Fariboles Admin
Messages : 4096 Date d'inscription : 10/07/2011 Age : 43 Localisation : Eure et Loir
| Sujet: KOHLER Sheila : Quand j'étais Jane Eyre Jeu 10 Oct - 18:48 | |
| Quand j'étais Jane Eyre Sheila Kohler Quatrième de couverture:1846, Manchester. Charlotte veille son père, le révérend Brontë, opéré des yeux. Elle n'a pas encore publié le chef-d'oeuvre qui l'a sacrée romancière. Elle se raconte - un amour malheureux, les succès d'Anne et Emily, sa condition de gouvernante, le génie tourmenté de son frère, cette mère disparue trop tôt. Dans la ronde des souvenirs, elle cherche la lumière. Et écrira Jane Eyre.
Portrait gracile d'une femme, d'une fratrie et d'une oeuvre, ce roman-document original happé par une écriture cristalline interroge le mystère impérieux de la création littéraire. Acheter sur Amazon | |
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Fariboles Admin
Messages : 4096 Date d'inscription : 10/07/2011 Age : 43 Localisation : Eure et Loir
| Sujet: Re: KOHLER Sheila : Quand j'étais Jane Eyre Jeu 10 Oct - 18:49 | |
| Mon avis :
Je n’avais jamais entendu parler de ce roman mais en grande fan des sœurs Brontë et adoratrice de Jane Eyre, il me tendait les pages. J’ai plongé et j’ai été surprise, une jolie surprise d’ailleurs ! Dans une atmosphère lourde où flotte un parfum de mort, Charlotte veille son père, le révérend Brontë, que l’on vient d’opérer des yeux. Mais dans sa tête, elle est loin d’ici, elle file dans la vie de Jane Eyre, l’héroïne à l’enfance tragique de son nouveau roman. Jour et nuit, c’est le bruit ténu de la plume sur le papier qui rompt le silence de la maisonnée. Mais Charlotte n’est pas seule dans la vie, elle nous parle aussi de ses sœurs, Emily et Anne, de son frère Branwell que la folie habite peu à peu, de sa défunte mère, la douce Maria, de ses deux sœurs ainées mortes trop tôt, de sa tante peu aimante et de ce père, misanthrope et rigide qu’il n’est pas facile de comprendre… On prend alors conscience des difficultés de cette famille atypique que la maladie et la mort n’épargnent pas. Les trois sœurs expriment toutes un même besoin : celui d’écrire. Elles parlent d’amour alors qu’elles ne le connaissent pas, elles tentent de s’imposer dans une société qui peine à donner une place aux femmes, encore moins aux femmes qui écrivent, elles se heurtent aux limites sociales et à la rigide moralité religieuse du XIXème siècle, en somme, elles étouffent dans un monde qui n’est pas pour elles. Sheila Kohler s’est appuyée sur divers biographies, témoignages, documents et sur les lettres des sœurs Brontë pour écrire ce roman-document. Elle a fait un travail remarquable car tout le livre sonne terriblement vrai. Quand on connait un peu la vie plutôt dramatique de la famille Brontë, on a vraiment la sensation d’avoir entre les mains un document d’archives authentique, une sorte de journal d’un observateur mystérieux de Charlotte et cela rend la lecture d’autant plus touchante, émouvante même parfois. Les sœurs Brontë ont offert au monde des héroïnes inoubliables et des romans élevés au rang de chefs d’œuvre mais elles-mêmes sont des personnages aussi fascinants que tragiques et leurs fins prématurées en ont faits des mythes. Sheila Kohler lève un coin du voile de l’histoire de cette famille peu commune et permet à son lecteur de se sentir plus proche de ces trois grandes demoiselles au talent immense, à l’imagination galopante et à l’univers complexe, sombre et tourmenté. Seule lumière dans cette morne vie et Sheila Kohler l’exprime parfaitement : l’écriture. C’est grâce à elle qu’elles ont survécu, si elles ont eu la force de continuer c’est à cause de ce besoin, de cette nécessité de coucher sur le papier les histoires qui hantent leur esprit et jaillissent de leur imagination. Un très joli roman qui devrait plaire aux admirateurs des sœurs Brontë mais aussi au lecteur curieux de la vie d’une jeune femme au XIXème siècle. | |
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