HEURTIER Annelise - Là où naissent les nuages

Là où naissent les nuages
Annelise Heurtier

Mon père m'a attrapée par les épaules. - Viens avec moi. Un voyage humanitaire, c'est le genre d'expérience qui marque une vie entière. Putain, il me faisait chier, avec sa Mongolie. Une voix a retenti, une voix de petite fille qui veut plaire à son père qui veut se prouver qu'elle n'est pas si nulle qu'elle ressemble un peu à sa mère un peu un tout petit peu : - Pourquoi pas. Je ne pouvais pas y croire. Et pourtant si. C'est moi qui avais parlé.

Là où naissent les nuages, Annelise Heurtier

J’avais plus qu’adoré Sweet Sixteen, et Annelise Heurtier confirme ici son incroyable talent pour manier les mots et les émotions. Un récit sublime, écrit avec justesse et sensibilité. Une magnifique quête de soi et de l’autre, l’espace d’un mois en Mongolie. Juste brillant !

Amélia, 16 ans, est la fille unique d’un couple à qui tout a réussi. Son père est médecin et sa mère avocate. Ils sont beaux, brillants, philanthropes, et Amélia se sent comme le vilain petit canard au milieu de cette famille parfaite, avec ses kilos en trop et son absence de talent particulier. Mais voilà qu’une lettre va bouleverser sa vie. Depuis un séjour humanitaire en Mongolie des années auparavant, sa mère soutient The Shelter, une ONG qui s’occupe des enfants des rues dans les bidonvilles d’Oulan-Bator . Et voilà que Bakar, la nouvelle directrice lui propose de venir leur rendre visite. La petite famille est emballée (Amélia après des mois seulement) mais après un concours de circonstances, seule Amélia est disponible pour y aller. Ce sera au mois de juillet, après son bac de français. Un mois entier au sein de l’ONG, à les aider dans leur action quotidienne. Amélia est terrifiée par cette nouvelle expérience qu’elle ne s’attendait pas à devoir mener seule. Une expérience inoubliable qui la changera à jamais, où elle rencontrera des personnes extraordinaires, à commencer par le petit Mukshuk, un jeune garçon battu et exploité par son beau-père qui a ses habitudes à l’ONG, mais où aussi elle fera une étonnante découverte à propos de sa famille.

Dès les premiers mots, nous sommes touchés par cette jeune fille ordinaire qui souffre de ne pas trouver sa place au sein de sa famille –bien qu’aimante- et son lycée. Malheureuse et frustrée, elle a trouvé refuge dans la nourriture et se déprécie sans arrêt. Ce n’est que seule, dans des conditions extrêmes, face à la misère humaine et aux pires atrocités, qu’elle s’étonnera elle-même et parviendra à redéfinir ses priorités.
Annelise Heurtier est parvenue à donner au récit un réalisme étonnant. On croirait suivre un récit de voyage, un vrai journal intime. Nous sommes complètement immergés aux côtés d’Amélia dans le quotidien de ces enfants d’Oulan Bator. On souffre avec elle, on est effarés face à la réalité des choses, on savoure chaque phrase, chaque réflexion, par exemple sur le fait qu’il ne faut absolument pas juger la situation à travers notre prisme d’Occidental. On découvre avec merveille une nouvelle culture, un nouveau mode de vie. Et comme Amélia, on ne peut qu’être admiratif devant le travail que les ONG fournissent au quotidien.

Un roman court mais intense à lire absolument !