Mon avis :« Il n’y a d’humiliation heureuse que consentie, au plus fort des mystères de la vraie soumission. »
Un bon roman érotique, sans prétention, sans faux-semblants, qui sait où il veut mener le lecteur et le fait de manière efficace et directe.
Avertissement : Amateurs exclusifs de romances à la Fifty Shades & co passez votre chemin. Aucune romance ici, pas l’ombre d’un sentiment amoureux, juste une quête frénétique de sexe et de plaisirs interdits.
Au début du roman, Alice, 35 ans, se présente à nous comme une Initiée qui obéit aux ordres de son Prince, des ordres qui l’obligent à s’ofrir à des inconnus choisis au hasard mais selon des critères bien précis. Elle nous présente d’emblée une réflexion qui nous explique que l’Initiation est entièrement consentie, qu’elle a été recherchée et qu’elle est même devenue salvatrice.
Elle se propose ensuite de nous raconter ce qui l’a mené là…
Alice est née à New York dans les années 1970 de parents issus de la beatnik generation, de purs produits de la new wave qui a prôné l’amour libre et la libération sexuelle. Ses parents ne le lui ont jamais caché et Alice est frustrée, limite honteuse de ne pas être aussi libérée et spontanée que ses parents. Mais avec ses cheveux roux et son air de jeune fille bien sage, elle fait incontestablement partie des premières de la classe et méprise toutes les pétasses qui pullulent au lycée. Alice mène cependant une vie cachée, une vie intérieure emplie de fantasmes violents et de séances de masturbation à répétitions. Alors même qu’elle n’a aucune expérience directe, ses fantasmes ne parlent que de rapports violents, de soumission, d’humiliation, et de plaisirs incommensurables. C’est qu’Alice possède le don, un don qu’elle mettra des années à comprendre et à utiliser…
Le roman se partage en deux parties : l’une sur l’adolescence d’Alice et la découverte de ses fantasmes les plus profonds, l’autre sur une Alice devenue adulte qui rencontre son mari et son Prince. La première est la plus longue et la plus détaillée et nous présente une succession d’événements tellement proches dans le temps qu’ils paraissent être davantage de l’ordre du fantasme que de réels souvenirs. Elle nous raconte les premières fellations prodiguées à des camarades insipides, les désirs inavoués qu’elle nourrit à l’encontre d’un policier rencontré des années plus tôt, les scènes de sexe hardcore qu’elle a pu espionner et qui lui ont fait comprendre ce qu’elle désirait vraiment. Et pourtant, ce n’est qu’à la fac, où elle étudie les sciences politiques, qu’elle connaîtra sa première expérience, une expérience classique qui lui fait comprendre aussi que ce n’est clairement pas ça dont elle a envie. Ce qu’elle veut c’est être initiée.
De cuir et de soie nous présente donc la quête d’une femme, une quête affirmée et réfléchie qui n’a pour seul but que le plaisir et la satisfaction personnelle. En quelques réflexions pertinentes et profondes, elle essaye de comprendre pourquoi c’est ce qui l’attire, le faisant comprendre du même coup au lecteur qui n’est pas choqué un seul instant par ce qui lit (à partir du moment où il sait dans quoi il met les pieds). Juste un peu émoustillé peut-être…
Inutile de préciser donc à quel point la référence à Fifty Shades, même a contrario, est hors de propos et même ridicule…
Un bon roman érotique qui s’assume et nous fait découvrir les dessous sexuels d’une élite new yorkaise triée sur le volet.