REINFLET Sandra - Ne parle pas aux inconnus

Quatrième de couverture

« Ne parle pas aux inconnus », c’est ce que Camille entend depuis l’enfance. Elle ne rêve pourtant que d’aller voir ailleurs. N’importe où plutôt que ce canapé qui menace de l’engloutir comme il engloutit déjà les kilos de sa mère, campée devant la télé. Camille vit dans un pavillon neuf, c’est joli “pavillon”, à une lettre près ça s’envole sauf que sa famille n’est pas du genre à papillonner.
Perchée sur la pointe des pieds, Camille cherche une issue. Elle regarde au-delà des fumées d’usine, au-delà du Rhin, là où Eva se cache, peut-être. Depuis que son amoureuse polonaise a disparu, Camille a la nausée. Un pied dans l’enfance, un autre dans l’âge adulte, ça fout le vertige, surtout quand plus personne ne vous tient la main.
Au bord du vide, elle décide de faire le grand saut et de prendre la route, pouce en l’air, vers l’est et cet inconnu qu’on lui défend d’embrasser. D’Allemagne en Serbie, de Roumanie en Hongrie, elle va, au fil des rencontres, mettre ses peurs à la porte et interroger le lointain et le proche.
Un voyage dans l’inconnu au cours duquel elle croisera ces étrangers dont ses parents lui disaient de se méfier et qui tous, à leur manière, l’aideront à trouver ce qu’elle ne cherchait pas : elle-même.
Qui sont vraiment les étrangers autour de nous ? Les secrets les mieux gardés ne sont-ils pas les plus en vue ? Comment devenir adulte sans abandonner l’enfant en nous ?
Et si la famille était la plus grande inconnue ?

Mon avis

Je dois dire que j’ai commencé ma lecture avec une idée précise de ce que j’allais trouver, baser en cela sur le résumé. Un environnement étouffant, une adolescente mal dans sa peau, incomprise, qui vit son passage à l’âge adulte avec beaucoup de difficulté et qui finit par s’évader. Non que je me sois totalement trompé sur la forme, mais dans le fond, c’était complètement différent de ma vision des choses.

Au début de ma lecture, j’ai été déstabilisée par le style d’écriture. Le roman est écrit à la première personne. Du coup je n’arrivais pas à identifier le personnage qui interagissait avec le (moi) lecteur. Et ceci jusqu’au deuxième chapitre ou j’ai commencé à prendre mes repères. À partir de là, ma lecture a été plus facile. L’histoire se déroule en deux parties, au début de chacun un fait marquant qui va être déterminant et aider Camille à se trouver et s’affirmer. Cette fille nous apparait dès le début comme une poudrière qui peut à tout moment éclater. Les chaines de l’éducation, la peur de l’inconnu, sa mère, tout cela va s’avérer insuffisant pour la retenir. Et on assiste à son envole un peu bousculer par les circonstances, malgré les doutes, les peurs ou les blessures. Un envole qui lui était nécessaire pour s’affranchir de craintes qui n’étaient pas vraiment siennes. De faire connaissance avec ce monde inconnu, tous ces « inconnus » contre lesquels on la met en garde. Qui sera nécessaire aussi pour retourner à son point de départ a la découverte de ceux qu’elle connait depuis toujours ce qui lui permettra de mieux se comprendre.
Camille est une jeune fille ordinaire, assez égocentrique, elle agit sans trop réfléchir aux conséquences, se plaint un peu trop et par moment j’ai eu envie de la secouer pour la sortir de cette situation dans laquelle elle s’enfonçait. Cependant même si je n’ai pas pu m’y attacher, elle reste tout de même un personnage fort. D’ailleurs l’auteur maîtrise parfaitement ses personnages qui sont très réussis. Ainsi que les arcanes de l’histoire, car a un certain moment on se demande ou tout cela va amener Camille pour finir par se rendre compte que dès le début tous ces détours nous menaient exactement ou le voulait l’auteur.

Donc ce portrait saisissant et réaliste d’une jeune fille au seuil de l’âge adulte ne fut pas une lecture simple, ou joyeuse, mais profonde et touchant des sujets telle que la découverte de ce qui nous entoure, la connaissance de soi et l’acceptation des autres.