Mon avis :
Ce nouveau roman policier de Marie Neuser n’est pas la suite de l’excellentissime Prendre Lily – que j’ai également eu le bonheur de chroniquer – mais plutôt son point de départ.
Autant le dire tout de suite, c’est un nouveau coup de cœur, tout à fait à la hauteur du précédent, alors que j’ai tellement craint une déception. Bien des auteurs, parfois même très bons, ont le réflexe de réutiliser la recette d’un succès jusqu’à l’écœurement.
Bien au contraire, et pourtant avec les mêmes ingrédients, Marie Neuser nous offre une très belle variation sur le thème de l’abominable mais intouchable Damiano Solivo, que l’on a si bien appris à détester. Prendre Gloria revient sur son passé en Italie, avant l’exil anglais et les meurtres de Sun et Lily. Loin de la narration à la première personne et du seul point de vue du détective Mc Liam dans le premier opus, l’auteure fait le choix d’un livre chorale, où s’expriment tour à tour les innombrables protagonistes de la disparition de Gloria, adolescente de 16 ans sans histoire.
A nouveau, on connaît d’avance et le coupable et le dénouement (si on a lu Prendre Lily au préalable) et pourtant on se fait prendre et on lit d’une traite, tant l’intrigue est bien menée, tant les personnages sont crédibles et touchants et tant les divers sauts dans le temps sont efficaces.
Prendre Lily, c’est un meurtre, un cadavre abominablement mutilé, puis un coupable tout désigné que l’on va traquer pendant 7 ans, continuellement et sans relâche. C’est presque un tête à tête obsessionnel entre Mc Liam et Solivo, ce criminel préparé et sûr de lui qui ne craint pas de se faire prendre.
Prendre Gloria, c’est une disparition sans corps dont l’histoire traîne sur 17 ans, avec de longues périodes de néant, et qui marque une nation entière. Lily c’est un fait divers, quasiment un prétexte, quand Gloria est une icône.
La méthode anglaise contre l’omerta italienne. Prendre Gloria décortique patiemment tous les mécanismes, de la petite compromission au hasard malheureux, qui ont contribué à créer le monstre Solivo, et c’est passionnant, révoltant, tragique et magnifique.
A lire, une nouvelle fois, impérativement.