Quatrième de couverture :Derrière les murs et les grilles d’un orphelinat, il est des secrets bien gardés, des pratiques douteuses, des expériences douloureuses qu’on ne souhaite partager avec personne. « L’empitié » n’y est pas la bienvenue. Surtout lorsqu’elle émane de Louis, le petit nouveau et qu’elle s’adresse à moi, Johnny Yankee, l’éternel rebelle, l’insoumis, la mauvaise graine. Ce n’est pas après quinze ans de lutte acharnée pour susciter crainte et respect que je vais me laisser attendrir par ce freluquet ! Même s’il a du miel au fond des yeux, si son visage est auréolé de boucles de soleil et si un seul de ses sourires met mon cœur à genoux.
Extrait 1
Je m’enroulai dans la couverture miteuse en tremblant de tous mes membres et fermai les yeux. Les pas de Richard s’éloignèrent dans l’escalier puis la porte se referma. La lumière s’éteignit et le silence retomba. Seul, dans le noir, le silence et le froid, je cédai sans plus aucune retenue.
Je pleurai sur la douleur lancinante qui irradiait mon sphincter. Sur cette mère qui n’avait pas eu le courage de m’étouffer dès ma naissance. Sur cette existence misérable que je supportais depuis bientôt quinze ans. Quinze années à manquer de tout. De nourriture, de soins, d’attention et d’amour.
Soudain, l’image d’un visage aux traits fins, d’un doux sourire et d’un regard coulant comme du miel surgit dans mon esprit. Elle s’y établit comme le ferait un chat s’installant sur les genoux de celui qui se veut son maître, avec cette assurance tranquille découlant de la certitude absolue qu’il sera bien accueilli… voire attendu.
Extrait 2
Je soulevai légèrement la tête et rencontrai le regard de miel. L’Amour l’illuminait. Il m’alla droit au cœur. Je caressai sa joue avant d’embrasser sa bouche avec dévotion.
— Je t’aime, dit-il dans un souffle en me souriant tendrement.
— Lou…
Je ne pus aller plus loin. J’éclatai en sanglots et le serrai dans mes bras. Durant de longues secondes, je me laissai aller à ma douleur, la laissant enfin s’exprimer pleinement. Quand je fus calmé, Lou eut un regard grave:
— Fais-moi l’amour, Johnny, murmura-t-il.
— Maintenant ? hoquetai-je.
— Non, répondit-il dans un sourire paresseux. Je suis dans les vapes à cause du calmant. Ce soir, d’accord ?
Il m’aurait demandé d’aller lui décrocher la lune que j’y aurais été, alors lui faire l’amour, pensez donc. Malgré la crainte que je gardais enfouie au fond de moi, je me promis de tout faire pour que cette première fois soit à la hauteur de ses attentes.
Reines-Beaux