A l'occasion de la sortie de Rose Soie ce mois-ci, nous avons eu la chance de rencontrer Camille Adler dans les locaux de Milady Romance. Un roman qui nous offre une incursion dans le Paris des années 1880, aux côtés de Rose, une femme trompée et abusée qui rêve de se libérer et de s'épanouir dans ce qu'elle aime vraiment, la création de vêtements...
L'auteure n'en est pas à son premier roman mais a décidé de publier Rose Soie sous un nouveau
pseudonyme, Camille Adler. Le choix du nom n'est en rien anodin...
Elle tenait absolument à ce que le nom commence par un A. En tant que bibliothécaire elle a pu souvent remarquer que les personnes cherchant un livre au hasard commencent par le début de l’alphabet et ne cherchent pas longtemps. C’est donc par pur calcul. Elle voulait en même temps un nom qui sonne Européen et a opté pour Adler qui fait à la fois allemand et anglais. Enfin, en tant que fan absolu de Sherlock, la référence à Irene Adler est aussi là.
Pour le prénom, Camille lui plaisait beaucoup. C’est un prénom universel, aussi bien masculin que féminin, et elle aime beaucoup Camille Claudel.
Camille a fait des études de lettres et a entendu plus d’un professeur dénigrer la romance. C’est peut-être pas très courageux, mais elle refuse d’être associée uniquement à ce genre vu qu’elle écrit par ailleurs de la littérature plus classique. C’est aussi une manière de combattre les préjugés. Sa vraie identité se saura tôt ou tard et peut-être que certains lecteurs qui aimaient ses autres romans viendront à la romance par ce biais. Les Français ont tendances à mettre partout des étiquettes et elle le refuse.
Pourquoi se lancer dans la romance ?Durant ses études, Camille a lu essentiellement les classiques. Mais au cours de son IUT Métiers du Livre, elle avait une amie qui raffolait des Historiques Harlequin et qui lui a prêté ses préférés. Et Camille les a adorés. Elle a même pris l’habitude de les lire durant ses gardes au musée où elle travaillait, en prenant soin de cacher la couverture (les couples kitchs sont trop ridicules et, soyons honnêtes, honteux…). Elle se souvient particulièrement de l’une de ces romances qui revisitait deux œuvres qu’elle adore :
Jane Eyre et
Northanger Abbey. Depuis, elle dévore les histoires d’amour. Et les moments qu’elle adore par-dessus-tout : LA déclaration, les scènes de bal, les messieurs galants qui placent l’honneur par-dessus-tout, les bonnes manières… Choses qu’elle adorait déjà dans Zola (l’un de ses auteurs préférés) et les classiques.
Pourquoi les années 1880 ?Tout simplement parce que c’est l’époque qu’elle préfère, celle des Impressionnistes, de la mode des faux culs et des corsets, de la Révolution Industrielle, du développement du féminisme… En France, c’est aussi une période charnière : le second empire a pris fin et la IIIe République, balbutiante, est en train de s’enraciner durablement dans les esprits. C’est ainsi qu’elle rétablit le divorce en 1884, ce qui est fondamental dans le roman (cela a d’ailleurs été le point de départ de l’écriture.
Placer son histoire à Paris, et non pas comme tant d’autres auteurs, même francophone, en Angleterre, lui a semblé naturel. Elle ne connaît pas Londres, par contre Paris, grâce à sa lecture intensive des classiques, elle la maîtrise complètement et elle l’adore. Elle a tellement lu Zola ou Flaubert qu’elle a l’impression de pouvoir évoluer librement dans le Paris du XIXe siècle. C’est du coup une question de facilité : elle est certaine au moins de ne pas faire d’erreurs historiques.
Camille voue une véritable passion à
la mode historique. Elle coud elle-même des costumes historiques et participe même à des jeux de rôles.
Son héros, Alexander Wright est directement inspiré de Charles Worth, « le père de la Haute couture », le plus célèbre couturier du XIXe siècle, qui a inventé la fameuse petite robe noire du soir, mais aussi le système de saisons automne/hiver et printemps/été. Il a été le premier aussi à faire des défilés de mode, suivant l’idée qu’on ne peut réellement apprécier la beauté d’une tenue que sur une vraie femme et non un mannequin de cire. Il a d’ailleurs commencé par habiller sa femme de ses créations pour qu’elle les mette en scène. De même, il créait les tenues de l’impératrice Eugénie et les lui offrait, comme une manière de se faire de la publicité. Il a donc créé le concept d’égérie. Camille a fait énormément de recherches sur lui et a ainsi découvert par exemple, que ce prince de la mode était plutôt laid et était même surnommé « le morse ».
La première robe, de type paysanne, décrite dans le roman existe vraiment, dans le sens où c’est l’une des créations de Camille. Elle l’a cousu entièrement.
Le roman a été
écrit en un mois seulement. Il faut dire que Camille était au chômage à cette époque et a donc pu consacrer tout son temps à l’écriture. Par contre par la suite il fallu corriger et modifier certains détails.
Le roman est séparé en
trois parties à la manière de Zola. Les trois parties se suivent dans le temps mais correspondent à trois étapes importantes dans la vie de l’héroïne, trois étapes essentielles à son épanouissement personnel.
Le bal du Jasmin, dont il est question dans le roman, a été inventé de toutes pièces. L’idée est basée sur les célèbres bals de l’Opéra Garnier, notamment sur un organisé précisément pour lever des fonds pour les soldats au Tonkin (comme dans le roman).
Au départ,
Louise n’était présente qu’en tant que première femme de chambre et amie de Rose. Mais son éditrice a trouvé le personnage intéressant et lui a demandé de la rendre plus présente et surtout de lui créer une romance, d’autant que Constant, le personnage masculin était déjà là. Il suffisait de faire en sorte de les réunir…
L’un des costumes de Constant, haut de forme et habit violet et vert, est directement inspiré de
Charlie et la Chocolaterie.
Alexander est un héros très austère, très mystérieux, et vu que le roman est conté du point de vue de Rose, il est donc normal qu’il soit en retrait et qu’il conserve jusqu’au bout tout son mystère. Alexander est un homme de peu de mot, dans la lignée directe d’un Darcy. D’ailleurs la manière dont il la sauve d’une situation difficile, dont il rétablit son honneur, dont elle le découvre, tout fait penser à Darcy dans
Orgueil et Préjugés.
Le méchant mari est par contre directement inspiré de l’ex de Camille, non pas qu’il ait été violent. Il était très jaloux, possessif, abusif et il lui a semblé important d’exorciser ce passage difficile de sa vie par des mots.
En écrivant le roman, elle regardait beaucoup la série
The Paradise, directement inspirée du
Bonheur des Dames de Zola. Cela l’a sans doute beaucoup aidé dans le processus d’écriture.
Son prochain roman est aussi une romance, mais contemporaine cette fois-ci. Une comédie romantique dans le milieu de la mode, un peu à la Bridget Jones. Elle contiendra aussi une touche de magie. L’héroïne collectionne les histoires d’amour foireuses et un jour, rencontre un inconnu dans le métro qui lui offre un stylo en lui disant qu’il bouleversera sa vie. Et en effet, quand on clique trois fois sur le stylo, la situation se transforme en RomCom, en situations dignes des films de comédies romantiques. Le roman est prévu pour le début du second semestre 2015, sans doute pour juin.
Un énorme
merci à Camille et à Milady Romance pour ce délicieux moment...