Delphine Admin
Messages : 2193 Date d'inscription : 27/06/2012 Localisation : Essonne
| Sujet: HERON Zakia et Célia : Le premier qui voit la mer Mer 15 Avr - 11:41 | |
| Le premier qui voit la merZakia et Célia Héron 9 avril 2015 chez Versilio Quatrième de couverture :« Ne rien ressentir, ne rien montrer, surtout pas la peur. Moi, je n’ai rien montré aux soldats du check-point cet après-midi. Le bus scolaire s’est arrêté. Les camarades français ont commencé à chanter. Non, rien de rien… Non... Je ne regrette rien… De plus en plus fort. À la fin, ils hurlaient, les pieds-noirs. Je ne regrette riennnnnn... Et nous, les quatre Arabes du lycée français, tassées au fond de nos sièges, le regard vide. On n’a rien dit. On n’a pas baissé les yeux. La guerre va finir. Toutes les guerres finissent. Maman me le répète chaque soir. Il faut juste ne pas mourir avant la fin. »
Le premier qui voit la mer s’ouvre sur l’enfance de Leila, insouciante, avant d'être profondément marquée par les violences de la guerre d’Algérie. Écrit à quatre mains par une mère et sa fille, ce récit évoque, avec une sincérité bouleversante et une grande vitalité, les multiples facettes de la vie de deux femmes, et à travers elles une tranche d’histoire contemporaine.
Un extrait de ce récit a été primé lors du concours Libération Apaj 2010. | |
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Delphine Admin
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| Sujet: Re: HERON Zakia et Célia : Le premier qui voit la mer Mer 15 Avr - 12:46 | |
| Mon avis :Un récit criant de vérité, des voix de la transmission qui résonne encore en nous, une fois le livre refermé.
La petite Leïla, 8 ans en 1956, nous parle de son enfance en Algérie. Elle est entourée de ses 5 sœurs et ses 2 frères, ses parents et ses voisines, aussi amies d’école. Elle traverse les années l’esprit guilleret, avec toujours la volonté de comprendre son monde et de dépasser les interdits qui, pour elle, s’apparentent plus à de l’injustice. Pourtant, en enfant aguerrie, elle doit se plier aux réprimandes et aux obligations, ne pas flancher. Leïla trace donc sa route, travaille dur à l’école, car elle a un père qui la pousse à atteindre la première place. Cette autorité qui la contraint et la brime, les conseils attentifs de sa mère et l’amour de sa grand-mère feront d’elle une femme tenace et d’une grande bonté, un personnage remarquable.
Les années feront aussi d’elle une figure féminine forte et en même temps brisée, rongée par la guerre d’indépendance et ses pertes, les brimades subies à cause d’une nationalité et d’une identité religieuse imposée. On la découvre tout à la fois survivante et nostalgique, dans sa vie de mère et de femme mariée. FLN, harka, et autre milice se superposent aux senteurs de fleurs d’oranger, de célébration de Mouloud. C’est la voix de Dalya, sa benjamine, qui prend parfois le relais. Une autre voix insouciante et pleine d’espoir.
Ce roman à quatre mains défile sous nos yeux tel le journal d’un temps caché, lourd de crainte et de douleurs ravalées. C’est un pan de cinquante ans de l’histoire commune de France et d’Algérie, qui nous est conté toutes en nuances et sincérité. Leïla et Dalya sont deux narratrices fabuleuses. J’ai beaucoup aimé !
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