Chronique de Northanger Abbey de Val Mac Dermid
Comme le dit l'accroche "le grand classique de Jane Austen revisité" je suis sûre que vous êtes nombreux à vous demander de quelle manière.
Je crains de ne pouvoir vous faire un comparatif n'ayant jamais eu l'occasion encore de lire cette grande dame, auteure populaire et romancière anglaise du XIXe (pour ceux qui aurait eu un doute ) Mais ce n'est pas pour autant que je ne connais ni elle ni son œuvre. Que ce soit par le biais du cinéma ou des blogs j'en ai assez une bonne idée.
Val Mc Dermid situe l'action de son roman à notre époque donc ne vous étonnez pas d'y trouver de nombreux néologismes tels Facebook, Twitter, SMS... ainsi que des allusions aux films et livres à succès récents (Twilight, Harry Potter...). Notre héroïne va même, pour parfaire l'ambiance lire orgueil, préjugés et zombies.
Catherine "Cat" Morland est une jeune femme, plutôt garçon manqué sur les bords et très portée sur l'aventure.
Sa passion : la vivre sous toutes ses formes par le biais de ses lectures.
Son rêve : croire qu'elle est faite pour vivre "La" grande aventure.
Fille de pasteur, entourée d'un frère et de 2 autres sœurs, elle vit dans le Dorset, campagne rurale du sud-ouest de l'Angleterre. On peut donc dire que les distractions et aventures en tous genres ne sont pas légion. De plus élevés à la maison et scolarisés de même, les quatre enfants Morland ne se mêlaient aux autres que lors de quelques jeux sur un terrain créé pour les enfants de la ville. Alors quand on lui propose d'accompagner Mrs et Mr Allen en Écosse, pour le festival estival de la ville d'Edimbourg, elle ne se tient plus de joie. La voici l'occasion de rencontrer cette aventure qui sera sienne.
Et lorsqu'elle fait la connaissance d'Henry Tillney, jeune homme propriétaire d'un domaine au nom prometteur et à l'ambiance propice (ancienne abbaye, tourelles en ruine, chambres secrètes, fantômes etc...) son sang ne fait qu'un tour.
Cat est une adolescente élevée à la campagne et fille de pasteur. À 17 ans elle a étudié à domicile sous la férule de sa maman et ne sait pas encore de quoi son avenir sera fait. Une adolescente typique sur ce dernier point en somme .
Au fil des pages nous en apprenons un peu plus sur son caractère, cette gentillesse un peu naïve, cette confiance en l'âme humaine qui la caractérise. À croire, selon l'auteur que cette naïveté gentillette est due à ce confinement, cette école à la maison plutôt que simplement un trait de caractère naturel. Car Cat ne voit le mal nulle part et en même temps imagine des histoires invraisemblables à partir de rien. Les créatures imaginaires peuplent ses rêves éveillés et les vampires en sont souvent les héros majoritaires.
Les ruelles sombres d'Edimbourg après le théâtre semble parler un langage qu'elle seule apprécie. Elle frémit de joie et frissonne aussi de frayeur lorsqu'elle laisse son imagination s'envoler.
Elle est vraiment adorable mais on a cependant parfois envie de la secouer un peu.
Lorsqu'elle monte à Edimbourg avec les Allen c'est une grande aventure qui commence. Entre le trajet pendant lequel elle écoute le livre Dracula de Bram Stoker (un inédit pour elle), son arrivée à Edimbourg où la ville correspond en tout point à son besoin de romantisme et d'aventure, sa rencontre ensuite avec Henry, Bella ou Ellie, tout semble se liguer pour lui faire passer un mois qu'elle n'oubliera pas.
Les événements, les quiproquos, les non-dits, tout s'enchaînent doucement, du coup il nous arrive parfois de ne plus savoir si les élucubrations de Cat sont réelles ou inventées.
Le mode de vie des Tillney par exemple, peut être très bien expliqué et c'est ce que fait l'auteur, cependant les pensées fantaisistes de Cat à leur sujet nous font d'abord sourire puis nous mettent un doute. C'est troublant.
Le romantisme n'est pas en reste et des couples se rencontrent, se découvrent et se forment sous nos yeux attendris et cependant un peu surpris. Car sur ce point précis du relationnel des amoureux, cela reste très 1800 car James le frère de Cat ne passe pas par la case baiser, ou même sortir avant les fiançailles. Ils ont beau être enfants de pasteur et avoir eu une éducation plus puritaine que d'autres, cela reste une réaction un peu hors norme de nos jours.
Pourtant je trouve le rythme lent et j'attends avec impatience un peu d'action et de mystères. Comme Cat je cherche la grande aventure et ne la vois pas venir. Il faudra attendre le chapitre 20/31 pour voir enfin nos personnages se diriger vers le lieu que nous attendons tous et qui nous est vendu de par le titre : Northanger Abbey.
Ce séjour pourtant ne m'apportera pas suffisamment d'aventures pour éviter la lassitude.
Des sujets récurrents comme l'argent, sa possession ou au contraire son manque vont m'éloigner de plus en plus du roman. Même si cela mettra en place la suite des événements.
Entre le général qui se sert de Cat pour déchiffrer les manières de vivre de ses amis fortunés, les Allen ou Bella qui avec sa mère semble croire que ses fiançailles vont changer sa vie et surtout sa fortune, il n'est question que de possession ou d'intérêt. Les sentiments semblent mis en suspens et l'histoire aussi.
Cela aura cependant semble-t-il l'effet de faire réfléchir un peu notre héroïne et lui entrouvrir les œillères romantiques et fantaisistes qu'elle persiste à porter.
Pourtant une fois à Northanger Abbey, le naturel revient au galop. Car l'on s'aperçoit que Cat en plus d'être gentille et naïve est du genre influençable. Ses lectures commencent à déteindre sur sa vie et ses élucubrations gentillettes du début deviennent lourdes. Cat voit des mystères partout, un silence, un regard appuyé et ça y est un secret doit se cacher. Son séjour a l'abbaye empire tout cela avec les réactions du père d'Henry et Ellie à propos de tout ce qui touche à leur mère. Elle imagine le pire, il n'y a aucune limite à ses fantasmes aventuriers au point d'en oublier son éducation et de se faufiler la nuit chez ses hôtes pour farfouiller.
Cat part dans un délire disproportionné aux éléments que nous découvrons. C'est à ce moment que ma lecture a commencé à me lasser et à se faire longue.
J'attendais de ce roman un bon moment de lecture, des découvertes, un peu d'humour et je l'ai trouvé au final plat et terne.
Les personnages secondaires au départ intéressants deviennent eux aussi ennuyeux ou énervants.
Bella, la jeune amie que Cat va rencontrer au festival est exubérante, pleine d'humour et un peu égocentrique. Elle préfère éluder les sujets qui lui déplaisent ou même les comprendre à sa manière.
Johnny le frère de Bella est le type même du flambeur, imbu de lui même, qui ne peut envisager que les autres aient une opinion différente de la sienne.
À l'inverse, Ellie Tillney, la sœur d'Henri, est une jeune fille réservée, d'un charme désuet avec ses manières d'autrefois qui ne sont dues qu'à une éducation stricte et un peu miliaire car orpheline de mère depuis ses 13 ans elle vit en pensionnat ou seule la majorité du temps avec son père militaire et à cheval sur les convenances.
Henry est plus démonstratif et plein d'humour mais il reste sous le joug paternel.
James, enfin, le frère de Cat, est un jeune homme bien sous tous rapports, travailleur, respectueux des convenances mais aussi un peu naïf comme sa sœur.
En conclusion je dirais que j'ai été déçue de ma lecture. J'en espérais probablement plus que ce que j'y ai trouvé tout comme Cat et la déception a donc été proportionnelle à cette attente.
Je me suis ennuyée à suivre la vie de Catherine, cet été qui aurait dû être merveilleux mais qui n'a au final fait que lui ouvrir les yeux sur le monde et les gens. Ce sera le seul point positif trouvé à cette histoire, sa conclusion "les œuvres de fiction n'ont pas pour mission de donner des leçons de vie".
Je retenterai cependant un livre de cet auteur dans un style différent car même si le récit ne m'a pas convaincue sa plume n'est pas désagréable et mérite d'être découverte sous un jour nouveau.
De même lirais-je le livre de Jane Austen qui a servi de base afin peut être de me faire une opinion plus complète sur cette histoire.