Mon avis
En ouvrant ce livre j'ai découvert une auteure qui parvient avec un talent inouï à mettre des mots simples et justes sur la vie. Emilie Richards nous raconte le combat d'une femme qui pourrait être nous ou un de nos proches et c'est écrit avec tant de réalisme qu'on ait totalement happé par cette histoire. Rare sont les livres qui arrivent à ce point à me toucher, car oui le bleu de l'été m'a profondément ému et en le fermant j'en suis venue à me poser moi-même des questions sur ma vie, mes erreurs et sur le pardon.
Charlotte Hale est une femme de la cinquantaine toujours séduisante, elle a une maison magnifique, une superbe carrière professionnelle mais derrière cette apparence de réussite c'est une femme qui souffre, car aujourd'hui elle est terriblement seule. En effet Charlotte n'a pas eu une enfance des plus joyeuses avec un père alcoolique et des gens de la ville qui vous regarde de haut, mais elle s'est promis que plus jamais elle ne vivrait cet affront pour elle et pour ses proches. Mais en cherchant à tout contrôler, elle va finir par tout perdre, son mari, sa fille et ses amies.
Aujourd'hui Charlotte Hale est assise sur le banc dans le parc et regarde sa petite fille, elle ne s'en approche pas car elles ne se connaissent pas. Quelques temps auparavant, elle a vécu une terrible épreuve, seule, et c'est a ce moment là qu'un déclic s'est fait et qu'elle a eu enfin le temps de réfléchir à sa vie. Le bilan n'est pas très réjouissant, alors aujourd'hui elle veut faire amende honorable des ses erreurs. Pour cela elle tient un journal appelé Journal du premier jour et elle est bien décidée à reprendre sa vie en main. Charlotte veut renouer avec les habitants et sa famille, en particulier avec sa fille qui ne veut plus du tout entendre parler d'elle, mais elle va aussi faire de très belles rencontres. Contre toute attente certaines personnes vont être touchées par sa démarche et vont l'aider. Nous découvrons ainsi la révérende du village qui lui tend la main, Ethan son ex mari qui, malgré tout, éprouve encore beaucoup d'affection pour elle, et Harmony une jeune fille enceinte, perdue qui est hébergée chez Charlotte....
Au début Charlotte m'était antipathique, je n'avais aucune envie de m'attacher à ce personnage, car je réagissais exactement comme sa fille. Pour moi ce n'est pas des années plus tard qu'on revient vers sa famille en clamant : vous me manquez, j'ai fait des erreurs et je souhaite les réparer avant qu'il ne soit trop tard ! Mais au fil des pages et de ses confessions, j'ai appris à la connaître, à la comprendre et vu surtout qu'elle n'était pas seule à commettre des erreurs. Mais il est plus facile de rejeter la faute sur les autres et de se cacher pour éviter de souffrir. Son combat est poignant, tous les protagonistes font partie intégrante de son parcours, leurs vies sont toutes enchevêtrées les unes aux autres. C'est un magnifique parcours de femmes et de leurs combats et c'est plein d'amour.
L'auteure nous décrit avec précision l'architecture de la ville, les spécialités culinaires, les fleurs. On voyage entre Acheville et Nacheville grâce à la richesse de tous ces détails mais sans longueurs et j'ai beaucoup apprécié cet aspect du livre.
Le bleu de l'été est écrit simplement mais avec beaucoup de profondeur, c'est beau et triste à la fois ! Je ressors de ce livre complètement bouleversée et le mot est faible.
Voici une phrase que Charlotte consigne au tout début de son journal et qui résume parfaitement sa nouvelle vision de la vie:
«Aujourd'hui, c'est le premier jour du reste de ta vie.» Fait ironique, à l'époque où cette formule suscitait un véritable engouement populaire, j'étais trop occupée pour méditer dessus. Pour moi, la définition d'un jour était quelque chose de tout simple: un laps de temps qui devait être vécu pour passer au suivant. Désormais, chaque fois que je m'installerai quelque part pour consigner mon histoire et mes pensées, ce rappel me sera nécessaire: chaque jour apporte un nouveau départ, qu'on en ait besoin ou non.