous livre son histoire avec sincérité, sans édulcorer son récit ni nous offrir une vision idyllique en rose bonbon du métier d’agriculteur. Plus que son histoire d’amour avec Mark, c’est sa rencontre amoureuse avec la ferme qui occupe tout le récit. Cette femme, que rien ne prédestinait à devenir fermière, a eu un véritable coup de foudre pour ce métier difficile, ingrat parfois mais exaltant aussi. On la suit d’expérience en expérience, on rit de ses petites maladresses (la traite des vaches, le tunnel des cochons,…), on verse quelques larmes car Une vie pleine réserve aussi quelques beaux moments d’émotion. Si Kristin s’inquiète, elle se laisse aussi gagner par l’optimisme de Mark, elle découvre la solidarité, l’entraide du monde agricole, des gens discrets mais toujours là pour aider, pour faire preuve de générosité au moment où l’on croit que tout est perdu. Elle change peu à peu, oubliant aussi la femme qu’elle était pour se réaliser pleinement. L’entourage de la jeune femme ne comprend pas forcement ce changement radical de vie et on les comprend un peu. Cela donne lieu à quelques scènes savoureuses comme la confrontation entre la famille bohème, démocrate de Mark et celle très bourgeoise conservatrice tendance républicaine de Kristin !

Une vie pleine, c’est une belle leçon d’humanité en fait, un livre qui nous fait croire qu’il y a de l’espoir pour le monde, que tout n’est pas perdu. Un livre qui se savoure avec bonheur, qui fait réfléchir derrière un ton léger, une plume acérée et fluide. On apprend plein de choses passionnantes sur la vie d’une ferme, sur le rythme des saisons, les animaux, sur le cycle de la vie et les préoccupations du monde agricole. Absolument génial !!!!!

Pour plus d'infos, rendez-vous sur le site de l'auteur ! J'y ai passé plus d'une heure, une manière de prolonger la lecture http://www.kristinkimball.com/