SHIPSTEAD Maggie : Plan de table

Plan de table
Maggie Shipstead

C'est l'événement de la saison sur l'île de Waskeke : Daphnée, l'aînée des Van Meter, se marie ! Mais alors que famille et amis sont en effervescence, son père, lui, arbore une mine maussade.
Pour Winn, banquier désabusé de cinquante-neuf ans, passe encore de voir sa fille très enceinte s'afficher en robe virginale, de supporter les commentaires gras des cousins de province et les discours éméchés de sa belle-soeur. Passe encore qu'une fuite de homard sème la panique et qu'une baleine choisisse précisément ce week-end pour venir s'échouer sur la plage. Passe enfin que son éducation toute protestante l'empêche de goûter aux appas de la jeune Agatha, demoiselle d'honneur particulièrement accorte.
Non. Le vrai scandale pour Win, cette obsession qui hante ses nuits, se résume à une seule question : pourquoi les portes du Pequod, le club le plus huppé de l'île, ce sanctuaire des âmes bien nées, lui restent-elles désespérément closes ?

Un livre jubilatoire, un huis clos familial bien grinçant, hallucinant par moments, un très très bon moment de lecture !

Effervescence dans la famille Van Meter : Daphné, l’aînée des enfants, très enceinte, pas mal égocentrique, se marie. Le lieu : la maison familiale sur la très chic île de Waskeke en Nouvelle-Angleterre. Les protagonistes de ce grand évènement: les familles des mariés, les amis, connaissances, ex-amoureux, une baleine échouée et puante, des homards malades et fugueurs, une girouette qui n’en fait qu’à sa tête, des Bloody Mary assassins, … Trois jours explosifs où chacun va enfin dire ce qu’il a sur le cœur, où rancœur et jalousie vont s’inviter pour perturber la fête et où les désirs des uns et des autres ne seront pas forcément au diapason !

Maggie Shipstead nous invite à un Plan de table aussi réussi que surprenant, déroutant même parfois. Elle fait le choix, judicieux, de ne faire parler surtout que deux personnages, Winn, le père de famille, homme désabusé, attiré par la meilleure amie de sa fille, la troublante Agathe, limite obsessionnel par moments (ah le passage des homards, unique, magique) et qui fait une fixette : pourquoi les portes du plus select club de l’île, le Pequod, ne s’ouvrent toujours pas pour lui ? Que doit-il faire de plus pour être enfin accepté dans ce temple huppé ? L’autre narratrice de l’histoire, c’est Livia, la cadette de la famille. C’est une jeune fille blessée, désespérément amoureuse d’un homme qui ne veut plus d’elle et qui tente de digérer une fin d’histoire des plus tragiques. Ils observent ce petit monde, réuni trois jours durant dans le cadre intimiste, étouffant aussi, de l’île de Waskeke. Maggie Shipstead livre une chronique acerbe d’une famille huppée, tellement centrée sur elle-même et l’image qu’elle offre au monde qu’elle en oublie d’être heureuse, de profiter simplement des instants de bonheur. Tout doit toujours être parfait, sous contrôle et cela se ressent merveilleusement dans la cérémonie du mariage. Les moindres détails sont importants, tout n’est que faste, dépenses aussi futiles qu’indispensables pour briller aux yeux des autres… On sent au fil des pages la tension monter, on voit venir l’explosion, l’implosion même de cette famille si parfaite et cela donne lieu à des moments drolissimes dont un discours halluciné et hallucinant du père de la mariée.

Un roman qui oscille entre drame et comédie, cocasse et tragique à la fois, réjouissant assurément !
A dévorer sans tarder !