SIMSION Graeme : L'effet Rosie

L'effet Rosie, Le théorème de la cigogne
Graeme Simsion

« Dis-moi quel effet ça te fait d'être bientôt père.
- Ça ne me fait aucun effet du tout. C'est trop tôt.
- Et si je te reposais la question tous les jours, jusqu'à ce que nous ayons trouvé la réponse ? Tu dois être un peu inquiet, non ?
- Comment tu sais ça ?
- Tous les hommes le sont. Anxieux à l'idée que le bébé monopolise leur femme. Anxieux à l'idée de ne plus jamais coucher avec elle. Anxieux à l'idée de ne pas être à la hauteur.
- Je ne suis pas comme la moyenne des gens. Je suppose donc que mes problèmes seront uniques.
- Et que tu les résoudras à ta façon. Unique elle aussi. »
Don et Rosie sont mariés depuis dix mois et dix jours et ils sont « enceints ». Don se lance corps et âme dans ce nouveau défi : devenir père. Scientifique hors norme, atteint du syndrome d'Asperger, il aborde la paternité avec sa rigueur toute... mathématique. Et sa logique particulière. Ce qui ne semble pas toujours correspondre à ce qu'attend Rosie de lui.

Après le succès international du Théorème du homard ou comment trouver la femme idéale (NiL, 2014), Graeme Simsion revient avec une nouvelle comédie romantique décalée, tendre et hilarante.

C’est peu dire que l’an dernier, j’avais adoré Le Théorème du Homard. Un livre unique, original aussi touchant que loufoque, un véritable OLNI (Objet Littéraire Non Identifié) qui faisait un bien fou dans le paysage littéraire parfois bien morose. Alors imaginer un peu Don bientôt père, c’est tout simplement irrésistible.

Don et Rosie sont installés à New-York et mènent une vie de jeunes mariés plutôt agréable et presque normale… Presque normale parce que bon, Don reste Don et ne peut complétement renoncer à ses petites habitudes même s’il découvre le concept de flexibilité, d’adaptation. Alors que tout semble bien rodé, voilà qu’un élément perturbateur pointe le bout de son nez… et quel élément ! Il suffit à Rosie de lâcher un « nous sommes enceints » pour que le quotidien de notre professeur vole en éclats. Après un léger craquage, c’est le Don organisé et attentif qui refait surface pour le bonheur/malheur d’une Rosie que la grossesse ne rend ni plus docile ni prête à suivre toutes les recommandations de son mari. Et si à cela on ajoute un Gene qui débarque avec ses valises, Claudia ayant claqué la porte suite à une énième infidélité, on obtient un couple à la vie bien compliquée, à deux doigts d’exploser…

Soyons honnêtes, j’ai trouvé cette suite légèrement en dessous du Théorème du Homard. Sans doute parce qu’il n’y a plus la découverte de Don, de ses particularités, l’effet de surprise n’est plus au rendez-vous. Mais et c’est un « mais » qui compte, j’ai tout de même passé un excellent moment avec Don, Rosie, Bud et la Cigogne ! C’est un tome plus mature, plus grave qui traite du sujet de la paternité, de l’image du père, du couple avec une réelle profondeur. Les personnages sont à la croisée des chemins, ils vont changer, murir et cela ne se fait pas sans douleur. Si Don réagit à la perfection pour tout organiser - planifier le régime alimentaire de Rosie, suivre semaine après semaine l’évolution physique du fœtus, choisir la parfaite poussette après une véritable étude de marché - il a bien plus de mal avec le côté émotionnel lié à l’arrivée d’un enfant. C’est un père en devenir mais qui ne peut s’envisager comme tel, ce qui provoque des tensions entre lui et Rosie et le conduit à mener des recherches qui se terminent en catastrophes… Et là, certaines situations, réactions, dialogues sont tout simplement hilarants, totalement barrés et c’est bien là ce qui fait le charme, le sel des romans de Graeme Simsion.

Une suite qui se lit avec bonheur et nous permet de retrouver un personnage tellement attachant et délirant !