Fariboles Admin
Messages : 4096 Date d'inscription : 10/07/2011 Age : 43 Localisation : Eure et Loir
| Sujet: Shannon Messenger au salon de Montreuil 2015 Mar 5 Jan - 10:59 | |
| A l'occasion de la venue de Shannon Messenger au salon du livre jeunesse de Montreuil en décembre 2015, nous avons eu la chance de la rencontrer et de lui poser quelques questions. C'était passionnant car Shannon est vraiment adorable, bavarde et disponible. Un grand Merci aux éditions Lumen pour cette jolie opportunité ! Gardiens des Cités perdues est plutôt un livre jeunesse alors que Let the Skyfall s'adresse plutôt à un public Young Adult. Est-ce que le processus d'écriture est le même ? Est-ce que qu'elle travaille d'une manière différente ?
Pour ce qui est de l'écriture, c'est Gardiens des Cités perdues qui est le plus dur à écrire alors que souvent, les gens pensent qu'écrire pour des enfants est plus facile. En fait, l'intrigue est tellement compliquée, pleine de détails et les personnages sont bien plus nombreux. Elle pense qu'il ne faut pas se mettre dans la peau d'un enfant de 12 ans, d'un ado de 17 ans pour écrire quelque chose d'authentique. Elle ne se met pas ce genre de barrières, tout vient des personnages eux-mêmes et elle essaie juste de garder à l'esprit que quelque part, quand on est un enfant, le monde nous paraît plus immense, on se sent tout petit alors qu'ado, la clé, c'est que l'on a des émotions très fortes qui sont immenses et nous dépassent. Le Young Adult, c'est donc une histoire d'émotions très fortes alors que le jeunesse, c'est un monde quasi infini, parfois terrifiant dans lequel on tente de trouver sa place. Pour ce qui est de l'écriture elle-même, pour Gardiens des Cités perdues, elle écrit dans le silence alors que pour Let the Sky Fall, elle écoute de la musique. Mais comme elle n'a écrit qu'une série de chaque genre, elle ne sait pas si cela différent avec ses nouveaux projets ou si c'est le hasard... Aux USA, on dit souvent que la littérature jeunesse, c'est se pencher sur un problème dans le monde mais pour le YA, toujours aux US, la théorie, c'est de se trouver comme individus, ne pas être ses parents, être unique. Et c'est ce qu'il se passe dans ses deux séries alors que c'est un hasard, elle n'a pas suivi ses théories. Ce qui frappe aussi, c'est que dans Gardiens des Cités perdues, Sophie n'est pas seule, elle est entourée d'amis, de proches et cela donne un roman foisonnant avec de nombreux dialogues, des scènes avec beaucoup de personnages... Alors que dans Let the Skyfall, toute l'histoire tourne autour de Vane et Audra, cela donne un roman très intimiste. Pourquoi une telle différence ?
En fait, ce n'est pas fait intentionnellement. Elle a été emportée et attirée vers cette histoire, elle avait besoin de l'écrire. Quand on est auteur, on a un grand nombre d'idées qui nous viennent et il faut les trier, choisir celle vers laquelle on va partir. Let the Sky Fall a été écrit pendant qu'elle essayait de vendre Gardiens des Cités perdues à un éditeur américain. Et parce que c'était très différent, elle a senti tout de suite que cela allait être un livre écrit à la 1ère personne. C'est une histoire qui est très intime. On suit Audra, on se demande pourquoi elle résiste à l'idée de tomber dans les bras de Vane qui est un garçon charmant, un peu immature par moments mais il est chouette, en plus, il la drague avec assiduité. C'est vraiment intéressant de voir pourquoi elle résiste, ne se laisse pas aller, … C'est une différence essentielle dans les deux ouvrages, elle était vraiment attirée par l'idée d'écrire quelque chose de complètement nouveau. Il y a tout de même un point commun entre Sophie et Vane, ils ont tous les deux été adoptés et heureux de l'être. On est loin des orphelins malheureux, maltraités... C'est un sujet qui lui tient à cœur ou bien est-ce seulement parce qu'il sert son intrigue ?
Effectivement, elle a non seulement des amis qui ont adopté mais aussi, elle avait des copains de classe adoptés. C'est sans doute une des raisons. L'autre raison profonde, c'est qu'en général, quand elle lit de la littérature jeunesse ou Young adult, il a une sorte de syndrome des parents absents. Les enfants passent leur temps à se promener, ils prennent des risques, … sans surveillance, ce qui n'est pas très réaliste. En plus, elle avait envie d'avoir des figures parentales dans ses livres mais cela ne pouvait pas être des parents génétiques de ses héros, notamment dans le cas de Sophie qui est une Elfe et donc pas humaine d'où l'idée de l'adoption. Souvent, elle voit que dans ses lectures, pour l'auteur, c'est plus facile soit de tuer les parents, soit de faire vivre l'enfant dans un orphelinat comme cela, les enfants peuvent faire/aller où ils veuillent sans rendre de compte. Une des scènes de Gardiens des Cités perdues qui a été écrite et ré-écrite, c'est celle où Sophie quitte sa famille, c'est une scène riche en émotions. Les elfes ont d'ailleurs confié Sophie a une famille aimante pour qu'elle ait une bonne image des humains, qu'elle soit plus ouverte sur ce monde, ouverture qui manque cruellement aux Elfes. Pour Vane, en YA, souvent il n'y a pas de parents et elle trouve cela bizarre que les parents, quand il y en a, voient arriver leurs ados couverts de blessures et ne demandent pas d'explications. C'est pour cela qu'elle aime bien cette scène où la mère de Vane lui demande ce qu'il se passe, de lui dire la vérité et qu'il lui répond juste qu'il ne peut pas lui expliquer, qu'elle doit juste lui faire confiance . Elle trouve que cela sonne juste car c'est un moment que tout le monde a vécu dans son adolescence. La mythologie construite autour du vent, des sylphes est des plus fascinantes. D'où lui est venue cette idée ? En tout cas, bravo, parce que dans le roman, on perçoit presque le Vent comme un personnage, il est vivant, on le ressent tant les descriptions sont parfaites, tangibles.
Cela vient certainement du fait que là où se passe le livre, c'est là où Shannon a grandi. Elle voyait parfois dans son jardin, des tornades miniatures, Dust Devil/ Diable de poussière, que tournoyaient et paf, disparaissaient comme si elles n'avaient jamais existé. Il y a aussi le fait que lorsqu'elle va voir ses beaux-parents, elle traverse des zones avec tout autour dans les champs des grandes éoliennes. Elle vit dans un environnement où le vent a une grande importance. Du coup, quand elle est tombée sur la figure mythologique de Sylphes, elle s'est dit que cela serait génial si ces Sylphes contrôlaient les éléments. Une tornade, cela peut détruire une ville entière en quelques minutes et contre un ouragan, même avec tous les moyens technologiques, on ne peut rien faire, on est impuissants. Tout cela est devenu la mythologie de son monde, elle s'est demandée ce que cela ferait d'être une créature capable de contrôler une telle puissance. | |
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