Après une première incursion plutôt réussie dans l’univers de Mallock il y a quelques temps (
Les larmes de Pancrace), j’ai retenté ma chance cette semaine avec la réédition d’une autre de ses aventures,
Le cimetière des hirondelles.Et je n’ai pas été déçue !
Le cimetière des hirondelles est en effet le troisième tome des
Chroniques barbares, une série de littérature policière relatant les enquêtes du commissaire Mallock et de son équipe. Chronologiquement, il se place donc avant
Les larmes de Pancrace, qui en est le 4e tome. Heureusement pour moi, chaque tome présentant une histoire complète et originale, ma lecture n’en a globalement pas été affectée. Malgré tout, certains effets de surprise concernant la vie privée des protagonistes en ont été réduits, et je ne saurai trop vous conseiller de ne pas faire comme moi et de lire les romans dans le bon ordre.
C’est malgré tout avec grand plaisir que j’ai retrouvé ce gros ours mal léché de commissaire Mallock, dont j’ai découvert de nouvelles facettes. En effet, si selon moi
Les larmes de Pancrace mettait surtout en avant sa redoutable intelligence, sa perspicacité et son incroyable sens de la déduction, ici, c’est plutôt son extrême générosité et son grand cœur qui sont mis à l’honneur. Plus que jamais encombré de ses drames personnels et de ses démons intérieurs, et sans doute à cause d’eux, le commissaire Mallock va en effet se perdre corps et âme dans une enquête éprouvante pour tenter de sauver le frère de sa collaboratrice Julie, Manuel Gemoni. Après avoir été pris de ce qui semble être un coup de folie, ce dernier a du jour au lendemain et sans aucune explication quitté femme et enfant pour s’envoler en République dominicaine et assassiner un vieillard qu’il ne connaissait pas… Par amitié, et malgré des faits accablants, le commissaire Mallock va donc s’acharner à comprendre ce geste absurde pour sauver Manuel des geôles dominicaines.
C’est donc ainsi que va commencer une enquête palpitante, émouvante, terrifiante… De la moite chaleur de l’île d’Hispanolia et des méandres de sa mangrove à un Paris recouvert de neige transportant le commissaire dans l’époque troublée de la guerre de 39-45, c’est un formidable voyage dans le temps et l’espace que nous propose l’auteur, une histoire haletante qu’on a du mal à lâcher. Comme dans
Les larmes de Pancrace, les évènements du passé, peu à peu révélés, vont éclairer sous un jour nouveau ceux du présents, et sous un enchevêtrement de faits étroitement liés va peu à peu se dessiner une incroyable réalité.
Lors de ce voyage, le commissaire Mallock, héros des temps modernes, va une nouvelle fois se confronter au Mal. L’auteur décrit lui-même cette série comme : «
une Comédie Inhumaine (…) décrivant les différentes raisons déraisonnantes et facettes abjectes que peut prendre le mal chez l’Homme, et qui le conduise inéluctablement à la barbarie », et à ce niveau, je pense qu’il a complètement réussi son coup. J’avais déjà trouvé le monstre des
Larmes de Pancrace terriblement pervers et intrinsèquement mauvais. Mais celui du
Cimetière des Hirondelles, ce terrible psychopathe transgressant les tabous les plus universels de l’Humanité, n’a rien à lui envier. Il était donc logique de lui donner comme cadre l’une des pires périodes qu’ait connue l’Humanité, la guerre de 39-45, et le niveau de barbarie et d’horreur est tel que certains passages ont été difficiles à supporter pour mon imagination galopante.
Que dire de plus pour vous donner envie de lire ce thriller ? Je terminerai en vous parlant de cette touche fantastique, cette hésitation entre naturel et surnaturel, à la frontière de l’étrange, qui donnent toute leur saveur aux aventures de Mallock. Avec son sens cartésien de la déduction, doublé d’intuitions et de visions qui lui valent son surnom de Dédé-le-devin, le commissaire Mallock semble toujours être sur le fil. Avec lui, nous oscillons entre un monde rationnel, scientifique, faits de preuves et de faits établis et un monde plus mystérieux, spirituel et onirique, où rien n’arrive par hasard et où les signes se répondent. Ces deux réalités ne s’excluent pas l’une l’autre, et rendent les romans tout simplement passionnants.
Vous l’aurez donc compris, si ce n’est pas encore fait, je vous recommande vivement de vous mettre à la lecture de cette série. Moi, j’adore, et je vais continuer sur ma lancée !