Cindy_vw
Messages : 562 Date d'inscription : 02/09/2013 Age : 41 Localisation : Belgique
| Sujet: GOBY Valentine - Kinderzimmer Ven 20 Déc - 15:29 | |
| KinderzimmerValentine Goby Sorti en août 2013 chez Actes Sud Quatrième de couverture:
“Je vais te faire embaucher au Betrieb. La couture, c’est mieux pour toi. Le rythme est soutenu mais tu es assise. D’accord ? – Je ne sais pas. – Si tu dis oui c’est notre enfant. Le tien et le mien. Et je te laisserai pas. Mila se retourne : – Pourquoi tu fais ça ? Qu’est-ce que tu veux ? – La même chose que toi. Une raison de vivre.” En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Dans cet effroyable présent une jeune femme survit, elle donne la vie, la perpétue malgré tout. Un roman virtuose écrit dans un présent permanent, quand l’Histoire n’a pas encore eu lieu, et qui rend compte du poids de l’ignorance dans nos trajectoires individuelles. Acheter sur Amazon | |
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Cindy_vw
Messages : 562 Date d'inscription : 02/09/2013 Age : 41 Localisation : Belgique
| Sujet: Re: GOBY Valentine - Kinderzimmer Ven 20 Déc - 15:30 | |
| Mon avis:Une lecture marquante à plus d’un titre. On y suit le destin de Mila, jeune femme engagée dans la Résistance pendant la seconde guerre mondiale et qui se fait prendre par la Gestapo. Expédiée dans le camp de Ravensbrück, elle y découvre l’univers d’horreur des camps de travail. Et dans ce monde de ténèbres, où la survie devient un enjeu quotidien, Mila réalise également qu’elle est enceinte. Avec « Kinderzimmer », ne vous attendez pas à un roman de lutte héroïque, de résistance courageuse. Mila n’incarne en aucun cas cette figure classique, comme l’on peut en trouver dans la plupart des films et livres qui traitent de ce sujet. C’est une jeune femme seule, apeurée et qui s’est retrouvée presque malgré elle dans cette situation. Même tarif d’ailleurs pour sa grossesse, qui lui est tombée dessus presque malgré elle aussi : pas d’histoire d’amour ici, juste un abandon d’un soir avec un agent de l’ombre blessé. Mila paie cher ce moment. Cet enfant, qui tombe au plus mauvais moment pour elle, la gêne. Il ne représente au départ qu’un obstacle de plus dans son combat pour survivre dans les conditions épouvantables du camp. Ses sentiments vont cependant évoluer quand elle va accoucher… « Kinderzimmer » est aussi un roman marquant par le langage qui y est employé. Une langue crue, parce que l’auteur ne nous épargne aucun détail de ce qu’endure Mila, jour après jour. C’est une représentation à vif de la survie dans un camp de concentration. L’auteur écrit au présent, un moyen efficace pour nous faire toucher du doigt les sensations de Mila à son arrivée dans le camp, qui représente un monde tout à fait étranger pour elle, comme le démontre cet extrait : - Citation :
- « Surgiront aussi des sons sans images ; triangle rouge, organiser, transport noir, érysipèle, lapins, cartes roses, NN, [chtoubova], [blocova], [chtrafbloc], [arbaïtsapel], [chmoukchtuc], [ferfugbar], [chlague], [revire], [komando], [yougueuntlagueur], [lagueurplatz], [chvaïneraille], [vachraoum], [aoufchtéheun], [chaïsecolone], [planiroung], [chraïberine], [kèleur], [loïseu]. »
Mes impressions sur « Kinderzimmer » ont au final été assez mitigées : j’ai beaucoup apprécié le travail de recherche de l’auteur, assez époustouflant, sa volonté de rendre hommage à ces femmes prisonnières, un portrait juste et réaliste, sans auréole ni gloire inutiles. L’auteur les rend à leur nature d’êtres de chair et de sang, avec toutes les faiblesses que cela implique. J’ai en revanche moins aimé le style assez haché du roman, qui peut à la longue s’avérer lassant, ainsi que les questions qui demeurent en suspens sur le destin de certains personnages. En conclusion « Kinderzimmer » est un roman qui bouleverse, qui happe l’attention, nous renvoie à un temps – pas si lointain – où la vie humaine n’avait guère de valeur. Par les yeux de Mila, nous découvrons une époque sombre, dans toute son horreur quotidienne, mais également des moments de grâce, des instants d’espoir, qui m’ont profondément émue. Réflexion sur les relations humaines, sur la maternité, sur les gestes que nous sommes prêts à accomplir quand notre survie est en jeu, « Kinderzimmer » ne laisse en aucun cas indifférent. | |
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