Entretien avec Leila Meacham
Paris, le 23 août 2016 A l’occasion de son passage à Paris, nous avons eu la chance de rencontrer Leila Meacham pour un déjeuner très Charleston au Montparnasse 1900, suivi d’un entretien, tous deux passionnants.
Leila est en vacances en Europe en compagnie de son mari et a tenu absolument à passer quelques jours à Paris pour pouvoir y effectuer des recherches pour son prochain roman. Elle tient surtout à se balader dans certains des lieux où se tiendra son histoire, comme le Quartier Latin, pour pouvoir rendre compte au plus près de l’atmosphère qui s’y dégage.
Ancienne enseignante, ce n’est qu’après sa retraite qu’elle s’est mise sérieusement à l’écriture et que sont parus ses romans, devenus depuis des best sellers dans le monde et en France :
Les Roses de Somerset, La Plantation et
Les Virevoltants, autant de romans qui se déroulent tous au Texas où elle habite et qu’elle ne quitterait pour rien au monde.
Dans ses romans, il est souvent question d'amour et de devoir, de sacrifice. Ses personnages sont souvent confrontés à des choix douloureux, doivent-ils faire preuve de raison ou suivre les élans du coeur ? La plupart de ses personnages commencent par faire leur devoir, ou du moins ce qu’ils considèrent comme tel. Ils font de mauvais choix mais pour de bonnes raisons et on ne peut les blâmer pour cela. Par exemple pour Mary : Si elle décide de suivre Percy, cela signifie abandonner la plantation, son héritage. Et au final, la problématique essentielle de ses romans est comment vivre avec les conséquences de ses choix. Voire même, comme il s’agit de sagas familiales sur plusieurs générations, comment les enfants doivent vivre avec les choix opérés par leurs parents. Doivent-ils réitérer les mêmes erreurs sous couverts de devoir, ou auront-ils la force nécessaire de choisir autrement et suivre les élans de leur cœur. Mary par exemple finit par quitter la Plantation, un choix que n’a jamais pu faire son aïeule…
Les Roses de Somerset et
La Plantation sont des romans denses (plus de 1000 pages à tous les deux) et qui couvrent une très longue période (avant la Guerre de sécession jusqu'à nos jours), ils sont aussi très documentés et réalistes, ils nous plongent vraiment dans le Texas avec les protagonistes des romans. Pour parvenir à ce résultat, Leila Meacham a dû beaucoup se documenter et faire énormément de recherches. Les deux domaines dans lesquels elle ne connaissait absolument rien et pour lesquels il lui a fallu faire de nombreuses recherches sont le pétrole et l’élevage, les deux piliers économiques du Texas, et ce depuis le XIXe siècle. Toutes ces recherches sont préalables au processus d’écriture et sont bénéfiques à plus d’un titre. Ils lui permettent notamment d’apporter de la consistance à ses personnages, des possibilités infinies à son intrigue. Et Leila de revenir souvent sur ce terme de « possibilités » pour l’importance donné aux recherches.
La Plantation est le prequel des
Roses de Somerset mais il est sorti après. Pourquoi ce retour aux origines de la saga ? Et maintenant, est-ce qu'il vaut mieux commencer par
La Plantation ou d'abord découvrir
Les Roses de Somerset ? Leila considérait qu’il était d’une importance capitale d’expliquer l’héritage de Mary qui a eu d’importantes conséquences sur sa vie. On entrevoit aussi beaucoup de ce passé dans les Roses de Somerset ce qui fait naître beaucoup de questions et Leila ne voulait pas laisser ses lecteurs sans réponses. Quant à l’ordre de lecture, c’est une question qu’on lui pose souvent. Personnellement, elle conseillerait plutôt de les lire dans l’ordre d’écriture. Pour faire naître chez le lecteur ces questions, cette curiosité du passé. Pour autant, il peut être tout aussi intéressant de les lire dans l’ordre chronologique. La lecture sera plus fluide, sans surprise mais tout aussi prenante.
On sent aussi chez ses personnages un profond attachement à la terre, à leurs racines et leur histoire familiale. Du coup, nous nous sommes demandées si c’était également le cas pour Leila. Sa réponse a été catégorique : Non ! Leila n’a aucune connaissance de sa propre généalogie et cela ne l’intéresse nullement. Elle a perdu ses parents qui eux-mêmes n’avaient quasiment aucune famille. Elle n’a qu’un frère jumeau, maintenant décédé, dont elle s’était éloignée depuis son mariage avec une femme avec laquelle elle ne s’entendait pas du tout. Elle n’a qu’un seul neveu qu’elle ne voit quasiment jamais et n’a jamais eu la chance d’avoir des enfants. Son noyau familial se limite donc à son mari, elle et sa petite belle-famille. Et cela lui convient parfaitement. Elle n’a jamais été curieuse de ses origines familiales. D’ailleurs beaucoup de ses lecteurs lui disent que vu la manière dont sont représentées les mères dans ses romans, la sienne a dû être particulièrement horrible. Ce qui n’est absolument pas le cas. Sa mère était un ange, une sainte sur terre, et elle lui manque chaque jour. Tout ce qu’elle écrit dans ses romans relève donc de la pure imagination et en aucun cas de son expérience personnelle. Et c’est d’ailleurs ce qu’elle trouve génial dans l’écriture : pouvoir utiliser sans limites son imagination et vivre le temps du processus d’écriture une autre vie, voire d’autres vies, en fonction du nombre de ses héros. C’est l’impression qu’elle a en ce moment avec son futur roman sur l’Occupation. Elle a l’impression d’être une Parisienne, de parcourir les rues de Paris, ses échoppes, ses musiciens de rue, les Allemands omniprésents… Une réalité qu’elle a imaginé mais qui devient un temps sa réalité. C’est le génie de l’imagination !
Ce futur roman d’ailleurs, de quoi va-t-il parler ? Il s’intitulera
Dragonfly et débutera dans la France de l’Occupation, à partir de 1942, se concentrera sur Paris, et durera jusqu’aux années 1960. Le point de départ est la constitution d’une unité d’élites d’espionnage au sein des services secrets américains. Une unité qui réunira cinq jeunes gens de 22 ans, tous choisis en fonction de leurs compétences et leur capacité à se fondre dans la masse et glaner ainsi le maximum d’informations. Ils parlent également couramment anglais, français et allemand. On trouvera donc un styliste de mode qui habillera la haute société allemande de Paris, un ingénieur qui sera consultant auprès du haut commandement allemand pour la construction de ponts, de routes et d’autres infrastructures d’importance, une championne d’escrime qui ouvrira une école à Paris et enseignera l’escrime notamment à des officiers allemands, un professeur de sport qui aura de nombreux enfants allemands parmi ses élèves et enfin un pécheur à la ligne qui travaillera sur un chalutier allemand en Normandie ce qui lui permettra de renseigner les alliés sur les mouvements des troupes et les infrastructures militaires. Mais il ne s’agit que d’un point de départ. Le roman aura de nombreux twists et rebondissements auxquels le lecteur ne s’attendra absolument pas…
Le moins que l’on puisse dire c’est que Layla nous a donné très très envie de le lire…
Pour ce qui est de son actualité, aussi bien internationale que française, c’est
Titans. Sorti en anglais en avril 2016, il paraîtra en français aux Editions Charleston le 6 janvier 2017 sous le titre « Le Ranch des Trois Collines ». En voici le résumé officiel :
« Printemps 1900. Séparés à leur naissance, des jumeaux, Nathan et Samantha, fêtent leur vingtième anniversaire dans des comtés éloignés de l’Etat du Texas, sans se connaître ni soupçonner l’existence de l’aure…
A la ferme de Barrows, Nathan reçoit une visite inattendue qui va bouleverser son existence. Trevor Waverling, un titan des premières heures du forage pétrolier, vient lui proposer un pacte des plus étranges…
A Fort Worth, à trois jours de chevauchée au sud, Samantha décide que son destin se trouve sur les terres de Las Tres Lamas, le Ranch des Trois Collines, l’un des plus grands du Texas. La jeune fille entend aider son père adoptif à réaliser son rêve : devenir un titan de l’élevage texan.
Mais malgré les secrets bien gardés, les routes de Nathan et Samantha sont appelés à se croiser… La vie réunira-t-elle les jumeaux séparés ? »
Rendez-vous donc en janvier pour ce nouveau roman de Leila Meicham…
L’interview a été réalisée conjointement avec Claire d’Onirik dont vous pouvez retrouver [url=
http://www.onirik.net/+Rencontre-avec-Leila-Meacham+]ICI [/url] la brève.
Un grand merci à toute l’équipe Charleston et à Leila Meacham pour ce moment d’exception !