HAYDER Mo - Birdman

Birdman

Hayder Mo

Quatrième de couverture:
Dans un terrain vague de la banlieue de Londres, une pelleteuse met au jour cinq cadavres de femmes atrocement mutilées. Un seul lien unit tous ces corps tailladés puis recousus : un oiseau vivant est enfermé à l'intérieur de chaque cage thoracique.
C'est avec ces meurtres en série que l'inspecteur Jack Caffery inaugure son nouveau poste au Service régional des enquêtes sensibles. Et cette affaire tombe au plus mauvais moment pour lui. Entre l'hostilité de certains de ses collègues, sa vie conjugale étouffante et la tension grandissante entre lui et son voisin, qu'il soupçonne d'être responsable de la disparition de son propre frère, Caffery est mis à rude épreuve. Mais l'enquête dont il est chargé est de celles qui font oublier tout le reste. D'ailleurs, il le sait d'expérience : le cauchemar ne fait que commencer.

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Mon avis

Dans ce premier opus de la série de Mo Hayder sur le commissaire adjoint Jack Caffery, il arrive dans un nouveau poste, au service des enquêtes sensibles à Londres. Charismatique, ténébreux et solitaire, le commissaire est décrit comme un homme torturé par la disparition de son frère  aîné Ewan des années auparavant. Effectivement quand ils étaient encore des enfants, un après-midi après une dispute dans le terrain bordant la voie ferrée derrière leur maison, Ewan a disparu sans jamais réapparaître, vivant ou mort. Aucune trace de lui, n'a jamais été retrouvée mais Jack est persuadé que son voisin Penderecki, pédophile repenti est à l'origine de cette disparition.

Véronica la femme qui partage la vie du commissaire, ne semble pas du tout apprécier ce voisinage et l'obsession que peut avoir Jack sur cet homme. Elle supporte aussi de plus en plus mal, les horaires catastrophiques de son fiancé et commence à lui rendre la vie plus compliquée que jamais.

L'histoire de ce livre, commence après la découverte de cinq cadavres de femmes, toutes des femmes aux moeurs légères, l'enquête est d'une telle ampleur que le commissaire principal est obligé de demander de l'aide à d'autres bureaux, ce qui n'est pas pour plaire à Caffery qui préfère travailler seul, même si dans son équipe, il s'est lié d'amitié avec Marilyn, l'analyste qui oeuvre sur HOLMES le logiciel de recoupement de la police anglaise, et Essex le grand gaillard qui malgré sa gouaille reste sympathique.

L'enquête est rondement menée, Toby Harteveld semble être le suspect idéal selon Caffery, malgré les fausses pistes qui sont prises par Diamond, mais le commissaire adjoint a toujours un coup d'avance, on le voit avancer dans ses interrogations.
Cet aspect du livre est en second plan, il n'y a pas qu'une seule histoire, on a l'enquête et on a le cheminement mental que doit avoir Jack pour trouver les réponses: aussi bien personnelles que professionnelles.

Le style de l'auteure est efficace, elle veut nous rendre Jack le plus attachant possible, en ayant toujours à l'esprit que c'est un homme simple, avec des besoins basiques, et que Veronica étouffe avec toutes ses manières.
Quand elle commence à lui mentir, on le sait, on le sent tout comme pourrait le faire Jack s'il n'était pas aveuglé par le fait qu'il a aimé cette femme et  même s'il ne veut pas y croire au départ, cela lui apparaît tellement gros qu'on en vient à la détester nous aussi simple lecteur.

Jack se démène avec son passé, avec cette enquête, avec cette femme qu'il n'aime plus et cette autre Rebecca qui lui inspire tellement de mauvaises pensées. Elle est singulière comme lui, elle est indépendante, comme lui. Elle saura le rendre heureux il en est convaincu, et leur histoire pourrait commencer à tout moment depuis leur rencontre, mais là encore Mo Hayder nous interdit la petite parcelle de tendresse, elle rend tout brute, cinglant. Mais finalement tellement Jack.

L'histoire avec ses rebondissements, ses twists et sa fin abrupte est tout simplement géniale, j'aurai tant à dire. L'assassin qui finalement n'est pas le seul monstre, le rite de celui que l'on surnomme Birdman.  Il y a de la perversité dans cette histoire, c'est ce qui m'a scotchée au début, le fait qu'il n'y ai pas une seule fin possible, que d'un seul coup tout ne soit pas terminé, que l'oeuvre de Harteveld vive après sa mort. Je ne vais pas vous faire l'affront de vous raconter dans ma chronique, l'histoire complète et le déroulement de l'enquête, mais il y a du lourd.

J'ai aimé la fin, malgré le drame, malgré le sang, malgré le fait que Jack s'enfonce encore plus dans cette noirceur qui l'entoure progressivement au fil des pages. Qu'il grandisse dans cette obscurité nécessaire à son aboutissement, j'ai adoré.

Le style que j'avais aimé dans Tokyo est bien présent ici aussi, sombre et prenant, voir même enveloppant sous certains angles, on a l'impression que cette noirceur est presque réconfortante, parce que nous ne vivons ni avec, ni dedans. Quand on referme le livre, on est pris à la gorge par la peur de Jack, la peur d'aimer, la peur de vivre sans savoir ce que c'est d'être aimé, mais en même temps, en a-t-il le droit, lui qui est toujours là alors que Ewan est on ne sait où? Ce refus de se laisser aller est parti prenante de ce héros que j'ai adoré et que j'ai tellement hâte de retrouver dans "l'homme du soir".
J'ai envie de dire merci à la personne qui m'a fait découvrir cette auteure géniale, je n'aurai jamais autant pris de plaisir à lire un thriller. Elle a su créer un personnage à la fois imparfait et sans défaut, Jack Caffery.