LU Marie - LEGEND - tome 1 : Legend

Legend
Marie Lu


Sortie le 14 septembre 2012

une dystopie captivante!
Une héroïne: June.
Brillante, parfaite... elle est la fierté des hauts rangs de l'armée.
Un héros: Day.
Rusé, voleur... il est l'ennemi public numéro 1 que les autorités ne sont jamais parvenues à mettre sous les verrous.
Que se passera-t-il lorsque leurs chemins se croiseront?

June est un prodige. À quinze ans, elle fait partie de l’élite de son pays. Brillante et patriote, son avenir est assuré dans les hauts rangs de l’armée. Day est le criminel le plus recherché du territoire. Originaire des quartiers pauvres, il sévit depuis des années sans que les autorités parviennent à l’arrêter. June et Day n’ont aucune raison de se rencontrer… jusqu’au jour où le frère de l’adolescente est assassiné. Persuadée que Day est responsable de ce crime, June va le traquer… Mais est-elle prête à découvrir la vérité ?

Avis de Karen :

Décidément ces derniers mois c’est un sans-faute pour Castelmore ! Après l’excellentissime New Victoria de Lia Habel je ne pensais pas pouvoir être enchantée aussi vite par une nouvelle dystopie, et pourtant c’est le cas. J’ai adoré Legend, je me suis régalée du début à la fin et je n’ai pas pu le lâcher avant d’avoir tourné la dernière page (avec ses 300 pages, il est heureusement tout à fait possible de le lire d’une traite) !

L’histoire de fond, ainsi que le vocabulaire utilisé, rappellent beaucoup les guerres d’Indépendance américaine du XVIIIe siècle mais transposées dans le futur. A la suite de catastrophes naturelles, les États-Unis sont en effet partagés entre la République des États-Unis et les Colonies qui sont constamment en guerre. L’histoire de ce premier volet se déroule entièrement dans la République dont les habitants ne connaissent rien du passé démocratique et libéral de leur pays. Ils sont placés sous le joug constant d’un gouvernement totalitaire qui contrôle étroitement sa population par la terreur, la propagande et l’endoctrinement. Certaines personnes arrivent cependant à rester imperméables aux discours officiels mensongers et voient le régime pour ce qu’il est vraiment : une dictature abominable qu’il faut combattre au plus vite. Une résistance, composée de Patriotes, s’est donc développée et agit dans l’ombre.
Day est l’un de ces résistants, mais il agit seul et ne se considère pas comme un Patriote. Comme tous les enfants de la République, il a dû passer à 10 ans un examen qui déterminera son avenir. Ceux qui réussissent brillamment doivent poursuivre de hautes études et composer par la suite les cadres du régime. Ceux qui échouent sont envoyés dans des camps de travail. Day est d’une intelligence hors du commun et d’une excellente forme physique. Pourtant, contre toute attente, il échoue et découvre malgré lui que ce qui l’attend ce n’est pas un camp mais la mort. Il parvient à s’enfuir et vit depuis dans la rue où il fait un peu figure d’une sorte de Robin des Bois qui vole le gouvernement pour aider les pauvres. Il a 15 ans et est devenu l’ennemi public numéro un.
June vit dans un tout autre milieu. Sa famille fait partie des familiers du gouvernement et elle est la seule à avoir obtenu un sans-faute à son examen. A 15 ans, elle a fini toutes ses études avec la note maximale. Son seul défaut : elle est réfractaire à toute discipline trop stricte. Pour avoir désobéi aux ordres, elle est renvoyée une semaine de l’université et conduite chez son frère, Metias, officier supérieur dans l’armée de la République. Depuis la mort de leur parent, Metias est la seule famille qui lui reste et ils s’adorent. Mais voilà qu’un jour Metias est assassiné par Day. June va dès lors faire tout ce qui est en son pouvoir pour arrêter le meurtrier de son frère…

Pour bien appréhender les deux réalités du régime, ainsi que les personnalités et les motivations des deux héros, Marie Lu a choisi d’alterner les points de vue de Day et de June, écrits chacun à la première personne. Et c’est juste remarquable. Ils vivent dans le même pays et pourtant ils nous dépeignent deux mondes complètement différents. Dans celui de Day, la pauvreté et la maladie sont omniprésentes. Les soldats sèment la terreur et commettent de terribles exactions pour le compte du gouvernement. Dans celui de June, l’armée est un corps glorieux composée de braves soldats qui font leur devoir et qui sont prêts à mourir pour les idéaux de la République. Ils nous présentent chacun au début une vision très manichéenne : tout est mal ou tout est bien. Mais à partir du moment où ils se rencontrent, ils vont devoir confronter leur deux mondes, et comprendre que la vérité est bien plus complexe et que depuis toujours on leur a servi à tous deux de nombreux mensonges.

L’intrigue est certes très prévisible (dès la mort de Metias on sent le complot, on se doute de l’identité du tueur et de ses machinations) mais on prend malgré tout un immense plaisir à la voir se dérouler sous nos yeux. Marie Lu parvient avec dextérité à maintenir une tension croissante en y insérant des moments d’émotion intense parfaitement palpables. Metias par exemple meurt au début et pourtant le peu qu’on a découvert sur lui en a fait un personnage sympathique et attachant et on ne peut s’empêcher d’être triste et de déplorer sa mort. L’amour naissant entre June et Day est aussi très beau, tout en simplicité et en évidence. C’est aussi dû au fait qu’on est en présence de deux personnalités hors du commun. Ils ont tous deux 15 ans mais sont extrêmement matures, responsables et d’une rare intelligence. Ils ont tous deux dû faire face très jeunes à de nombreuses responsabilités et ont laissé depuis longtemps leur enfance derrière eux. C’est un pur plaisir que d’assister à la confrontation de ces deux cerveaux puis à la naissance de leurs sentiments respectifs.

Comme beaucoup de lecteurs, j’ai donc été à mon tour complètement conquise par Legend et son univers dystopique fouillé et addictif ! A lire !

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Ce livre aurait pu être un coup de coeur, mais la relation entre les deux personnages, pas assez approfondie, lui a fait perdre en intensité émotionnelle

Legend est une très bonne dystopie, qui a le mérite de dépeindre un univers totalitaire, qui nous renvoie à un passé historique pas si éloigné que ça. Il nous donne l’impression que le monde aurait pu prendre un chemin différent qui l’aurait rapproché de celui de Marie Lu.

Mais voilà, si le cadre est très bien planté grâce à un monde militaire rude avec ses soldats endoctrinés, je déplore une certaine prévisibilité dans le scénario et un manque d’approfondissement de la relation Day-June avant que la trahison ait lieu. Insérer quelques scènes supplémentaires durant l’infiltration de la jeune fille, qui auraient justifié un peu plus l’attirance entre ces deux personnages, aurait renforcé le tragique de la situation, de sorte qu’on aurait eu le cœur en miettes à ce moment.

Malgré tout, on ne peut pas s’empêcher de trouver cette relation touchante, d’autant plus réussie que nous avons droit à une alternance de points de vue des plus judicieuse, nous permettant de voir l’esprit de ces deux jeunes gens que tout oppose. Ce qui est très appréciable avec Marie Lu, c’est son écriture au présent, qui nous plonge en plein cœur de l’action. Elle est simple et percutante à la fois, mais également empreinte d’une froideur mécanique par moments, qui colle plus que bien au ton de cette série. L’auteure prend le temps de développer l’univers, et du même coup les personnages, en retardant la rencontre entre nos deux héros. Elle nous laisse l’opportunité de les apprivoiser dans leurs différences, mais surtout dans leurs points communs, je pense notamment à leur attachement familial.

Les deux protagonistes sont attachants, d’une intelligence certaine, qui leur fait immanquablement noter des détails cruciaux qui échapperaient à un individu lambda. Là où Day reste fidèle à lui-même, faisant son propre chemin dans la souffrance jusqu’à un final tout en émotions, June, quant à elle, connaît une évolution progressive, grimpant les paliers de l’humanité aux yeux d’un lecteur qui pouvait la trouver glaciale en début. Ce qui est très étonnant et totalement adapté compte tenu de l’univers dans lequel nous nous trouvons, c’est que ce ne sont pas vraiment les sentiments qui sont à l’origine du virage à 180° de June, mais sa vivacité d’esprit qui arrive à prendre en compte de manière objective son instinct, en y greffant les indices qu’elle relève durant son enquête.

Malgré une certaine prévisibilité dans le scénario (normal, dictature = résistance + trahisons), j’ai beaucoup aimé l’enchaînement des événements avec, quand c’était nécessaire, des chapitres plus courts qui rythmaient parfaitement le récit. Ce livre est une réussite de par le portrait qu’il fait de cette République manipulatrice, violente et cruelle. Vous ne manquerez pas de vous révolter tant l’injustice et l’oppression vous accableront de tout leurs poids.