Fariboles Admin
Messages : 4096 Date d'inscription : 10/07/2011 Age : 43 Localisation : Eure et Loir
| Sujet: O'FARRELL : Cette main qui a pris la mienne Ven 12 Avr - 15:29 | |
| Cette main qui a pris la mienneMaggie O'Farrell Éditions 10/18 Quatrième de couverture:Dans le Soho bouillonnant des sixties, Lexie, apprentie journaliste, comble sa soif d'indépendance et ses rêves de gloire. Quarante ans plus tard, la jeune Elena s'efforce de surmonter un accouchement difficile tandis que son mari voit malgré lui resurgir les zones d'ombre de son enfance. Deux destins bouleversants, unis par un lien ténu et secret... Acheter sur amazon
Dernière édition par Fariboles le Ven 12 Avr - 17:47, édité 1 fois | |
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Fariboles Admin
Messages : 4096 Date d'inscription : 10/07/2011 Age : 43 Localisation : Eure et Loir
| Sujet: Re: O'FARRELL : Cette main qui a pris la mienne Ven 12 Avr - 15:31 | |
| Mon avis : Dire que j’ai aimé ce livre est bien trop faible, je l’ai adoré, un grand coup de cœur et au cœur. Un roman à deux voix, deux époques, deux destins qui se croisent, se télescopent et se rejoignent pour former finalement un tout, pour prendre sens. Entre temps, Maggie O’Farrell aura offert à son lecteur un livre tout en émotions et vrais sentiments, parfois tendre, drôle ou abrupte, il ne peut laisser indifférent …
Nous faisons d’abord connaissance avec Alexandra, Lexie. Sur un coup de tête, elle quitte la maison familiale du Devon et part s’installer dans le Londres en pleine ébullition des années 60. Elle rencontre Innes Kent journaliste et éditeur d’une revue d’art avant-gardiste qui lui ouvre son cœur, ses bras et son bureau. Apprentie journaliste, Lexie goûte à l’amour, à la liberté et découvre un monde nouveau, enthousiasmant. Seul ombre au tableau, Innes est marié (fort mal) et père d’une petite fille mais séparé depuis des années de sa mégère d’épouse, il peut afficher sa passion avec Lexie au grand jour et vivre avec elle. Ils n’ont pas un sous en poche mais ils sont jeunes, beaux et amoureux et rien ne semble pouvoir briser cet amour … Rien sauf la mort tragique d’Innes. Lexie va alors devoir faire face à cette perte et se battre pour conserver sa vie, son indépendance, mais …
Quarante ans plus tard, c’est Elina que nous rencontrons. Après un accouchement difficile où elle a failli mourir et dont elle ne garde aucun souvenir seulement des flashs angoissants, elle peine à reprendre pied. Elle regarde cet enfant qu’elle ne se souvient pas avoir mis au monde et le perçoit presque comme un étranger, cherchant désespérément ce lien magique, cet instinct maternel dont tout le monde parle. Et pour l’aider, elle ne peut pas vraiment compter sur Ted, son mari. Perturbé d’avoir vu sa femme à deux doigts de mourir, il ne veut ni parler ni penser à cet enfantement tragique, préférant avancer, se concentrer sur son fils et feindre d’ignorer le mal-être d’Elina. Mais cette naissance fait aussi resurgir chez lui des souvenirs d’enfance qu’il pensait oublier et qui le font douter : et si ses parents lui avaient des choses importantes ?
Peu à peu, l‘angoisse monte dans le livre, tout converge vers un drame que l’on sent arriver mais qui ne sera pas forcément celui auquel l’on s’attendait …
Il est difficile de mettre des mots sur un ressenti, sur un tumulte fait de sentiments, d’émotions, de doutes et d’interrogations. Cette main qui a pris la mienne m’a touchée comme rarement sans doute parce qu’il renvoie à des peurs que l’on porte tous en nous. Mettre un enfant au monde, c’est lui donner la vie mais c’est aussi plonger dans un monde d’angoisses. Et si je n’étais plus là pour veiller sur lui ? Et si je n’arrivais pas à tisser un lien mère/enfant avec lui ? Et si je le décevais ? … Autant de questions dont on n’a pas vraiment de réponses, bonnes ou mauvaises. On sait dès le début du livre que Lexie aura un destin tragique mais tout le talent de Maggie O’Farrell, c’est de nous amener en douceur, en prenant son temps vers cet instant où tout bascule. Elle nous offre des personnages fragiles et forts à la fois, très émouvants et le soin qu’elle attache aux petits détails nous les rend plus proches, plus tangibles et de fait bien plus émouvants. Il y a dans son écriture tellement de poésie, de mélancolie et de douceur que l’on ressent chaque évènement comme un coup au cœur (j’ai vidé une boite de mouchoirs sur ce livre). Toute l’intrigue est centrée sur les non-dits, sur les secrets de famille et sur leurs conséquences. Être parent, c’est aussi cela, faire des choix, décider de taire certains faits pour le bien de son enfant… ou le sien ! Du moins, c’est ce que l’on pense mais cela peut aussi détruire l’adulte qu’il deviendra. Vers la fin, on comprend ce qu’il en est mais il n’empêche que l’on se prend la douleur des personnages en pleine face et ouille, ce n’est pas facile à lire loin de là…
Cette main qui a pris la mienne est un livre de ceux qui semblent en état de grâce, de ceux que l‘on met à part dans la bibliothèque, que l’on a envie de prêter mais que l’on a peur de perdre. Un moment de lecture magique et bouleversant. | |
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