HERRMANN Elisabeth : tous ces silences

Tous ces silences

Un meurtre atroce défraie la chronique berlinoise : un corps est retrouvé dans un parc animalier, en partie dévoré par des cochons. L'assassin présumée est très rapidement identifiée. Trop rapidement, selon Sanela Beara, la jeune policière en patrouille arrivée en premier sur les lieux. Très réservée et mentalement instable, Charlie Rubin a tout de la coupable idéale. Elle a avoué le meurtre. Et pourtant, Sanela a des doutes, que partage également Jeremy Saler, le psychologue chargé d’établir le profil de Charlie. Qui la jeune femme cherche-t-elle à protéger ? Pourquoi ? Ils découvrent bientôt que de terribles souvenirs d’enfance traumatisent Charlie et la maintiennent à distance de son village natal, Wendisch Bruch. Des évènements scellés par le silence des quelques habitants qui restent, qui ne veulent plus en entendre parler, et pour cause…

Un livre dont je n’ai pas pu décrocher après avoir lu les premières lignes…

L’auteur a un talent fou ! Je suis restée scotchée dès les premiers mots, on sent tout de suite monter l’angoisse et couver un terrifiant secret, un secret que l’on croit saisir, mais au fil des pages, il nous échappe, se métamorphose, se complexifie, jusqu’à l’apothéose finale, celle qui fait qu’on oublie de boire, de manger, de parler, presque même de respirer (si, si, juré !!).

Charlie est-elle coupable ? Oui ! Non ! Oui ? Non ? Euh… Quels sont ses secrets ? Ses tourments ? Ses cauchemars ? Charlie est un personnage complexe, déroutant, qui fait un métier surprenant et méconnu, car elle s’occupe de l’élevage des animaux destinés à nourrir les pensionnaires du zoo. Au cours de ses séances avec le professeur Brock, elle montre de multiples facettes d’elle-même, qui laissent perplexe, et surtout qui permettent d’entrevoir un passé terrifiant. Personne ne croit à son innocence, personne sauf Sanela Beara.

Sanela Beara, une ilotière d’origine croate, qui cache elle aussi un lourd passé. Une jeune femme têtue, obstinée, qui n’abandonne jamais et se bat pour ses convictions, quitte à s’opposer à sa hiérarchie et à griller toutes ses chances de promotion. Je l’ai admirée dès le début, elle n’a peur de rien, de personne, elle est intelligente, intuitive, et elle est prête à tout pour que justice soit rendue.

Au grand dam de Gehring, son supérieur, qui la considère au mieux comme une mouche du coche, au pire comme une nuisance à éliminer… mais qui ne cesse de penser à elle et finit par la suivre dans ce qu’il considère comme des délires, car quelque part, la pugnacité de Sanela l’a ébranlé. Gehring, qui, sous ses airs distants, n’est pas aussi froid qu’il voudrait le faire croire… La preuve en est dans le choix de sa collaboratrice pour enquêter sur les intuitions de Sanela…

Jeremy, ensuite, l’apprenti psychologue, « parachuté » auprès de Brock grâce à l’appui de son père, Jeremy qui n’a aucune confiance en lui, et qui, à sa propre surprise, va se révéler étonnamment doué et intuitif dans la terrifiante partie qui se joue.

Cara, la petite sœur de Charlie, Cara, la vétérinaire qui devient hystérique quand un enfant pleure, Cara qui semble avoir plusieurs visages, Cara qui ne se souvient pas de son enfance, à part des nombreuses fois où elle a découvert Charlie après que celle-ci a tenté de se suicider…

Et enfin le village quasiment abandonné de Wendisch Bruch, uniquement peuplé de femmes et où les chiens hurlent à la mort… Angoissant, ce village, très angoissant… C’est là que tout a commencé, c’est là que tout finira.

Mais qu’est-ce qui a commencé exactement, dans ce village maudit… ?