ABBOTT Megan - La fin de l'innocence

La fin de l'innocence
Megan Abbott
JC Lattès

Dans une banlieue tranquille du Midwest dans les années 80, Lizzie, 13 ans, et sa voisine Evie Verver sont inséparables. Elles partagent tout, de leurs maillots de bain à leurs crosses de hockey sur gazon. Elles vivent dans l’ombre de la grande sœur d’Evie, Dusty, qui leur fait entrevoir le pouvoir de la séduction. Pour Lizzie, la maison des Verver est le paradis avec à sa tête le père, tellement gentil et charismatique. Un jour, Evie disparaît. Le seul indice : la voiture que Lizzie a aperçue plus tôt dans la journée. La panique gagne rapidement cette tranquille communauté et tout le monde se tourne vers Lizzie. Sait-elle quelque chose ? Evie aurait-elle pu monter de son plein gré dans la voiture d’un homme ? Lizzie, rongée par la curiosité et le désir de sauver les Verver de l’anéantissement, essaie de comprendre ce qui a pu arriver. Elle passe ses journées avec M. Verver, sous le choc, et ses nuits à arpenter le quartier pour trouver des indices. Hantée par la disparition d’Evie, émoustillée par la place centrale qu’elle occupe dans les recherches, Lizzie découvre qu’elle est loin de tout savoir sur sa meilleure amie.

C’est le premier roman de Megan Abbott que je lis mais certainement pas le dernier. On peut lire au dos du livre cette phrase du Sunday Times : « Un thriller psychologiquement accompli… Un roman admirablement maîtrisé, addictif et hypnotique ». C’est exactement ça. Je suis complètement sous le charme de sa plume et j’ai vraiment hâte de découvrir ses autres écrits.

L’histoire est racontée du point de vue de Lizzie, une jeune adolescente de 13 ans. Depuis toujours, elle partage tout avec sa voisine et meilleure amie du même âge, Evie. Elle lui envie son extraordinaire famille : sa grande sœur, belle, sportive et populaire, et surtout son père, si gentil et cool avec elles. Mais un jour, le drame survient : Evie n’est pas rentrée chez elle après l’école et tous penchent pour la thèse de l’enlèvement, d’autant qu’un autre voisin –adulte– disparaît lui aussi au même moment. Persuadée qu’Evie est encore vivante, Lizzie décide de mener l’enquête et fera en chemin d’étonnantes découvertes…

C’est un roman sur l’adolescence mais certainement pas pour les adolescents. Megan Abbott a réussi à nous dépeindre d’une main de maître les premières affres du désir, les tressaillements, les brûlures et les questionnements. Elle décrit surtout les merveilleuses sensations lorsqu’à 13 ans, on découvre les pouvoirs de son corps sur les autres, le fait d’être grisé par le désir qu’on inspire même s’il est interdit. Et c’est là où ça devient quelque peu dérangeant, car ce sont bien de désirs interdits dont il est question ici. Mais ce qui m’a le plus interpellée, c’est que notre intellect a beau savoir que ça devrait nous déranger, c’est présenté d’une telle manière que ça en devient presque beau. Et ça fait peur. Megan Abbott montre vraiment bien cet ascendant des adultes sur les adolescentes qui parviennent à leur faire ressentir des choses sans aucune notion de mal ou de tabou, et même au contraire avec culpabilité et ravissement. On se dit « mince on comprend la gamine mais on ne devrait pas, c'est dégueulasse ». Les mots « pédophilie », « inceste », affleurent sans cesse sans que rien ne soit jamais dit et pourtant… On plonge dès le départ dans toutes ces sensations, ces émotions, en se demandant où l'auteure va nous embarquer. C’est bouleversant, intense et addictif, et il nous est impossible de lâcher le livre. Une vraie claque !

Un roman magnifique que je ne peux que conseiller avec insistance !