coraline Modérateurs
Messages : 5539 Date d'inscription : 20/03/2012 Age : 42
| Sujet: BOHJALIAN Chris - La Femmes des Dunes Sam 14 Sep - 17:50 | |
| La Femme des DunesChris Bohjalian Sortie 20 février 2014 Quatrième de couverture :
Alep (Syrie), 1915. Elizabeth Endicott, une jeune Américaine, arrive en Syrie durant le génocide arménien. Elle se lie d’amitié avec Armen, un ingénieur arménien qui a perdu sa femme et sa fille. Mais très vite, Armen quitte Alep pour s’engager dans l’armée anglaise. Il entame alors une correspondance avec Elizabeth et comprend qu’il est tombé amoureux de la riche Américaine, si différente de la femme qu’il a perdue.
Bronxville, banlieue de New York, 2012. Laura Petrosian, romancière, n’a jamais accordé beaucoup d’importance à ses origines arméniennes. Jusqu’au jour où une amie l’appelle : elle croit avoir reconnu la grand-mère de Laura sur une photo tirée d’une exposition au musée de Boston. Laura entreprend alors un voyage à travers son histoire familiale et découvre un terrible secret enfoui depuis des générations…
« Peu d’écrivains savent mener une intrigue avec autant de force et d’élégance que Bohjalian. » The New York Times Book Review | |
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Fariboles Admin
Messages : 4096 Date d'inscription : 10/07/2011 Age : 43 Localisation : Eure et Loir
| Sujet: Re: BOHJALIAN Chris - La Femmes des Dunes Lun 24 Fév - 22:07 | |
| Mon avis : Avec La Femme des Dunes, Chris Bohjalian nous offre un roman fort, âpre et touchant qui nous marque durablement. Il met aussi en lumière un pan de l’Histoire plutôt méconnu, que les manuels se contentent de survoler et qui mérite pourtant que l’on s’y attarde : le génocide arménien. Un grand livre.
2012. Ecrivain new-yorkaise d’origine arménienne, Laura Petrosian s’intéresse à l’histoire de sa famille et plus particulièrement à celle d’Armen et Elizabeth, ses grands-parents, à l’aura bien mystérieuse. Quels sombres secrets peuvent-ils bien cacher ? En quoi cela est-il lié à leur vie en Arménie dans les années 1915 ? Au fil des trouvailles, photos, documents, Laura part à la rencontre de ses aïeux, découvrant par la même occasion toute l’horreur du conflit entre Turcs et Arméniens.
1915. Jeune diplômée universitaire issue d’une très bonne famille, Elizabeth se rend à Alep, en Arménie avec son père dans le cadre d’une mission humanitaire. Sur place, elle découvre des femmes nues, squelettiques, des enfants à l’agonie, orphelins sans espoir, un peuple que l’on massacre et qui s’éteint. Résolue à aider, Elizabeth se rend utile à l’hôpital où elle fait la connaissance de Nevart, une femme qui a tout perdu et d’Hatoun, la petite fille de huit ans qu’elle a pris sous son aile après la mort de sa famille. Elle tombe aussi sous le charme d’Armen, ingénieur arménien dans les chemins de fer, veuf qui cherche à savoir ce qui est arrivé à sa femme et son bébé. Contraints de se séparer, c’est par leur correspondance que l’on voit leur amour grandir, s’affermir, en même temps que le conflit progresse, gagnant en horreur… Comment se retrouveront-ils ? Parviendront-ils à surmonter leurs traumatismes, à s’aimer simplement ?
Chris Bohjalian nous offre ici un livre à part, comme on en rencontre peu et qui prend racine dans ses propres origines familiales. C’est sans doute pour cela que son récit nous semble si intime, si vivant. Sous nos yeux, tout défile, aussi bien l’horreur du génocide, l’agonie des Arméniens que la tragique et sublime histoire d’amour entre Elizabeth et Armen. Leur passion est magnifique, tellement lumineuse et sincère au milieu de toutes ces atrocités. Elle délivre aussi un magnifique message d’espoir et de renaissance. Le bonheur est toujours là, à portée de main, il suffit d’oser le saisir et le vivre ! Ce n’est pas un roman que l’on peut lire avec détachement, sans éprouver de sentiments forts et être profondément remué dans nos tripes. Non, c’est un livre qui nous possède, nous habite longtemps après la dernière page tournée. Certains passages, sont durs, très durs, on les aborde sans le vouloir mais pas le choix, il faut continuer, ouvrir les yeux sur un conflit passé si longtemps sous silence.
En 2015, nous célébrerons le bien triste centième anniversaire du génocide arménien. C’est un épisode qui continue de diviser, qui n’est pas reconnu par une majorité de pays (la France aura attendu 2001 pour se prononcer en faveur d’une reconnaissance après treize années de débats) et que l’on n’enseigne pas vraiment à l’école (au mieux, il est survolé). Ici, on prend en pleine figure l’horreur, l’abjection d’un génocide, d’une volonté d’éradication d’un peuple par un autre. Cela nous ramène à d’autres tragédies, d’autres temps, passés ou présents, et cela nous pousse à réfléchir aussi sur l'âme bien noire de certains humains. Le roman pose aussi la question des racines, du passé et de la manière de se construire avec un bagage plus ou moins lourd. Un secret paralyse cette famille depuis des décennies et chacun tente de trouver sa place, de grandir avec cela. La question de la transmission est au centre du livre. Doit-on et peut-on tout dire à ses proches ? Choisit-on de taire certaines choses pour les préserver ou pour se préserver de questions gênantes, douloureuses ? Autant de questions qui font vraiment de La femme des dunes un livre captivant.
Un roman touchant, profond, qui nous pousse à réfléchir et qui nous offre une belle image de l’amour, du sacrifice et du courage ! A découvrir sans hésiter si vous aimez les grandes et belles histoires !
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