Ceci n'est pas une romance MM, mais une autobiographie.
Voilà un livre surprenant, dérangeant, émouvant, sur le parcours d'un jeune lycéen gay à la dérive. Une tranche de vie, d'une vie privée de sens, de repères, où l'écriture est le seul et fragile rempart qui parfois sépare Zach du néant. Zach n'arrive pas à affronter la réalité sans s'étourdir, avec la musique, avec la drogue, avec la douleur parfois d'une lame de couteau sur sa peau. Il veut survivre, sans savoir pourquoi faire, cherche à se construire sans savoir comment faire. Il hurle, mais jamais personne ne l'entend. Il est seul, il ne veut pas le rester, il offre son corps dans une quête désespérée de l'amour, au vieux qui l'utilise et le transforme en poupée, à son tendre ami Hakim, qu'il fait souffrir, au beau Manu, qu'il ne sait pas aimer. C'est triste, douloureux et parfois pathétique, ce récit, à l'image de la vie de Zach. Cela met en colère aussi. Une colère énorme contre sa famille, sa prétendue famille, dont nous découvrons peu à peu la monstruosité, père violent, mère battue et complice à la fois, frère incestueux, sœur victime, silencieuse. A l'heure où les intégristes de tout bord, les abrutis, les mal informés, défilent dans nos rues en clamant qu'une famille, c'est une maman et un papa, on a d'autant plus envie de hurler, de leur crier que non, la famille, ce n'est pas le sexe des parents, ce sont des adultes qui aiment protègent et éduquent leurs enfants. Et que défendre la famille, c'est protéger tous les Zach de la terre contre leurs géniteurs ! Colère aussi contre le corps enseignant, le lycée, contre tous ces adultes qui regardent Zach sans le voir, son corps trop maigre, ses contusions, ses yeux rougis, ses malaises, ses absences à répétition, tout ces signaux d'un gosse à la dérive, qui vit quasiment dans la rue.
D'une certaine manière, ce livre m'a fait pensé à Le faire ou mourir. Même malaise de l'adolescence, même solitude. Mais pas la même fin, car ici, la vie de Zach ne bascule pas, ni dans un sens ni dans l'autre. Elle continue, toujours aussi vide, terriblement vide, et l'on ne peut qu'espérer, avec Zach, pour lui, qu'il trouvera un sens à sa vie, et quelqu'un à aimer.
4,5/5