MONTFERT Jacques : Anaïs

Jacques Montfert

Anaïs est une escort-girl époustouflante de beauté. Elle suit une psychanalyse pour répondre aux questions existentielles qui l’empêche d’être totalement épanouie. Le roman est le récit de ces séances où la jeune femme se raconte sans pudeur : de la troublante lolita préadolescente, aux premiers émois sexuels de l’adolescence jusqu’à la superbe femme de 20 ans initiée aux plaisirs par Pieter de Bruyne, un diplomate expérimenté. De retour en France, Anaïs découvre l’activité d’escort où elle allie sa soif de plaisirs et de confortables revenus. C’est lors d’une soirée libertine qu’elle retrouve Pieter de Bruyne dont elle devient éperdument amoureuse. Mais comment être escort et amoureuse…

Mon avis :

J’avais découvert la plume délicieuse de Jacques Montfer avec le très beau Joyau. Anaïs est aussi agréable et si le thème de la prostitution nous est familier, il est traité ici d’une manière originale… et sulfureuse !

Anaïs, 22 ans, est une escort-girl de luxe à Paris. Nous la rencontrons au moment où elle décide d’entamer une psychanalyse et c’est au travers des entretiens avec son psy que nous allons découvrir son passé, ses amants, ses doutes, ses pensées…
Fille d’un haut diplomate, elle a grandi sous le soleil du Sénégal (c’est d’ailleurs là qu’elle a découvert le sexe en observant une femme blanche coucher avec un africain sur la plage sous les yeux complices de son mari) avant de s’installer avec sa famille dans le morne Kazakhstan à l’âge de seize ans. Au cours d’une soirée mondaine, elle fait la connaissance de Pieter de Bruyne, un diplomate de vingt ans son ainé. Libertin et fasciné par le jeune fille, il l’initie aux mille et un plaisir sexuels. Sous son œil attentif, il voit une lolita curieuse se transformer en une créature sensuelle, charnelle, avide de sexe et d’expériences toujours plus osées. Partenaires multiples, sodomie, prostitution, soumission : Anaïs est prête à tout pour goûter au plaisir. Mais elle étouffe au Kazakhstan et ne rêve que d’une chose, fuir et s’installer, seule, à Paris. C’est ainsi qu’elle laisse Pieter derrière elle et débute une nouvelle vie placée sous le signe du plaisir et de la jouissance… mais aussi de la solitude sentimentale.

Anaïs est un roman cru, osé, direct, très explicite. Cela pourrait rebuter le lecteur mais au contraire, cela nous donne surtout envie de continuer notre lecture, de savoir où Jacques Montfer veut bien nous mener. Le style est élégant, la plume agréable mais il manque, à mon goût, ce qui faisait le charme du Joyau, l’émotion. On ne sent pas ici une réelle histoire d’amour, une passion sentimentale. Les corps parlent merveilleusement bien mais le cœur semble un peu trop se taire. Contrairement à ce que nous promet la quatrième de couverture, j’ai trouvé la flamboyance mais point l’amour… jusqu’à la fin. Elle est tellement étonnante, tellement touchante, et en même temps tragique, qu’elle change totalement le regard que l’on porte sur le livre. C’est remarquablement bien mené de la part de Jacques Montfert, il embrouille son lecteur, le rend tout chose et lui donne enfin cette sensibilité qu’il lui manquait.