MEY Louise - Les ravagé(e)s

Les ravagé(e)s
Louise Mey

Sortie le 12 mai 2016

Quatrième de couverture:

Andréa est une silhouette chancelante après un énième samedi soir alcoolisé. Ses amies ont prolongé la fête, les taxis ont déserté la place, le vide a empli l'espace et on a qu'une envie, ici et maintenant : faire passer le temps plus vite. Mais pas le choix. Il s'agit d'être pragmatique : mettre un pied devant l'autre, entendre le bruit de ses pas en triple exemplaire et trouver ça normal, fixer la lumière, un point de civilisation. Ne pas tomber.

Pourtant, cette nuit-là ne ressemble pas aux autres. La tête collée au bitume, dans l'urine et la poussière, Andréa a mal.

Alex est flic et mère célibataire. Elle officie aux crimes et délits sexuels d'un commissariat du nord de Paris. Chaque jour, elle voit défiler les plaintes pour viol, harcèlement, atteinte à la pudeur. L'ambiance est à l'anesthésie générale et il faut parfois lutter pour continuer à compatir. Ses parades pour éviter de sombrer : la bière, sa fille et les statistiques.

Sauf quand deux affaires viennent perturber la donne.

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Mon avis:

Alexandra « Alex » Dueso, flic et mère célibataire, en voit de toutes les couleurs à la brigade des crimes et délits sexuels : du directeur des ressources humaines d'une société qui pense avoir un droit de cuissage sur toute nouvelle employée au dégueulasse qui se branle devant une vitre de la voiture d'une jeune femme de province coincée dans les embouteillages parisiens... Armée d'un sang froid à toute épreuve, Alex mène sa vie et ses enquêtes du mieux qu'elle peut, aidée par Marco Cantera, son coéquipier.
Mais brusquement, une affaire d'agression, où la victime refuse de porter plainte, et une affaire de disparition viennent perturber le train-train quotidien d'Alex. Les victimes sont toujours des hommes... Et les choses ne sont pas prêtes de se calmer car Alex et son coéquipier sont chargés de l'enquête sur une autre affaire d'agression violente sur un homme du côté de Saint-Denis, puis d'encore une autre. Il semblerait bien que quelqu'un cible volontairement des hommes pour leur faire subir coups et humiliations. Mais qui et pourquoi ?

Au départ du roman, le lecteur peut penser qu'il s'agit d'un polar comme un autre avec seulement des affaires de mœurs au lieu de simples crimes. Eh bien qu'il se détrompe ! Car la trame de fond est toute autre. Il y est question de victimes qui décident de prendre les choses en main et de s'assurer que les coupables sont punis alors même que la loi (et la police) n'a rien fait pour ou du moins rien pu faire... Sujet au combien dramatique et d'actualité toujours présente à l'esprit : combien de criminels courent encore dans la nature parce qu'ils n'ont pas été confondus par des preuves ?

C'est donc dans le cadre de son boulot à la brigade des crimes et délits sexuels qu'Alex Dueso se retrouve chargée d'enquêtes sur des violences (coups, viols...) faites à des hommes dont certains refusent de porter plainte : Camille « Kirko » Wreskansky, un livreur, a été retrouvé dénudé et battu comme plâtre ; Andréa Carrout s'est fait violer au sortir d'une boîte de nuit... Mais, en enquêtant sur ces victimes, Alex et Marco découvrent que ce sont loin d'être des enfants de cœur. Mais qui donc a bien pu décider de s'en prendre à eux au mépris de toutes les conséquences que cela pourrait bien entraîner ?
C'est ce que le lecteur va être amené à découvrir au fur et à mesure du livre au travers des yeux d'Alex Dueso et de son enquête. Il semblerait bien qu'il s'agisse de vengeance. Mais de quelle nature ?

Pour suivre le récit et ce qui a bien pu se passer, nous sommes invités à parcourirles tranches de vie de l'équipe formée par Alex Dueso et Marco Cantera, membres d'un commissariat du nord de PARIS. Car ces deux-là constituent un peu les témoins des différents événements contés dans le livre.
Alex donc, est une mère célibataire qui essaye de faire son job correctement tout en s'occupant seule (aidée d'une baby-sitter) de sa fille. C'est une femme forte et courageuse mais qui ne fait pas forcément preuve de beaucoup d'empathie, de par sa volonté de les protéger, sa fille et elle.
Marco, lui, est un homme honnête et fidèle qui tient énormément à sa coéquipière à qui il reproche (au départ du moins) de vouloir le garder à distance.
Et malgré leurs relations « personnelles », ces deux personnages restent toujours très professionnels et prêts à tout pour protéger l'autre... (élément auquel j'ai été sensible)

Sans être un roman vraiment addictif, Les ravagées constitue l'un des derniers romans que j'ai pu lire où je me suis plus sentie proche des « méchants » que des gentils. Comme si, d'une certaine manière, le fait que je sois une lectrice me fasse partager plus profondément les sentiments de certaines des femmes que nous sommes amenés à croiser au cours du récit... J'avoue que si quelqu'un s'en prenait à moi, j'adorerai pouvoir me venger ou du moins être vengée. Car ce qui soutient le récit, c'est l'idée que des victimes changent de position pour devenir des « bourreaux » (une juste inversion des rôles entre le chasseur et le chassé)

Le seul regret que je devrai émettre, à la limite, sur ce livre, c'est la lenteur de l'intrigue qui finalement se dénoue brusquement dans les dernières pages du livre : je dirai qu'environ les deux-tiers du roman ont un aspect un peu trop factuel et descriptif pour moi (du moins au moment où j'ai lu ce livre) mais que j'ai vraiment aimé le dernier tiers où tout se dénoue et où la lumière est jetée sur les événements qui ont fait l'objet du début du roman...

Stylistiquement, et comme indiqué plus haut, le récit est construit comme un ensemble de tranches de vie qui finalement vont permettre aux deux enquêteurs de reconstituer un puzzle où les vrais méchants ne sont pas forcément ceux que nous croyions... Un récit peu lent donc mais finalement assez touchant où le lecteur (la lectrice) peut en arriver à se demander à partir de quand ou de quoi tout peut basculer.