Un roman que j’ai dévoré en une journée et dont la couverture m'a plut et m'a parue après ma lecture très approprié . J’ai aimé partir dans les souvenirs de Maurice, connaitre les événements d’avant et pendant le début de la guerre en France sans pour autant être frappé en plein fouet par toutes les horreurs qui la constituent. Vivre le quotidien de ceux restés en arrière surtout. Charles Dellestable manie avec brio les mots au point que chaque phrase est une histoire. On ne se perd pas pour autant en cours de route, le cheminement reste fluide et c’est captivant.
C’est une histoire racontée à trois voix. Tout d’abord celle de Maurice, le petit frelon de 10 ans, entrevue a travers le récit de l’homme de 80 ans qu’il est maintenant et qui couche sur le papier à l’aide de mots soigneusement choisis parce qu’il a peur d’oublier ses souvenirs d’enfance plus particulièrement la rencontre de mai 1940.
Il y aussi celle de Nathalie, cette jeune femme qui a connu la trahison et la désillusion des rêves qui se brisent. Elle est auxiliaire de vie, elle nettoie, fait à manger et écoute les souvenirs de ses vieux qui se déversent sur elle. Avec Maurice c’est autre chose, elle devient Lectrice de vie. Au fil des lectures se tisse entre eux une relation d’amitié et Nathalie va finir par s’investir dans ce qui deviendra pour elle plus qu’une obligation.
Et enfin il y a Diane, jeune fille de 17 ans, exilée loin de tout à la campagne avec sa famille qui nous livre de manière posthume le passage marquant des Insouciants à travers les pages de son journal.
Le roman mêle habilement deux périodes, celle d’aujourd’hui et celle de Mai 1940 , du début de la deuxième guerre mondiale en France. Et elles nous sont dévoilées à travers différents acteurs qui chacun revivent ou ressentent de diverse manière les évènements. Paul, Nathalie, Oscar et Gaby, deux couples, quatre amis qui fuient Paris à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale. A la suite de malheureux concours de circonstance ils débarquent à Paradis et brisent la monotonie de l’attente d’un mari, d’un père parti à une drôle de guerre qui n'a de drôle que le nom. Ils apportent joie, aventure, liberté, bref l’Insouciance dans leurs sillages et vont durant leur bref mais marquant passage changer la vie de la famille Demazière.
Tout comme Nathalie j’ai vécu cette histoire à travers sa lecture et égoïstement j’aurais voulu que les quatre amis ne partent jamais, que le temps reste figé à Paradis, qu’ils continuent à monter des pièces, à esquisser des croquis, à chanter et valser. Ou du moins les suivre durant le reste de leurs aventures et m’immiscer dans leurs vies quotidiennes. Ce fut un plaisir de découvrir ce petit Paradis et c’est avec regret que j’ai tourné la dernière page de ce roman.